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Interdisons les licenciements !

220 emplois menacés. Les travailleurs de Schiltigheim en grève contre la fermeture du site par Heineken

Heineken a annoncé la fermeture de la brasserie de Schiltigheim (Alsace), provoquant le licenciement de 220 personnes d’ici 2025. En réponse, les travailleurs se sont mis en grève ce mardi 15 novembre.

Olga Hagen

16 novembre 2022

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© AFP

Ce lundi, l’entreprise Heineken a annoncé la fermeture de la brasserie de Schiltigheim, en Alsace, qui menace directement l’emploi de 220 travailleurs d’ici 2025. Le lendemain, les travailleurs se sont mis en grève immédiatement, pour une durée de 24 heures. Ce mardi, ils étaient 80 à bloquer l’usine et tenir un piquet de grève.

« Ils se sont faits des couilles en or grâce à notre sueur »

« Je ne m’attendais pas à une décision aussi radicale. Je pensais qu’on aurait juste une baisse de l’activité à la limite » confie Mora, cariste en CDI depuis 5 ans, auprès de Rue89 Strasbourg. Elle témoigne : « J’ai été intérimaire pendant 12 ans avant d’obtenir ce poste fixe. Il fallait toujours refaire ses preuves dans les nouvelles entreprises, prendre un nouveau rythme. J’étais souvent stressée, avec la pression de ne pas travailler assez, la peur de ne pas réussir à payer les factures. Là, j’ai enfin une situation plus confortable. J’habite à Cronenbourg, je viens à vélo, j’aime mon équipe, je gagne 1 800 euros nets. C’est dur de se dire que je vais certainement replonger dans ma vie d’avant, et avoir une baisse de revenu. »

Ce sont plus de 220 travailleurs dont le témoignage ressemble à celui de Mora. D’autres sont là depuis plus de 30 ans ou ont fait leur carrière entière ici. Tous comptaient sur Heineken pour arriver à la retraite. « Ils se sont faits des couilles en or grâce à notre sueur. Nous on est presque des machines de l’usine. Charlène de Heineken ne travaille pas la nuit ici, mais elle a 15 milliards sur son compte dénonce David, à la maintenance des machines depuis 32 ans.

Les jeunes, eux, comptaient sur l’entreprise pour leur fournir un CDI, certains témoignent devoir abandonner leurs projets d’acheter un logement. Avec un licenciement comme perspective, rien ne sera possible. Les intérimaires aussi sont venus en soutien.

Le dernier site industriel de la Cité des Brasseurs

Schiltigheim était à l’origine surnommée « la Cité des Brasseurs », la ville étant agrémentée de multiples brasseries locales depuis le XIVe siècle. Rachetées les unes après les autres par Heineken à partir de 1972, le triste sort que les patrons de l’entreprise ont réservé à la ville et ses travailleurs a été, à chaque fois, des fermetures de site et des licenciements : Adelshoffen en 2000, Schutzenberger en 2006 et Fischer en 2008… « En 50 ans, le groupe a bouleversé l’histoire brassicole de l’Alsace » écrit France Bleu. La brasserie de l’Espérance était la dernière brasserie industrielle de la ville, jusqu’à sa fermeture elle aussi, annoncée lundi.

3,32 milliards de profits en 2021

Le géant néerlandais explique sa décision de fermer Schiltigheim par la « baisse des parts de marché ». Pourtant, il a fait plus de 3,32 milliards d’euros de bénéfices rien que sur l’année 2021. Le groupe se justifie aussi en parlant de l’enclavement en centre-ville de l’usine qui « empêche tout agrandissement » ou encore de « coûts de production trop importants du fait de certains équipements vétustes ».

David explique à Rue89 : Ils considèrent qu’on n’est pas assez rentables, ils nous jettent, parce que le site est vétuste, mais c’est voulu ça, ils n’ont pas investi pour rénover. Il y a de plus en plus de travail dans la maintenance je le vois bien. »

Aussi, alors que le groupe annonce 220 suppressions d’emplois, il est en train d’investir 100 millions d’euros pour ses deux autres sites de production dans l’hexagone, Marseille et Mons-en-Baroeul, afin d’y transférer la production d’ici 2025.

Enfin, le groupe évoque l’inflation des matières premières comme justification, comme si ses profits faramineux ne permettaient pas à l’entreprise de compenser sa perte de marge ; une fois de plus, c’est aux travailleurs que l’on fait payer la crise.

Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !

Face à cette attaque, l’ensemble de notre classe doit réagir. Cela d’autant plus que l’inflation entraine déjà un appauvrissement généralisé, et que les récessions qui pointent leurs nez arrivent avec dans leur sillage des attaques d’envergures du patronat. Dans ce contexte, la fermeture de l’usine d’Heineken en appelle d’autres, et c’est pour cela qu’il est nécessaire d’exiger dés à présent, avec l’augmentation d’au moins 300 euros des salaires et leur indexation sur l’inflation chaque mois, l’interdiction de toute suppression d’emplois.

Ainsi, l’ensemble du mouvement ouvrier doit se mettre derrière les travailleurs d’Heineken qui ne font que commencer leur combat contre la fermeture de l’usine. Une solidarité intransigeante, qui doit être également déployée vers la construction d’une mobilisation d’ensemble contre les offensives du gouvernement et les conséquences de la crise économique, afin que les travailleurs n’aient pas à payer la crise.


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