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5 ans de prison pour 2 chemises

Air France. 300 personnes rassemblées en soutien aux salariés interpellés

Damien Bernard Ce lundi en fin d’après-midi, 200 à 300 personnes ont manifesté devant l'entrée d'Air France Cargo, à Roissy, pour dénoncer ces interpellations et marquer leur solidarité avec les gardés à vue. Le rassemblement, réunissant de nombreux techniciens d’Air France et agents vêtus de gilets jaunes, a débuté peu avant 16h30 par des prises de parole de syndicalistes et d’organisation politiques de la gauche de la gauche pour dénoncer la répression et l’acharnement envers les salariés d’Air France interpellés pour deux chemises, suite au plan de 2900 licenciements.

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Six salariés d’Air France interpellés pour « violences volontaires en réunion »

Six salariés d’Air France ont été placés en garde à vue lundi, la plupart ayant été interpellés à l’aube à leur domicile. Cinq d’entre eux travaillent dans la branche Fret d’Air Cargo ou à Air France Industries et sont militants de la CGT, dont un délégué CGT. Le sixième entendu par les enquêteurs dépend, lui, de la direction de la maintenance.

Ces six salariés sont gardés à vue dans les locaux de la Police de l’Air et des Frontières, à Roissy, depuis les premières heures de la matinée. Une garde à vue qui peut théoriquement durer 48 heures. Lundi soir, l’un d’entre eux a été relâché. Ils seraient suspectés d’avoir « agressé deux dirigeants d’Air France » lundi dernier après la confirmation d’un plan de restructuration menaçant 2900 postes.

Les salariés sont sous le coup d’une mise en examen pour « violences volontaires en réunion », « entrave au déroulement du comité d’entreprise » et « dégradations ». Des faits qui seraient passibles de 5 ans de prison et de 45000 euros d’amendes. Au total, une dizaine de personnes seraient dans le viseur de la justice, de la direction d’Air France et du gouvernement, après avoir été « identifiées » sur les vidéos tournées pendant les violences. D’autres interpellations pourraient arriver par la suite.

Deux chemises arrachées valent 5 ans de prison

En réponse aux 2900 suppressions de postes et aux vies broyées qui en résulteraient, les travailleurs d’Air France ont répondu légitimement par la colère qui a débouché sur deux chemises arrachés... aux DRH. C’est le rouleau compresseur gouvernemental, médiatique et judiciaire qui s’acharne maintenant sur ces six salariés qui risquent aujourd’hui 5 ans de prison pour avoir su relever la tête face aux plans patronaux.

Derrière ces six salariés interpellés, ce sont bien l’ensemble des travailleurs d’Air France que la direction et le gouvernement souhaitent mettre au pas. C’est aussi un précédent que gouvernement et patronat tentent d’imposer à l’ensemble des travailleurs : s’opposer aux plans de licenciements ou au « dialogue social » et c’est cinq ans de prison que nous risquons ! Encore une énième démonstration de cette justice de classe.

300 personnes réunies en soutien aux salariés. Un premier pas pour faire bloc

Etaient présents autour des salariés d’Air France, de nombreuses personnalités de gauche, comme Olivier Besancenot (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Pierre Laurent (PCF), Eric Coquerel (Parti de gauche), autour de drapeaux d’organisations syndicales la CGT, Sud et FO.

« Il n’y a pas que les méthodes d’interpellation qui m’ont choqué c’est le fait même qu’il y ait une interpellation », a expliqué Olivier Besancenot. « Sous François Hollande, je n’ai jamais vu un banquier voleur se faire lever à 6 heures du matin, je n’ai jamais vu un patron voyou se faire lever à 6 heures du matin ». Il s’agit bien « d’une justice de classe » conclut-il.

Nathalie Arthaud pour Lutte Ouvrière a quant à elle appelé à ce qu’« aucune poursuite à l’encontre des travailleurs du fret mis en garde à vue ne soit engagée ! ». Clémentine Autain (Ensemble) a regretté quant à elle la « criminalisation de l’action syndicale des salariés ». « Il y a eu une incompréhension de la colère sociale et une victimisation du patronat », alors que « ce sont les salariés qui vont perdre leur emploi ».

Du côté de la CGT, « on tente de criminaliser l’action syndicale et les salariés », a déclaré Miguel Fortea, le secrétaire général de la CGT Air France. « Ce sont nos collègues qui sont visés, on cherche à nous faire passer pour des enfants gâtés », a-t-il ajouté. Pour un délégué Sud : « Ce qui s’est passé le 5 octobre, c’était un cri de colère, pas un lynchage », a déclaré Marc Hoquet, mécanicien à Orly et « le gouvernement et la direction étaient muettes », alors que près de « 3.000 personnes vont être précipitées vers Pôle emploi », conclut-il.

Le ton général du rassemblement a permis de donner une première réponse à l’attaque du gouvernement en soutien aux travailleurs d’Air France, la cause de cette réponse légitime est bien la violence sociale de ces plans patronaux qui créent chômage de masse, précarité et bas salaires. Ces deux chemises déchirées n’en sont que les effets face aux licenciements annoncés qui riment avec vies brisées et vies broyés, et dans certains cas des suicides.

A bas le « dialogue social » ! Amplifier le mouvement de soutien face à l’escalade répressive

Tandis que certaines déclarations d’organisations du mouvement ouvrier, notamment de la CGT, entretiennent une certaine ambiguïté quant au caractère légitime de la réponse des travailleurs d’Air France face aux plans sociaux, en mettant sur un pied d’égalité les violences des patrons et les « violences » des travailleurs, il est plus que jamais nécessaire de remettre en perspective qu’il y a bien des causes aux réponses légitimes des travailleurs, qui n’en constituent ainsi que les effets..

Du côté du PCF, Pierre Laurent, indique qu’« Il y a eu des incidents regrettables mais rien ne peut faire oublier l’origine du problème », en affirmant qu’« il n’y a pas de véritable dialogue social dans cette entreprise ». En caractérisant de « regrettable » de ce qu’il appelle « incident », c’est considérer que la réponse des travailleurs n’est pas complètement légitime, et qu’elle serait le fruit d’un « manque » de « dialogue social », qu’il faudrait rendre effectif. Là encore, c’est légitimer un « dialogue social », à savoir l’accompagnement des contre-réformes par les directions syndicales, cœur pourtant de la politique de casse sociale du gouvernement Hollande.

Ainsi pour faire face à cette escalade répressive du gouvernement contre tout militant combattif qui ose relever la tête, pour le mouvement ouvrier et ses organisations, ce n’est ni le « dialogue social » qu’il faut agiter, ni la moindre « ambigüité » quant à la réponse de notre camp face à l’agression, mais bien une défense inconditionnelle de ces militants sur lesquels s’abat la répression. Ce premier rassemblement appelé par les organisations du mouvement ouvrier est bien le minimum syndical. Il faudra amplifier le mouvement pour démontrer au gouvernement que si l’on touche à l’un des nôtres, c’est bien à l’ensemble de notre camp que l’on s’attaque.


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