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Vu de Belgique

20 000 manifestants dans les rues belges : la réforme des retraites du gouvernement a du mal à passer

Il n’y a pas qu’en France que les gouvernements s’attaquent aux retraites. La Belgique et le gouvernement Michel sont revenus dessus cet été. En cette période de rentrée sociale, 20 000 belges sont descendus dans les rues contre la réforme.

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« Nous voulons clairement faire comprendre au gouvernement et aux parlementaires que les gens ne sont pas d’accord avec la politique actuelle, qui n’a aucune légitimité »

Voilà l’état d’esprit des travailleurs de Belgique qui sont descendus dans les rues malgré la pluie ce mardi. Ils étaient 20 000 à fouler le pavé ce mardi après la manifestation de 10 000 fonctionnaires vendredi dernier.

Les fonctionnaires se sont mobilisés contre une réforme qui prendra effet à partir du 1er janvier. La cause n’est autre que la fin du régime maladie auquel tous les fonctionnaires ont droit. Selon L’écho, « cette évolution les empêchera désormais de reporter leurs jours de congés maladie inutilisés à l’année suivante ». Parmi les manifestants, les pompiers étaient présents en nombre. Eric Labourdette, représentant SLFP, explique que « c’est un des métiers les plus sensibles, qui a toutes sortes de maladies qui ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles. Le gouvernement ne peut pas prendre des mesures antisociales pareilles ». Lors de cette manifestation, les pompiers ont tenté de forcer un barrage de policiers. Ces derniers ont matraqué, gazé et utilisé un canon à eau pour repousser les pompiers qui étaient en première ligne.

Dans la même optique qu’un Macron, Michel attaque tous azimut, les fonctionnaires, les retraités, les jeunes, les salariés du privé ; tout y passe, notamment grâce à leur « Jobs Deal », 28 mesures ayant été adoptées pour soi-disant créer 12 500 emplois, notamment dans « les métiers en pénurie » puisque selon un rapport de la Commission européenne, il y aurait 134 750 postes vacants sur le marché de l’emploi belge. La politique du gouvernement est simple et ressemble beaucoup à celle d’un Macron, d’un Sarkozy ou d’un Hollande : faire travailler plus pour gagner moins, s’attaquer aux retraites, « remettre au travail » les chômeurs en les obligeant à accepter n’importe quel poste sans quoi les aides baisseront drastiquement, attaquer le statut des fonctionnaires, s’attaquer à la pénibilité, etc.

C’est donc avec une colère légitime que les Belges ont manifesté. Le mot d’ordre était « la pension à 65 ans, et non à 67 ans ». Sur plusieurs banderoles on pouvait lire « A 67 ans, tous les métiers sont pénibles ». Au micro de la RTBF, une ouvrière tempête : « Cela fait 43 ans que je travaille à la chaîne dans la même entreprise. Ce n’est pas facile ! C’est même assez lourd, avec beaucoup de stress. Ils veulent nous faire travailler jusqu’à 65 ans ? Qu’ils viennent travailler d’abord chez nous, pour voir ce que c’est ! ». Une radicalité qui fait écho à la radicalité de la réforme.

Comme l’explique Vincent Pestiau, le secrétaire régional de la FGTB Charleroi-sud/Hainaut, à la RTBF,, « La thématique de cette journée d’action, ce sont les pensions. Et plus particulièrement, les métiers pénibles dans le cadre de la réforme Bacquelaine. Le gouvernement veut limiter une liste de métiers pénibles tandis que nous, nous voulons une définition beaucoup plus large, avec des critères sur ces métiers pénibles. Car nous ne voulons pas arriver au constat que l’on doit faire aujourd’hui avec la réforme Bacquelaine, c’est-à-dire travailler beaucoup plus longtemps pour une pension moindre. »

Le gouvernement prévoit en plus qu’en cas de restructuration, la possibilité de partir en retraite anticipée ne sera plus fixée à 56 ans mais à 59 ans à partir de 2019, puis à 60 ans à partir de 2020. Il faudra remplir pour y avoir droit et bien sûr une retraite anticipée implique d’avoir une pension diminuée, puisque les travailleurs auront fait moins d’année de carrière. Le gouvernement propose un « bonus pension » si le travailleur choisit de continuer à travailler ; il faudra donc sacrifier sa santé pour une pension légèrement plus élevée. Cette réforme des retraites pourrait représenter une perte de 353 euros par mois.

De plus, le gouvernement envisage également de s’attaquer aux barèmes liés à l’ancienneté et de les remplacer par un système fondé sur « la productivité et la compétence ».

Les syndicats se sont entendus pour mettre en avant des revendications communes, notamment sur des crédits-temps de fin de carrière à 55 ans et une pension légale à 65 ans maximum. Pour les syndicats « Travailler jusqu’à 67 ans est infaisable », « jusqu’à 67 ans, tous les métiers sont pénibles ». Bien évidemment ils réclament également « des fins de carrière décentes qui tiennent compte de la pénibilité ».
Le gouvernement Michel, déstabilisé par la crise politique qui a secoué la Belgique ces dernières années, doit faire face à deux luttes qui ne se sont pour l’instant et malheureusement pas encore rejointes, les fonctionnaires d’un côté et de l’autre les salariés du privé et les retraité. En mai dernier, il y avait 70 000 personnes dans les rues de Bruxelles pour s’opposer à la réforme des retraites. Une convergence semble plus que nécessaire lorsque l’on voit que ces réformes vont dans le même sens. Les travailleurs du privé et les fonctionnaires devront faire front commun pour mettre en échec le gouvernement Michel, et ce à travers des échéances de rues mais surtout dans la grève.


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