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A la SNCF, pendant les catastrophes ferroviaires, les droits de retraits et les accidents mortels, la fête bat son plein !

Le lundi 21 octobre 2019, alors que le droit de retrait national (qui a fait suite à l’accident du 17 octobre en Champagne-Ardenne) était encore suivi sporadiquement dans certaines parties du territoire après une fin de semaine difficile pour les usagers, le siège de la SNCF à Saint-Denis (dans l’immeuble de « l’activité Transilien ») swinguait au son d’un orchestre. Et ce n’est pas le cadavre d’une femme retrouvée sur les voies du RER C le matin même du 21 octobre et sur lequel 4 trains au moins ont circulé le dimanche soir avant que le corps ne soit vu, qui aurait pu annuler ou reporter cette grande célébration. C’était tout de même un événement d’importance, l’anniversaire des 20 ans de Transilien, et il convenait de fêter cela comme il se doit, fêter la SNCF « moderne », celle qui supprime du personnel jusqu’à déshumaniser les gares et les trains.

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20 ans de Transilien, 30 ans de suppressions à outrance

Les suppressions de postes avaient commencé avant la fameuse « gestion par activité » contre laquelle les cheminots se sont battus et qui donna naissance au fameux « Transilien ». Il a remplacé la banlieue trop connotée aux yeux des communicants, payés à prix d’or par la direction, plutôt que d’embaucher ou d’acheter des rames. La direction SNCF était macroniste avant l’heure à privilégier la communication aux actes, comme le fait systématiquement le président actuel.

Une politique qui préparait déjà la fin d’un service public ferroviaire dans lequel la fierté était que les trains soient ponctuels et les gares ouvertes. Il fallait non seulement fermer les gares pas assez rentables, mais supprimer du personnel dans les trains avec la généralisation de la conduite à agent seul, l’EAS pour « équipement agent seul », dispositif qui remplace le chef de train (le fameux « ding-ding » des trains de banlieue) par des télés embarquées censées permettre au conducteur de vérifier que la montée et descente des voyageurs est achevée avant de démarrer son train.

Cette transformation ne s’est pas faite en douceur pour tout le monde. Si le syndicat des conducteurs ultra-catégoriel a disparu depuis, la FGAAC, avait négocié cette dégradation du service contre une « prime EAS », beaucoup de mécaniciens ont combattu ce qui leur est apparu à l’époque comme un risque pour les voyageurs.
D’ailleurs, dans les années 2000, à Melun, un premier accident grave confirma leurs craintes, avec une femme qui décéda, entrainée par la lanière de son sac resté coincé dans une porte.

Et, en plus, la responsabilité du conducteur fut engagée et le tribunal demanda à l’entendre, ce qui provoqua des remous dans la profession.

Un mauvais exemple qui s’étend

Ce décès ne fut pourtant pas un frein à la généralisation de cette procédure. Peut-être aurait-il fallu une hécatombe à nos technocrates « cost-killer », chasseurs de coûts, pour réaliser que leur système dégrade forcément la sécurité des voyageurs ? Et non seulement l’intégralité des trains de l’Ile De France fut équipée de télé pour supprimer tous les chefs de train (les derniers ont dû circuler vers 2010) mais la pratique fut étendue à la province, avec les conséquences que l’on connait le 17 octobre 2019, sans compter les problèmes dits « sûreté » (atteinte aux personnes) qui ne manquent pas d’arriver dans des trains sans personnel avec un agent de conduite isolé dans sa cabine.

Un deuxième décès évitable

Il existait auparavant 2 procédures de départ :

Soit avec un agent sédentaire en gare qui sifflait pour donner le départ au chef de train qui fermait ses portes et faisait son « ding-ding » en lien avec le conducteur. C’est de loin la procédure la plus sûre puisque l’agent départ vérifie que tout va bien tant que le train n’a pas quitté totalement le quai, évitant ainsi les montées tardives de voyageurs en retard et pouvant stopper le train à tout moment.

Soit avec le chef de train qui descendait du train à chaque arrêt pour vérifier le bon déroulement du service commercial.

Il est bien évident que le décès du 20 novembre était totalement évitable avec une de ces 2 procédures et que, a minima, les secours auraient été immédiatement prévenus, et la personne potentiellement sauvée. A contrario, la SNCF veut supprimer les derniers agents départ existants en modifiant les procédures, s’appuyant une pseudo-demande de l’Europe.

En réalité, la course à la productivité n’a pas de fin et ce ne sont pas quelques entorses à la sécurité des circulations et des voyageurs qui vont infléchir « une gestion moderne du service public » (on pourrait se croire dans le secteur hospitalier…). Et quand on y réfléchit, sans aucune humanité ou compassion pour les victimes, uniquement en termes financiers comme un vrai cadre SNCF, est-ce réellement une saine gestion ? La SNCF étant son propre assureur, combien coûte ce type d’accident et combien couterait un autre bien plus grave et malheureusement possible (si le conducteur du TER était resté inconscient) ? Ne serait-il pas plus raisonnable de garder des normes de sécurité élevées plutôt que de compter sur les statistiques ?

Et le coût humain, cette dame tuée par une absence de présence humaine, une famille certainement dévastée et certainement choquée que les trains aient continué à rouler sans la voir, des conducteurs traumatisés d’avoir circulé sur un corps et entendus par la police dans la procédure.

Une fête pendant que cheminots et usagers sont en difficulté

Alors que des voyageurs couraient les risques induits par cette politique, les préparatifs de la fête se déroulaient dans la prévision d’une liesse bien méritée ! Alors que les cheminots subissaient menaces et campagne de calomnie les mettant en danger face à une population chauffée à blanc par les médias, la direction et même le Premier ministre, les ballons se gonflaient. Alors que des annonces et affichages dans les gares parlant de « grève surprise » ou « grève sans préavis » pour un droit de retrait EN FAVEUR des usagers du rail, les musiciens bichonnaient leurs instruments et les hôtesses se préparaient à distribuer sacs, cadeaux et autres cupcakes avec le logo des 20 ans de dégradation du service des trains de banlieue, constatée au quotidien par les usagers.

Chacun jugera, mais d’aucuns penseront que l’invité d’honneur de la fête aurait pu être le conducteur du TER qui, malgré ses blessures, a assuré la sécurité des circulations et des voyageurs. Et pourquoi pas en invités d’honneur : les milliers de cheminots qui ont tenu bon sur leur droit de retrait malgré les mises en demeure écrite distribuées à l’envie par des encadrants rendus agressifs de n’être pas obéis au doigt et à l’œil. Eux tous méritaient d’être fêtés pour leur conscience professionnelle. Mais non, il s’agissait juste de dépenser de l’argent économisé sur le dos des agents et la sécurité et le confort des voyageurs par des technocrates froids ayant une calculatrice en guise de conscience. Enfin, une calculatrice à géométrie variable, puisque quand il s’agit de faire la fiesta...


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