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Interview

Albanie. Les étudiants mobilisés contre la réforme néolibérale du gouvernement

Actuellement, en Albanie, les étudiants sont mobilisés contre une réforme néolibérale du gouvernement du premier ministre « socialiste » Edi Rama. Nous avons interviewé Redi Muçi militant du mouvement « Pour L’Université » (Per Universitetin – PU) et lecteur à l’Université Polytechnique de Tirana.

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Que se passe-t-il actuellement dans les universités en Albanie ? Pourquoi les étudiants sont mobilisés ?

Le Parti Socialiste qui détient le pouvoir aujourd’hui en Albanie est en train de faire passer une loi au parlement qui implique une réforme néolibérale avec des conséquences terribles pour l’enseignement supérieur. Cette réforme rend possible le financement d’universités privées avec l’argent public, et permet également la hausse des frais de scolarité, l’introduction d’un prêt étudiant insoutenable (compte tenu des possibilités d’emploi et de remboursement) et la bureaucratisation de l’université à travers la formation d’une élite managériale composée de membres du gouvernement et du patronat chargés de gérer les budgets des universités.

C’est à travers le mouvement « Pour L’Université » (Per Universitetin – PU), une série de manifestations, d’occupations d’une journée des facultés, de dénonciations publiques de la réforme que les étudiants se mobilisent.

Il y a quelques jours, des activistes étudiants de PU ont jeté des œufs sur le premier ministre Edi Rama alors qu’il sortait d’une réunion avec des hommes d’affaires tenue dans la faculté de sciences sociales. Cet incident a ensuite dégénéré du fait des provocations et de violences de la police et des gardes du corps du premier ministre. La presse a largement relayé cette action.

Quelle est la réponse du gouvernement ?

Le gouvernement préfère garder le silence sur cet épisode et prétend que ces protestations ne méritent pas de réponse. Lors des rares fois où la ministre de l’éducation a commenté ces évènements elle l’a fait avec un grand cynisme, affirmant au mieux que les étudiants étaient mal informés. Le premier ministre, quant à lui, refuse toujours de faire des déclarations à propos de l’action de jets d’œufs.

Les étudiants ont-ils le soutien d’autres secteurs de la société ?

Les problématiques des étudiants tendent à toucher d’autres aspects de la société tels que le taux élevé de chômage, le grand nombre d’émigrés qui cherchent à obtenir l’asile économique en Allemagne (l’Albanie est le deuxième pays en nombre de demandeurs d’asile après la Syrie), la dénonciation de la corruption qui étouffe le pays et plus largement la dénonciation de cette caste intouchable de politiciens liés au crime organisé.

Dans ce contexte, les étudiants considèrent comme inacceptable la réforme néolibérale de l’enseignement public : étant donné le niveau de vie moyen des albanais, celle-ci correspond à une cristallisation des différences de classe à l’intérieur de l’université.

Le discours a généré un espoir parmi de larges secteurs de la société, par le simple fait de sa nouveauté et de sa transparence, n’étant lié à aucune forme de pouvoir politique, et il est en train d’émerger et de se consolider dans tout le pays. Le mouvement a reçu le soutien de la société civile, d’intellectuels et de certains médias.

Mercredi dernier il y a eu une manifestation à Tirana, comment cela s’est passé ? Quelles sont les prochaines étapes ?

La manifestation que nous avons organisée mercredi a été assez importante. Elle a rassemblé entre 800 et 1000 personnes, ce qui est sans précédent par rapport aux normes albanaises. Lors de cette manifestation nous avons dénoncé la violence étatique qui s’exprime à travers la réforme mais aussi à travers son appareil policier répressif. On a eu le soutien de nombreux citoyens.

Les prochains pas à suivre, c’est d’essayer d’empêcher l’application de la réforme via des manifestations, de l’agitation, des occupations et le boycott. A l’heure actuelle, nous pensons à organiser un référendum au niveau national, bien que les difficultés logistiques soient considérables. Cependant, notre principal objectif c’est de créer des structures permanentes du mouvement « Pour l’Université » dans chaque faculté.


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