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Quand l’Assemblée Nationale encourage les filloneries

A l’ère d’internet, les députés reçoivent 12 000€ chacun pour des frais de courrier postal…

En pleine tourmente suite aux multiples casseroles que se trimballe François Fillon par rapport à l’emploi fictif de Pénélope mais aussi de ses enfants, et alors que le sentiment du « tous pourris » se propage dans la population , l’Assemblée Nationale tente de jouer la carte de la transparence sur les indemnités et les frais des députés en publiant le 6 février sur son site une fiche sur la « situation matérielle du député ». Malheureusement ça ne prend pas et on ne peut que constater une fois de plus qu’une totale opacité et un laisser faire généralisé règnent en maîtres sur les dépenses des députés. Marina Garrisi

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Pourquoi l’opération « transparence » ne prend pas

En plein action de reconquête de l’opinion publique de plus en plus touchée par le « tous pourris », l’Assemblée Nationale publie une note sur la situation matérielle des députés pour faire gage de transparence. Malheureusement, même L’Express est contraint de parler de « cachotteries », tandis que Le Monde décrit « les conditions de rémunération et d’emploi à l’Assemblée Nationale » comme « entachées d’opacité ». Si, en plus de son salaire, chaque député reçoit une enveloppe parlementaire mensuelle de 9561€ qu’il partage à sa guise entre 1 à 5 collaborateurs, l’Assemblée Nationale ne liste pas les collaborateurs de chaque député qui est alors libre d’employer sa femme, son frère et sa grand-mère, sans que personne ne trouve à redire. D’autant plus qu’en France, l’Assemblée Nationale ne limite pas le nombre de collaborateurs familiaux. Autrement dit, chaque député perçoit près de 10000€, en plus de son salaire, qu’il peut répartir comme il le veut auprès de ses « collaborateurs » sur lesquels personne n’a droit de regard. Il est d’ailleurs instructif d’observer les différences de salaire d’environ 6000 euros entre Pénélope et son « ex-collègue » qui touchait la modique somme de 607 euros. Pas vu pas pris, Fillon n’est certainement pas le premier (ni le dernier) à « employer » ses proches à des sommes exorbitantes sans qu’aucune preuve du travail en question ne soit fournie.

On est également en droit de s’étonner quand on voit les indemnités que perçoit chaque député pour les différents « frais » que son mandat pourrait occasionner. Une dotation pour des équipements informatiques par exemple, qui va jusqu’à 15245€, et avec laquelle le député peut s’acheter appareil photo, caméra numérique ou vidéoprojecteur, et sans qu’aucune condition soit fixée pour leur fin de mandat. Que deviennent ces appareils numériques payés par le contribuable ? Là-dessus, le rapport ne précise rien. Pour le forfait téléphone, un député de base touche jusqu’à 4200€ par an, et jusqu’à 16845€ pour les députés français établis en dehors de l’Europe. Autre fait pour le moins surprenant, à l’ère d’internet où tout le monde communique par mails, nos députés touchent jusqu’à 12000€ par an pour leur frais de courrier postal ! Et comme presque aucun député ne dépense de telles sommes pour ses frais de courrier, ils sont invités à piocher dans cette enveloppe pour augmenter leur dotation pour leurs frais de taxis, de téléphone, ou de matériel numérique. Autre cachet bien pratique, celui de frais de représentation, dite IRFM, pour couvrir les frais d’hébergements, de transports, et qui ne fait, lui non plus, l’objet d’aucun contrôle ou publicité. Comme le résume elle-même une députée : "Je n’utilise pas ces vols, mais si je voulais me faire un week-end à l’œil en Corse avec mon compagnon en invoquant un pseudo-congrès, je pourrais !"

Contre les privilèges de la caste politicienne, reprenons le programme de la Commune !

Les filloneries du candidat des républicains sont loin d’être une exception, et l’on ne saurait les réduire au caractère malhonnête du personnage. En effet, c’est le système lui-même qui rend possible et encourage l’accaparation privée des biens publics. En plus d’être payés des salaires exorbitants, les députés enchaînent les enveloppes et dotations de plusieurs milliers d’euros chaque mois, sans que personne ne leur demande de rendre des comptes. Ce sont pourtant les premiers à demander de « se serrer la ceinture », de « faire des efforts » à l’ensemble des travailleurs et des jeunes, et de voter l’austérité et la baisse des dépenses publiques. Pour en finir avec cette caste de privilégiés, exigeons que tous les élus soit rétribués à la hauteur d’un salaire d’ouvrier, qu’ils rendent des comptent et qu’ils soient responsables et révocables à tout moment.


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