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Emmaüs contre les migrants

Accusés par Emmaüs de « séquestration » 4 militant(e)s, dont un migrant, passent en jugement.

Ce vendredi 9 octobre, 4 militant(e)s venus soutenir les migrants du centre Emmaüs rue Raymond Losserand à Paris comparaissent devant la 24ème chambre du TGI de Paris pour « séquestration » et « refus de prélèvement d’ADN ». Le 12 aout dernier, les migrants hébergés dans ce centre avaient entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions scandaleuses qui leur étaient imposées par Emmaüs, en contradiction avec les engagements du directeur de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides). 4 militant(e)s, dont 1migrant, étaient venus les soutenir. Ce 9 octobre à 9H00, un rassemblement place du Châtelet était appelé par SUD culture Solidaires, qui compte 2 de ses militant(e)s parmi ceux mis en examen, et par le CIP-IdF (Coordination des intermittents et précaires d’Ile de France). Parallèlement, Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France, déclarait le 2 octobre, après un entretien avec Bernard Cazeneuve, « Rompre tout dialogue avec le gouvernement, du fait de son inertie malsaine ». Ces 2 faits peuvent sembler contradictoires. Pour les expliquer, il faut analyser la nature de la « Communauté Emmaüs ». Christian Grosz

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L’abbé Pierre : des positions populistes et poujadistes.

Le mouvement Emmaüs, d’inspiration chrétienne, a été fondé en France en 1949. Il est actuellement présent dans 39 pays. Depuis cette époque, la presse bourgeoise n’a cessé de mettre en avant les « appels courageux » de celui qui était député réactionnaire (MRP) de Meurthe et Moselle. Certes, l’appel de l’abbé Pierre, de l’hiver 1954, particulièrement rigoureux, a résonné sur les ondes de radio Luxembourg, lorsqu’il a annoncé qu’une femme était morte de froid sur le Bd Sébastopol à 3 heures du matin, serrant contre elle son avis d’expulsion. Mais l’arrêté de 1945, autorisant la réquisition des logements vacants, n’est nullement le fait de l’abbé Pierre mais du CNR (Conseil National de la Résistance). Les actions de l’abbé Pierre ont essentiellement consisté à faire des appels aux dons qualifiés « d’insurrection de la bonté ». Par contre la presse et les médias bourgeois sont beaucoup plus discrets vis-à-vis des déclarations hyper réactionnaires du « bon curé » en ce qui concerne les grandes grèves : mineurs, cheminots et surtout fonctionnaires, dénoncés par lui comme des nantis, voire des fainéants, en opposition aux sans- logis qui, eux, sont les vrais pauvres. L’idéologie d’Emmaüs n’est pas, en effet, la lutte des classes, mais la morale sociale de l’Eglise, telle qu’elle est exprimée dans l’encyclique Rerum novarum, publiée par le pape Léon XIII en 1891 pour s’opposer à la progression des idées marxistes dans la classe ouvrière.

Emmaüs : une entreprise qui exploite ses salariés

C’est en 1958 qu’Emmaüs se structure et se « professionnalise ». Il emploie des salariés. C’est un patron voyou qui pratique l’exploitation éhontée : travail de certains « compagnons » au noir, sans contrat de travail, pour des salaires de misère, tentative d’expulsion du logement, usage abusif et permanent de contrats précaires, inégalité des rémunérations, management par le stress. En 2013, un « compagnon » porte plainte pour racket, discrimination et chantage auprès du procureur de Nice. De nombreux faits similaires sont rapportés concernant d’autres communautés Emmaüs en France.

Les raisons de la rupture de la concertation avec le gouvernement

Dans la déclaration du 2 octobre de Thierry Kuhn, annonçant la rupture, deux phrases permettent de comprendre le pourquoi de cette rupture : « Une catastrophe à grande échelle s’annonce à Calais, dans les jours qui viennent à l’approche de l’hiver. » et « Nous ne voulons pas servir d’alibi à une catastrophe cyniquement organisée au plus haut sommet de l’état et dénonçons une tentative d’instrumentalisation des associations ».

Il exploite ses salariés de façon éhontée, il tente de les expulser de leur logement Il traîne devant les tribunaux les militants qui viennent soutenir les grévistes de la faim dans les centres qu’il gère, mais il ne veut surtout pas qu’Emmaüs soit éclaboussé par le scandale qu’il prévoit à Calais et ailleurs.

C’est le caractère inflexible et barbare de la politique du gouvernement Hollande/Valls/Cazeneuve qui contraint la direction d’Emmaüs à prendre ses distances par rapport au gouvernement. Faute de quoi, sa réputation « humanitaire »disparaîtrait et son business aussi.


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