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Marseille

Des AED condamnés à de la prison avec sursis pour avoir dénoncé la répression syndicale et le racisme

Trois surveillants du lycée Victor Hugo de Marseille ont été condamnés à 2 à 8 mois de prison avec sursis et 16 000 euros d'amende pour avoir dénoncé la répression et le racisme au sein de leur établissement.

Raji Samuthiram

19 avril

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Des AED condamnés à de la prison avec sursis pour avoir dénoncé la répression syndicale et le racisme

Huit mois de sursis simple, interdiction des lieux, et plus de 16 000 euros à débourser au titre de préjudice matériel et moral. C’est la condamnation ahurissante prononcée jeudi par la justice marseillaise à l’encontre d’E.R, ex-surveillant (AED) au lycée Victor Hugo et secrétaire de l’UL CGT centre-ville. Deux autres anciens surveillants, également à la CGT, sont aussi reconnus coupables et condamnés à deux mois et trois mois d’emprisonnement avec sursis et d’interdiction des lieux également les trois se sont vu rejeter leur demande de non-inscription de la condamnation sur le casier judiciaire. Les faits qui leur sont reprochés : avoir envahi le bureau du proviseur, dans le cadre d’une action syndicale classique, pour protester contre la répression syndicale liée aux dénonciations des propos racistes et sexistes du proviseur. Cette décision, éminemment politique, témoigne des lourdes tendances à la répression syndicale du moment.

Depuis 2021, les AED de Victor Hugo ont en effet joué un rôle important dans la mobilisation nationale contre la précarisation de leur statut, obtenant des victoires. En 2022 et 2023, ils avaient dénoncé le climat sexiste et raciste au sein de l’établissement, exacerbé par les propos du directeur à l’encontre des lycéennes portant le voile en dehors de l’école. Notamment, celui-ci leur avait dit : « Je veux pas que vous restiez à la maison à faire le couscous ». Un exemple de plusieurs propos islamophobes dénoncés par plusieurs membres du personnel, dont les AED, auprès du rectorat de Marseille.

En réponse, plusieurs d’entre eux sont remerciés ou licenciés, dans une vague répressive visant particulièrement les syndicalistes. En 2023, la direction licencie E.R. C’est suite à cette décision que l’union locale envahit le bureau du proviseur le 1er juin 2023. Sur la cinquantaine de personnes présentes, ce sont les trois ex-surveillants qui sont interpellés et placés en garde-à-vue, puis accusés d’« intrusion » et de faits de prétendues violences sur le proviseur pour l’un d’entre eux. Pour avoir mené une simple action syndicale contre un licenciement abusif, le procureur avait requis des peines ultra dures—dont un an de prison ferme et six mois de surveillance électronique pour E.R.— tout en niant le caractère évidemment politique des poursuites judiciaires.

Depuis le début, l’affaire des AED de Victor Hugo cristallise les tendances répressives et réactionnaires croissantes dans l’Éducation nationale : d’un côté, les élèves et les personnels subissent les directives islamophobes et sécuritaires du gouvernement, et de l’autre, ceux qui se mobilisent contre les politiques réactionnaires et austéritaires sont réprimés, les syndicalistes en prime. Du fait de leur statut précaire, les AED sont particulièrement vulnérables. Cette décision s’inscrit aussi dans la vague de répression syndicale qui s’acharne depuis la fin du mouvement des retraites, et incarne une attaque en propre contre le militantisme syndical et le droit à lutter contre les licenciements. A l’heure où les syndicalistes se voient condamnés à de la prison pour des actions syndicales ou encore pour diffusion de tracts en soutien à la Palestine, l’heure est à la solidarité la plus large possible face à la machine répressive de l’État.


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