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Les champs d’honneur ne sont autres que des champs de boue

11 Novembre. Cet armistice n’est pas le nôtre

Le dernier poilu est mort en 2011, mais le souvenir de la guerre de 14 est encore bien vivant. Emmanuel Macron, comme ses prédécesseurs, a choisi d'en faire une fête politique au service de la « grandeur de la France ». On fête aujourd’hui le 99e anniversaire de la fin de cette guerre qui, loin d’avoir été la Der des Ders, en appela bien d’autres.

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La décence la plus élémentaire voudrait qu’en ce jour nous nous souvenions de tous ces morts pour rien qui ont laissé leur peau dans les tranchées ou « morts pour l’exemple » devant les pelotons d’exécution. Mais non contente de leur avoir arraché la vie, et leur humanité même, la Patrie s’ingénue depuis lors à usurper leur mémoire. Après les avoir transformés en bêtes et conduits à l’abattoir, la République en a fait des héros tragiques, dont l’hécatombe aurait permis de sauver la France.

En 1918, de la Manche à la Volga, beaucoup, après avoir pleuré tant de frères, de fils, de pères, avaient cessé de croire au culte de la Nation. Des deux côtés de la ligne de front, la mère Patrie n’était plus toujours vue comme digne d’un tel sacrifice. En Russie et en Allemagne les soldats mutinés s’étaient organisés aux côtés des ouvriers et avaient fait tomber des monarchies vieilles de plusieurs siècles. Les soldats français n’y étaient pas indifférents, comme en témoignent les grèves et mutineries de 1917 et la chanson de Craonne.

La République du vieux flic Clémenceau, devait, pour se maintenir continuer la vaste entreprise de falsification qu’elle n’avait cessé de mener depuis août 1914. Il incombait à la mémoire officielle de jouer le rôle qui fut celui de la censure pendant le conflit. C’est pour cela que l’on fit du 11 novembre un jour férié. C’est pour cela que l’on fit construire dans chaque village des monuments aux morts. Il n’y a qu’une seule commune en France dont le monument proclame la « guerre à la guerre » et pleure ce vain sacrifice, Gentioux. Partout ailleurs, y est inscrite la formule consacrée « Morts pour la France ».

Hollande, vicaire consciencieux de la République n’avait pas manqué, chaque année, de perpétuer ce culte macabre de la Patrie en prenant soin d’ajouter le nom des derniers soldats morts dans les théâtres d’opération où il les a envoyés. Aujourd’hui, le président Macron, qui officie ses premières « célébrations » des boucheries du siècle dernier, a jugé bon de rejouer l’image de François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main en 1984 lors du 70e anniversaire du début de la guerre : c’est donc avec Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, que le président français a inauguré un musée au "Hartmannswillerkopf", où des milliers de soldats des deux pays sont morts pour un caillou. Ici, les monuments aux morts du coin, exaltent la « bravoure » des Diables rouges du 152e régiment d’infanterie, une unité parmi tant d’autres qui a servi de chair à canon pour les prétentions impérialistes de la France.

Non, cette commémoration n’est pas la nôtre. Les soldats de 14 n’ont pas choisi de mourir en martyrs ou de tuer leurs frères. Pour les généraux et les ministres qui en font aujourd’hui encore des héros, ils étaient pires que des chiens. C’est de cela dont nous nous souvenons.


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