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Mais de qui se moque-t-on ?

A Carrefour, en réponse à la mobilisation historique, la direction offre des bons d’achat !

Suite à la mobilisation exceptionnelle dans les magasins Carrefour le 31 mars et aux négociations annuelles qui ont eu lieu le 5 avril, la direction propose des bons d'achat de 150 euros pour faire rentrer les grévistes dans le rang. Cela suffit tout de même pour que certaines directions syndicales envisagent une sortie de crise.

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Crédits photo : Thierry Creux / Ouest France

Le 31 mars dernier, les salariés de Carrefour étaient nombreux (50 % des effectifs selon les syndicats) à se mettre en grève et à bloquer les magasins contre le plan de restructuration qui prévoit de supprimer entre 5.000 et 10.000 emplois dans le groupe : plan de départs volontaires, fermeture de magasins, reprise de ces magasins en location-gérance par des franchisés, gel des salaires, coupure dans les primes de participation... Tout est bon pour le groupe dirigé par Alexandre Bompard, lui-même rémunéré 12 millions d’euros par an, pour augmenter les dividendes des actionnaires. La journée du 31 mars, appelée par la CFDT, FO et la CGT, s’inscrivait dans le cadre de mobilisations depuis le début de l’année et l’annonce dans la presse du plan de restructuration du groupe et intervenait quelques jours après le 22 mars, où 500.000 personnes ont manifesté contre la politique anti-sociale du gouvernement, et quelques jours avant les négociations annuelles obligatoires qui ont eu lieu le 5 avril.

Pourtant, face au mécontentement et à la mobilisation historique des salariés, les directions des fédérations concernées de la CFDT et de FO estiment déjà avoir obtenu satisfaction après les premières propositions de la direction suite à ces négociations.
Dans une logique de « donnant-donnant », la direction prépare un accord que les deux syndicats jugent possible à signer au vu des discussions lors des négociations. Cette logique n’est que du chantage soit vous accepter soit vous n’avez rien.

De fait, FO estime avoir gagné du temps en repoussant la mise en location-gérance de cinq hypermarchés de deux mois, de juin à septembre. La mise en location-gérance présente un préjudice important en terme de salaire pour les travailleurs qui, en changeant d’employeurs, perdraient également les acquis gagnés au sein de Carrefour.
La CFDT, de son côté, se félicite de décrocher des cadres de dialogue social dans ces futures franchises du groupe Carrefour.
En ce qui concerne la prime de participation, source importante de colère chez les grévistes, le mépris de la direction s’exprime pleinement.

Alors que cette prime avait pu s’élever certaines années à l’équivalent d’un mois de salaire, les salariés l’ont vu fondre considérablement pour atteindre 600 euros l’année dernière. Cette année, le groupe qui réalise pourtant 88 milliards de chiffre d’affaire internationalement, 2 milliards de résultat opérationnel courant et reverse 350 millions d’euros à ses actionnaires, prévoyait de reverser 57 euros brut à ses salariés.
Devant la colère et la mobilisation, la direction propose de l’augmenter de 350 euros et de l’accompagner d’un... bon d’achat de 150 euros !
« On arrive à 557 euros par salarié. C’est quand même 55 millions d’euros qui ont été obtenus pour les 110 000 salariés en France », se félicite auprès du Monde, M. Enguelz, délégué syndical FO.

Alors que la mobilisation du week-end de Pâques témoigne d’une colère profonde chez les salariés, FO et la CFDT se contentent des miettes, acceptent de recevoir 55 millions pour 110.000 salariés et de laisser 350 millions à une poignée d’actionnaires. C’est bel et bien un syndicalisme d’accompagnement de la casse sociale que pratiquent les directions de ces syndicats puisque ces quelques, bien maigres, garanties obtenues, elles laissent les mains libres à la direction du groupe pour mener la politique qu’elle souhaite. La CGT, quant à elle, maintient son appel à la mobilisation le 13 avril et les week-end du 1er et 8 mai.

Alors que le mouvement étudiant démarre dans plusieurs facs et lycées, que les cheminots ont entamé une grève très suivie, que Air France, les secteurs de l’énergie, les éboueurs se mettent en mouvement, les salariés de Carrefour ont tout intérêt à rester mobilisés pour faire reculer leur direction et leur arracher des acquis sérieux.


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