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51ème congrès de la CGT. Discuter « dialogue social » ou grève reconductible ?

A Marseille, du 18 au 22 avril, se tiendra le 51ème congrès de la CGT. Plus d’un millier représentants mandatés de structures syndicales se réuniront pour faire le bilan de la dernière séquence et débattre de l’orientation de la CGT pour la prochaine période. Dans un contexte de baisse des adhésions, depuis notamment le traumatisme interne après l’affaire Lepaon, ce congrès devra aussi confirmer la nomination de Philippe Martinez, élu en catastrophe à la tête de la centrale. Mais, alors même que la mobilisation contre Hollande et sa loi Travail débutera sa 7ème semaine, ce sera aussi et surtout l’occasion pour les structures syndicales d’exiger des grèves reconductibles en lieu et place des journées « saute-mouton » démobilisatrices, mais aussi de mettre un terme au silence total face à la répression inouïe de la jeunesse. Damien Bernard

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Pour préparer ce congrès et reléguer dans les placards le spectre de l’affaire Lepaon, on peut être sûr d’une chose : Martinez a mis le paquet. C’est par une série de 31 visites dans des syndicats CGT franciliens que les dirigeants de la CGT avaient entamé le 3 mars une grande campagne de rencontres avec les adhérents dans 2000 syndicats, sur tout le territoire. Martinez a sorti l’artillerie lourde et on ne peut que se féliciter qu’il se préoccupe de rencontrer les militants CGT qui luttent quotidiennement contre les licenciements, la répression, la dictature patronale. Cependant, alors même que la mobilisation contre la loi Travail était déjà enclenchée, s’agissait-il pour Martinez de préparer sa campagne ou de préparer la grève reconductible jusqu’au retrait de la loi ?

Un congrès pour discuter « dialogue social » ?

Lors de ce 51 ème congrès de la CGT, les débats se concentreront autour de cinq thèmes d’orientations, présentés par Philippe Martinez. En premier lieu, il s’agira notamment d’aborder « l’institutionnalisation du syndicalisme », en insistant sur la nécessité du« dialogue social »,qu’il faudrait « proche des salariés ». Fer de lance du quinquennat de Hollande, le « dialogue social » a pourtant déjà démontré toute son efficacité pour accompagner les contre-réformes du patronat. Et cette politique est d’autant plus utopique, que pour le patronat lui-même, il se n’agit plus de « négocier », mais bien d’imposer avec la loi Travail une première étape dans la remise en cause des acquis du mouvement ouvrier, fruit de dizaines d’années de lutte. Mais Martinez persiste et signe pour un retour au « dialogue social » d’antan.

Discuter unité avec la jeunesse ? Cela passe d’abord par dénoncer sa répression !

Le second thème qui sera abordé lors de ce congrès concerne, « l’unité syndicale ». Il s’agit ainsi de « conforter l’idée que l’on a besoin d’un syndicalisme rassemblé, y compris avec les organisations de jeunesse. La période le démontre ». Nous ne pouvons que nous féliciter que le congrès aborde cette question prioritairement. Cependant, alors même que la jeunesse, par sa combativité et sa détermination, a permis de faire le pont entre le 9 mars et le 31 mars, date fixée aux calendes grecques par les directions syndicales, le minimum pour Martinez, c’est bien de dénoncer la répression terrible de la jeunesse. Cela est d’autant plus criminel, que cette répression est allée crescendo, pour casser la mobilisation de la jeunesse à l’approche des vacances scolaires.

La CGT, en crise, mais pourquoi ?

Pour tenter de cadenasser le congrès et éviter tout débordement, Martinez a sorti les grands mots. A une semaine du début du congrès, Martinez, a fait état du risque sérieux pour la CGT de perdre en 2017 sa place en tant que premier syndicat au profit de la CFDT. Pourtant, la question n’est pas là. Il faut certes unifier la CGT, mais sur quelle base et quelle politique ? Même s’il s’agit d’agiter le départ de nombreux retraités, le nombre global de syndiqués baisse et il est totalement légitime de faire le bilan de la dernière séquence. Ce sont d’une part les scandales Lepaon, et les travaux pharaoniques dans son bureau et de son appartement de fonction, qui ont totalement décrédibilisé une direction qui mène un train de vie qui est bien loin des travailleurs. Mais c’est aussi et surtout la politique désastreuse du « dialogue social » qui en réalité désarme les militants combatifs à la base, et n’offre aucune perspective de lutte et surtout de victoire !

Déborder le cadre imposé par Martinez, c’est possible ! On a déjà réussi à imposer notre calendrier !

Lors de l’intersyndicale du 3 mars, qui correspondait à la journée de lancement de la campagne Martinez, la direction confédérale de la CGT avait décidé de ne pas bousculer son calendrier de mobilisation et de maintenir son appel à une manifestation le 31 mars. Mais rien n’y a fait, la mobilisation de la base, la pétition record sur les réseaux sociaux, mais aussi et surtout la mobilisation de la jeunesse ont permis d’imposer aux directions syndicales, et notamment à Martinez, un premier « tous ensemble » le 9 mars. Ce sont près de 500000 personnes, étudiants, lycéens, salariés, qui avaient manifesté dans toute la France pour exiger le retrait total de la loi Travail, bouleversant de fait le calendrier de campagne de Martinez. Un exemple illustrant à merveille la possibilité réelle pour les travailleurs de bousculer les directions syndicales et imposer la marche à suivre !

Imposons un congrès pour discuter grève reconductible pour le retrait total de la loi Travail !

Alors même que nombre de l’opinion public est majoritairement favorable à la mobilisation contre la loi Travail, qui a réussi à rassembler plus d’un million de manifestants dans la rue, et que le gouvernement est très affaibli, en témoigne sa popularité en chute libre, à l’inverse des journées « saute-mouton », ce n’est pas de « dialogue social » dont il faudrait discuter mais bien une dynamique à la grève reconductible qu’il faudrait enclencher. En ce sens, au congrès de la CGT des Bouches-du-Rhône, on discutait de « refus du ‘dialogue social’ et des journées d’action saute-mouton ? ; pour un véritable Tous ensemble et le refus des luttes éparpillées ». La CGT Goodyear a elle rédigé un texte, « Mais que fout la Confédé ? » pour exiger de Martinez, de « jeter toutes nos forces dans la bataille contre la loi Travail ».

C’est aussi le Syndicat de la CGT Mairie de Toulouse qui en s’appuyant sur« la montée de la contestation de la jeunesse contre la loi elle-même, le succès du mouvement Nuit Debout le progrès de la convergence des luttes tant réclamée », appelle « le congrès de la CGT du 18 au 22 avril »à se saisir« de la question de l’organisation de la grève générale reconductible », ou appelle encore à « discuter de la grève reconductible jusqu’au retrait et nous considérons que cette orientation doit être celle de toute la CGT ».

Alors même que le « calendrier de décision va s’étaler jusqu’au mois de juillet avec un débat parlementaire courant mois de mai », comme l’explique le syndicat CGT de la Marie de Toulouse, à charge aux mandatés et aux structures syndicales d’imposer non seulement un autre calendrier, mais aussi une autre orientation que celle du « dialogue social ». Mener la lutte politique pour imposer à Martinez et à la direction de dénoncer la répression de la jeunesse, mais aussi une stratégie et un réel plan de bataille pour des grèves reconductibles et en finir avec les journées « saute-mouton », ce sera bien la meilleure façon de préparer le « tous ensemble » du 28 avril en reconductible pour tendre vers une dynamique de grève générale.


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