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L’Etat contre-attaque

Affaire Adama Traore. Une gendarme porte plainte contre la famille et Médiapart

Jaque Mate Une plainte contre X pour « dénonciation calomnieuse » également accompagnée d’une plainte contre le site Mediapart pour « diffamation » a été déposée par la gendarme, officier de la police judiciaire, elle-même mise en cause dans la plainte déposée par la famille de la victime pour « faux en écritures publiques aggravé, dénonciation calomnieuse, modification de scène de crime ».A travers cette contre-attaque, l’institution judiciaire mise en difficulté dans cette affaire, notamment à travers la gestion partisane du dossier par le procureur de Pontoise Yves Jannier, cherche une nouvelle fois à décrédibiliser les proches de la victime et tous ceux au nom desquels ils parlent. Dernier recours des institutions pour éviter ce qui est en passe de devenir un scandale d’Etat ?

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Mise en difficulté, l’institution judiciaire se lance dans une guerre juridique

Alors que, dans le cadre des deux plaintes déjà déposées par la famille, de nouveaux éléments mettant clairement en cause la responsabilité des gendarmes dans la mort d’Adama Traoré sont récemment venus renforcer le dossier, un des gendarmes mis en cause contre-attaque : une nouvelle plainte est cette fois déposée pour dénonciation calomnieuse ainsi que contre le site Mediapart.

A travers la première plainte c’est la famille de la victime qui est visée.

Le frère d’Adama avait en effet expliqué que contrairement à ce qui a été noté dans le procès-verbal par la gendarme, Adama ne s’était nullement « interposé à l’interpellation de son frère ».

L’institution judiciaire utilise ici un procédé classique et ayant déjà fait ses preuves lorsqu’il s’agit de défendre des policiers ou des gendarmes : celui qui vise à faire le jeu de la double version, à mettre en opposition la parole d’une représentante des forces de l’ordre et celle du frère d’Adama afin de le discréditer.

Alors que cette affaire n’a cessé de prendre de l’ampleur au fil des révélations et grâce à la médiatisation et à la pression liée aux mobilisations, la justice qui se contentait jusque-là de dédouaner les policiers de leurs crimes passe à l’offensive.

Ce procès est, pour la justice, une tentative pour limiter le discrédit qui touche actuellement cette institution au service d’un Etat toujours plus autoritaire et répressif, mais également d’éviter la possibilité de reconnaitre les fautes des forces de l’ordre, qui serait véritable camouflé pour l’Etat. La plainte déposée contre Mediapart – accusé de vouloir développer une « théorie du complot » selon laquelle « Adama Traoré serait décédé suite à des violences policières que les agents de la force publique auraient eu à cœur de vouloir camoufler à tout prix » - vise quant à elle à faire taire les médias alternatifs qui refusent de suivre la ligne politique officielle.

Une perte de confiance dans les institutions difficile à masquer

Dans un contexte où la France est dénoncée par des instances internationales à travers de nombreux rapports comme celui du comité contre la torture de l’ONU et ou les cas de violences policières s’accumulent ( à l’exemple de la mort récente d’un homme de 46 ans à Béziers dans les mains de la police ou encore du témoignage récent d’un jeune enseignant chercheur agressé et menacé par la police) sans que les forces de l’ordre ne soient reconnues coupables, l’institution judiciaire tout comme la police (mais également les partis politiques « traditionnels » avec l’exemple frappant du Parti Socialiste) est victime d’une perte de crédibilité au sein d’une large frange de la population.

Autre signal des difficultés dans lesquelles se trouve l’institution judiciaire, la mutation prochaine d’Yves Jannier, procureur de la république à Pontoise en charge de « l’affaire Adama Traoré » après qu’il ait été mis en cause à plusieurs reprises concernant la communication biaisée et mensongère visant à protéger les gendarmes accusés du meurtre.

Si cette mutation n’est officiellement pas liée à l’affaire (malgré la demande de dépaysement de l’affaire faite par l’avocat de la famille) un article publié dans Médiapart met en avant des pistes qui ne sont pas à écarter : des sources du journal évoquent des problèmes de management, une gestion catastrophique du dossier, susceptibles de pousser à une mutation forcée.

En parallèle du procès visant à nuire à la crédibilité des proches d’Adama Traoré, il s’agit d’écarter le procureur en charge du dossier, élément clef qui a montré le soutien de la Justice aux gendarmes responsables de la mort d’Adama, et de tout faire pour entraver les enquêtes de la presse et la médiatisation de l’affaire. Cette reprise en main du dossier, et les nouveaux dépôts de plainte participent d’un plan de contre-offensive pour éviter à tout prix que n’éclate ce véritable scandale d’Etat.

Violences policières, répression des mouvements sociaux : faisons front commun !

Face à l’impunité dont bénéficient ceux qui nous matraquent, nous gazent, nous éborgnent et nous tuent, il est urgent de nous unir et de construire un front contre la guerre menée contre les classes populaires et pour la défense des droits démocratiques !

Jeunes, travailleurs, précaires, jeunes des quartiers populaires, militant syndicalistes … seule l’union de l’ensemble des victimes des violences de ce gouvernement et de sa police pourra permettre d’exiger que justice soit faite et que l’ensemble des poursuites contre les militants, la population des banlieues et les syndicalistes soient levées !

Que ce soit dans la semaine qui suit ou tout au long du mois d’octobre le calendrier de la lutte contre les violences policières et la répression syndicale est chargé : procès des camarades d’Air France dans l’ « affaire des chemises arrachées » le 27 et le 28 septembre, Meeting parisien à Tolbiac contre les violences policières, le racisme et l’islamophobie le 6 octobre, Procès des Goodyear les 19 et 20 Octobre à Amiens. A vos agendas !


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