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« En attente… »

APB : le tirage au sort annulé pour les candidats à la PACES. Et les autres ?

Alors que la procédure Admission Post-Bac contraint de plus en plus les futurs bacheliers dans leurs choix d’études, au lendemain des résultats de la première étape APB, ce sont des milliers de lycéens dont l’ensemble des vœux sont « en attente », suite à une procédure de tirage au sort légalisée le 27 avril dernier.

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« En attente » sur tous les vœux

Les premiers résultats de la plateforme Admission Post-Bac sont tombés jeudi dernier pour les 865324 lycéens de terminale ou étudiants en réorientation, avec un certain nombre de déconvenues. Déjà, il faut rappeler que la procédure APB, mise en place en 2008 et destinée à mieux gérer les flux d’étudiants, est devenue de plus en plus contraignante et complexe dans le but de limiter l’afflux vers les filières sous tensions (pastille orange) et d’orienter les élèves vers les filières disposant de plus de place (pastille verte). Or, cette année, ce sont plusieurs dizaines de milliers de futurs bacheliers à qui aucune place à l’université n’a été attribuée, y compris sur des vœux faisant l’objet de pastilles vertes, dites filières qui ont davantage de capacité d’accueil. Ces aspirants étudiants sont donc actuellement « En attente » sur tous leurs choix, dans des filières non sélectives et situées dans des universités situées dans leur académie d’origine…

Un tirage au sort pas si hasardeux

Depuis la circulaire du 27 avril dernier, le tirage au sort dans les filières sous tensions, déjà largement pratiqué ces dernières années, a été légalisé. En effet, plutôt que de renforcer les moyens des universités dans les filières sous tensions ou bien d’adapter les capacités d’accueil des universités à la recrudescence démographique et donc étudiante, c’est un système de gestion de la pénurie qui a été mis en place. Et avec lui un système de tirage au sort dont les contours restent très opaques. Car si tirage au sort il y a, sont également pris en compte des critères socio-spatiaux : les futurs bacheliers étant avantagés s’ils dépendent géographiquement de l’université en question (un lycéen parisien a plus de chance d’être « tiré au sort » pour rejoindre une université parisienne), à l’exception des lycéens français de l’étranger – au sein desquels sont surreprésentés les catégories sociales supérieures. Si tirage au sort il y a, tout le monde ne profite pas exactement des mêmes chances d’un hasard qui tend à favoriser la ségrégation socio-spatiale.

169 licences concernées par le tirage au sort

Parmi les 169 licences concernées par le tirage au sort pour départager les candidats, on compte notamment les filières scientifiques, la PACES (première année de médecine), la psychologie, la filière STAPS, mais également des filières littéraires comme c’est le cas pour la licence de lettre à Paris 13. C’est donc 100 de plus par rapport à l’année dernière, alors que le tirage au sort était encore illégal. En 2016, environ 3000 bacheliers s’étaient retrouvés « sans-fac », sur le carreau.

Exception faite des futurs étudiants franciliens en PACES

Pour la première fois cette année, la filière PACES en Île-de-France a été touchée par le tirage au sort : environ 800 étudiants ont été refusés dans l’ensemble des universités proposant la formation en Île-de-France. Une décision qui a fait scandale. À l’issue d’une réunion des doyens de médecine et des présidents d’universités franciliennes le jeudi 9 juin dernier, il a été décidé de l’annuler et d’accueillir les 800 postulants en question. Une question persiste : pourquoi le sort des postulants a la PACES fait-il l’objet d’une exception à la règle du tirage au sort et que cette situation demeure pour les autres offres de formation ? Pourquoi, s’il est possible de « pousser les murs » des facultés de médecine, n’est-il pas possible d’en faire autant concernant les autres formations ? La filière médicale, surinvestie par les enfants de la bourgeoisie, a certainement pu profiter d’une grogne qui a su se faire entendre jusque dans les couloirs du nouveau ministère de l’Enseignement supérieur.

Par ailleurs, la filière étant extrêmement sélective entre la première et la deuxième années, les présidents d’université tablent sur cet élément pour désengorger les amphis. Pourtant, quelques jours auparavant, la mobilisation des associations SOS éducation et de promotion et de défense des étudiants pour attaquer au Conseil d’État la nouvelle circulaire concernant le tirage au sort s’était vue essuyer un refus le 2 juin dernier, preuve que tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne en matière de droit à l’éducation.

La position du nouveau gouvernement

Certes, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a fait part de sa position concernant le tirage au sort, jugé « ni efficace, ni juste », et a d’ores et déjà annoncé que celle-ci ne serait « plus qu’un mauvais souvenir » à la rentrée 2018. Pourtant, alors que le lobby exige une plus grande sélection à l’université, sur le principe du « mérite » – entendre les résultats scolaires et la réputation du lycée – cette annonce a de quoi faire froid dans le dos. On imagine assez bien une ministre issue d’un gouvernement qui masque la sélection de classe derrière l’image du « mérite » mettre fin au système – certes injuste – du tirage au sort, pour le remplacer par une sélection pure et simple à l’université. Élément qui viendrait renforcer les dispositions déjà peu ou prou mises en place par le tirage au sort, c’est-à-dire la fin du droit à l’éducation supérieure pour tous les bacheliers.

Alors qu’à l’école comme à l’université, les chances de réussite scolaire sont déjà clairement corrélées à l’origine sociale, le principe du tirage au sort vient un peu plus renforcer le principe de sélection sociale qui s’applique dans l’éducation : bien entendu, les « sans-facs » les mieux dotés se tourneront vers le système privé pour échapper à l’aléa de la sélection, tandis que ce seront les étudiants issus des classes populaires qui se retrouveront toujours plus mis sur le banc de touche des universités. Face au boom démographique des bébés de l’an 2000, qui va faire grossir les rangs étudiants lors des prochaines années, face au manque de moyens et de capacité d’accueil des universités publiques, tout est fait pour lancer les futurs étudiants dans la « guerre des places », ou bien les tourner toujours plus vers une éducation supérieure prodiguée par des instituts privés.

Or, pour assurer un réel accès démocratique à l’éducation et à l’enseignement supérieur, il s’agit avant tout de renforcer les moyens matériels des universités publiques, d’en ouvrir l’accès aux travailleurs qui souhaitent se former tout au long de leur vie, et d’assurer aux étudiants un présalaire d’autonomie pour réduire les inégalités socio-économiques entre étudiants et d’assurer à tous un réel accès à l’éducation.


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