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Air France : Sur Europe 1, Laurent Berger s’affiche ouvertement en casseur de grève

Sur Europe 1, Laurent Berger tenait ce dimanche des propos outranciers concernant la grève à Air France. Reprenant peu ou prou la même rengaine que le patronat au sujet des cheminots, le secrétaire général de la CFDT appelle les syndicats de pilotes à arrêter de prendre « en otage » les usagers.

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Crédits photo : Christophe Ena/AP

Les salariés d’Air France ont commencé, depuis le 22 février dernier, un mouvement de grève afin d’obtenir des augmentations de salaires. Mené par une intersyndicale large et inédite, regroupant 10 organisations de salariés navigants, non-navigants, hôtesses, stewards ou pilotes, le mouvement s’est déclenché en réaction à un accord d’Air France avec la CFDT et la CFE-CGC qui offrait de relever les salaires à hauteur de 1%. Après des années de modération salariale, dans le cadre notamment du blocage des salaires mis en place en 2011 pour redresser l’entreprise, et alors qu’Air France va beaucoup mieux, les salariés exigent, au regard notamment de leur effort, des augmentations de salaires.

Quand Laurent Berger parle comme un patron

Laurent Berger, invité d’Europe 1 dimanche, s’est permis de critiquer durement ce conflit. Le secrétaire général de la CFDT, en dehors du mouvement depuis le début, a ainsi repris les artifices rhétoriques traditionnels du patronat, en accusant le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) de prendre « tout le monde en otage ». Le prétendu syndicaliste s’est ensuite inquiété du fait que les 11 journées de grèves, et les nouvelles journées à venir, soient en train de mettre l’entreprise en « grosse, grosse difficulté ».

Entre autres prises de position pro-patronales, Laurent Berger a appelé à voter positivement à la consultation menée par l’entreprise pour faire pression sur les grévistes. En effet, depuis jeudi dernier, Air France a lancé une consultation d’une semaine auprès des salariés pour leur demander s’ils étaient favorables ou non à l’accord salarial du 16 avril. Une pratique qui sert à tuer les négociations et à discréditer les grévistes, et qui a été dénoncée par les autres organisations, de FO à la CGT.

Une prise de position qui a été saluée par le journal pro-patronal "Challenges", qui saluait hier dans un article des "propos carrés qui démontrent un esprit de responsabilité et une grande lucidité sur la concurrence dans le monde actuel.", tout en constatant l’incapacité de Laurent Berger à se faire entendre par E. Macron. Un paradoxe qui résume à lui seul l’épopée du syndicalisme réformiste, qui s’est progressivement totalement aligné sur les positions patronales pour, finalement, ne plus être considéré comme un interlocuteur valable par un gouvernement bien décidé à écarter définitivement les syndicats.

Une lutte pour une meilleure répartition des profits

On notera au passage la stratégie mobilisée par Laurent Berger et dans laquelle il convient de ne pas tomber. L’accord salarial plébiscité par le chef de la CFDT propose une augmentation de salaires de 2% en 2018, puis une augmentation de 5% étalée sur les trois années suivantes sous réserve que la situation économique de l’entreprise le permette. On est donc loin des exigences de l’intersyndicale, qui demande une augmentation de 5,1% dès cette année.

Cependant, pour Laurent Berger, le mouvement est manipulé par les syndicats de pilote et met en danger le personnel au sol qui risque de perdre des plumes. Evidemment, ici, la dénonciation des revendications des pilotes, perçus comme des salariés très privilégiés, peut facilement trouver un écho auprès du grand public. Pourtant, cette manœuvre destinée à discréditer le mouvement ne doit pas nous tromper.

La revalorisation des salaires exigée par l’ensemble des catégories de personnel représentées dans l’intersyndicale est bien une lutte progressiste pour exiger de meilleures conditions de vie, et il convient de la soutenir. Une fois de plus, la CFDT donne du grain à moudre à ceux qui s’indignent lorsque les salariés font valoir leurs droits.


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