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Poursuites en série

Affaire Lactalis : le scandale se poursuit

Comme dans toute affaire très épineuse pour les grands groupes et le gouvernement, les accusés - Lactalis, les chaines de distribution, les pharmacies, les pouvoirs publics, l'Etat - font mine de prendre en charge l'affaire, et promettent que ce sera la dernière fois. Pourtant, une fois n'est pas coutume, les révélations sur l'ampleur de l'affaire ne cessent de remonter à la surface, et les plaintes et les accusations, s'accumulent.

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Toujours plus de griefs

Au dernier épisode de l’affaire du lait en poudre contaminé à la salmonelle, les médias révélaient la complicité des grands groupes de distribution - Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc, Cora - avec Lactalis. En effet, ces derniers sont mis en cause pour n’avoir pas retiré de la vente des produits du groupe Lactalis, pourtant dans la tourmente depuis mi-décembre. Une nouvelle qui avait précipité les distributeurs au cœur de l’affaire.

Cette semaine, les distributeurs étaient reçus et auditionnés au Sénat. Le gouvernement a fait mine depuis le début du scandale de prendre en main l’affaire. Macron avait d’ailleurs saisi l’occasion pour se présenter comme le garant de la santé publique : « L’État français est en mesure d’assurer la sécurité alimentaire ».

Une table ronde a donc été organisée par les commissions des affaires économiques et des affaires sociales au cours de laquelle les différents représentants ont été interrogés. Ces derniers ont alors déclaré, à la surprise générale, avoir remis en rayon des laits contaminés ramenés par les consommateurs. 

Ainsi, Stéphane Dufort, directeur Qualité du groupe, a révélé qu’ "un certain nombre de produits ont été remis par mégarde dans le circuit de distribution". "Un certain nombre" ? On sait que parmi les 95 000 produits retirés de la vente par les équipes Carrefour, ce sont plus de 9 000 produits qui ont été ramenés en magasin, combien d’entre eux ont-ils été remis en rayon ?

Un "erreur" que le directeur reconnait et explique par une "mauvaise gestion". En réalité, personne ne s’y méprend : les distributeurs ont triché et joué avec la santé des consommateurs pour amasser plus de profit. 

Une "grosse bêtise" Un « raté » auquel à laquelle vient s’ajouter une autre révélation, cette fois, du côté de Lactalis. Le groupe aurait en fait déjà retrouvé de la salmonelle Agona dans ses produits en 2011 et n’en n’aurait pas à l’époque informé les autorités. Le PDG de Lactalis a avoué également qu’ils ont trouvé cette salmonelle Agona entre 2005 et 2017. Une découverte qui aurait donc été bien gardée jusqu’à aujourd’hui. Celle-là même qui aujourd’hui a pour coût est responsable de la contamination de dizaines de nourrissons.

Toujours plus de plaintes

Aux plaintes déjà existantes, viendront s’ajouter ce jeudi 15 février 30 nouvelles plaintes, de membres de l’association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles, auprès du parquet de Paris. Des plaintes qui visent Lactalis pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « blessures involontaires ». Par ailleurs, l’ONG Foodwatch a décidé également de déposer une plainte contre X ce mercredi 14 février. Leur plainte ne vise elle pas seulement Lactalis mais également les groupes de distribution. Ainsi, l’ONG porte plainte pour douze infractions dont "mise en danger de vie d’autrui" ou "tromperie aggravée". 

Ce sont donc les plaintes et les griefs qui s’accumulent mais également les responsables tous pieds et poings liés dans l’affaire. 

L’Etat, responsable ?

Les grands distributeurs, les laboratoires ont été entraîné dans la chute avec le groupe Lactalis. Le gouvernement, de son côté, à tout de suite essayer de temporiser et de rassurer la population tout en se dédouanant de toute responsabilité. A ce titre, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a déclaré rapidement : "nous verrons quelle est la chaîne de responsabilité. C’est déjà très bien d’avoir présenté ses excuses. Je ne suis pas sûre que cela soit suffisant...". Féliciter le grand groupe d’une main, le pointer du doigt de l’autre, et en dernière instance se garder de toute responsabilité dans l’affaire : telle a été la technique du gouvernement. Mais les mensonges sont durent à tenir quand dans le même temps, Macron et Buzyn annoncent la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique.

En effet, Agnès Buzyn qui dit vouloir renforcer les contrôles "ciblés" est à l’origine de ces suppressions de postes qui vont toucher les hôpitaux, les EHPAD mais aussi la DGCCRF (La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), ce qui rentre en contradiction avec ses déclarations. Difficile de croire à la sincérité, encore une fois, d’un gouvernement qui serait préoccupé par la santé et la vie de la population.


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