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En prison depuis quatre mois

Antonin Bernanos toujours en prison : le symbole de la répression politique du gouvernement Macron

Si les politiques menées depuis des décennies par les différents gouvernements semblent très semblables au premier abord, le gouvernement actuel, sur beaucoup de points, pousse les orientations à leur paroxysme. Et ceux qui n’ont à la bouche que la violence des gilets jaunes, la violence le soir où Steeve a disparu et « l’ordre républicain », sont en train de déplacer les normes de la violence sociale en nous habituant à l’inacceptable en matière de violence d’état.

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Une violence judiciaire inacceptable contre les gilets jaunes, dont Antonin Bernanos

Pour tenter de museler par la peur le mouvement des gilets jaunes, constatant que les mains arrachées et les tirs de LBD mutilants ne suffisaient pas, ce gouvernement a fait voter une loi d’exception permettant de sanctionner de simples intentions prêtées aux manifestants. Les comparutions immédiates montrent bien la violence judiciaire à l’encontre de gilets jaunes qui n’ont absolument rien fait.

Concernant le cas d’Antonin, la violence judiciaire est tout à fait patente. Incarcéré depuis avril 2019, sans qu’aucune instruction n’ait débuté, mis au secret pour empêcher toute communication aux médias, puis déplacé parce que des amis ont fêté son anniversaire devant la prison, il repasse une nouvelle fois devant le TGI le 1er août 2019 pour prolonger son mandat de dépôt dans le cadre de sa détention provisoire, le tout alors qu’il est la victime d’une attaque d’un groupuscule d’extrême droite… Il est stigmatisé comme un activiste de « l’ultragauche ». C’est à ce genre d’arbitraire que l’on peut mesurer la façon dont le pouvoir libéral s’accommode aisément de l’extrême droite alors que toute gauche un peu radicale l’insupporte.

Un traitement sur mesure pour Antonin

On a déjà constaté avec Sarkozy que le choix des juges dans les différents postes pouvait donner lieu à des rapprochements pouvant ressembler à des tractations, ou autres trafics d’influence. Mais Macron paraît encore plus efficace dans ce domaine, avec la désignation de juges dans les différentes affaires. Ce gouvernement dépasse les rêves les plus fous de tous les précédents, en réussissant à désamorcer une par une toutes les chausse-trappes de l’affaire Benalla.

Et pour les lycéens de Mantes la Jolie, le parquet vient de classer l’affaire sans suite, car « le fait de retenir les personnes interpellées en position à genoux ou assises, entravées pour certaines d’entre elles, apparaît justifié par le contexte exceptionnel de violences urbaines graves et le nombre de personnes devant être conduites dans les locaux de police, nécessitant une organisation matérielle incompressible.  » Chacun appréciera après avoir vu les images, dont l’auteur ne sera pas poursuivi non plus d’ailleurs.

Pour Antonin, il convient de citer que la juge d’instruction, Lucie Berthezene, ancien procureur de la République, et également en charge du dossier concernant la mort d’Adama Traore, a instruit le dossier du quai Valmy en condamnant Antonin et en maintenant son jeune frère en prison 45 jours grâce au témoignage d’un témoin secret (un policier) et ce, alors qu’une semaine après l’arrestation, le véritable coupable avait avoué les faits… Est-il besoin de rappeler la colère et la frustration de la famille d’Adama devant la façon dont l’instruction est menée ?

Aujourd’hui, Antonin est maintenu en préventive depuis le 18 avril 2019, par les décisions d’un juge des libertés et des détentions, Charles Pratz, qui tient publiquement, sur les réseaux sociaux, des propos en faveur de l’extrême droite. Est-il anormal de penser qu’il existe des courants politiques dans la magistrature, et 2 poids et 2 mesures selon que l’on soit policier ou simple citoyen ?

Le « nouveau monde » de Macron semble s’accommoder assez bien d’idées nauséabondes et vieilles comme le monde… Pour ceux qui croiraient que le capitalisme n’est pas d’extrême droite… Antonin, qui ne souhaite pour son affaire qu’une utilité collective à l’ensemble des gilets jaunes réprimés injustement, verra donc certainement sa détention provisoire à nouveau prolongée lors de l’audience du 1er août 2019.

La violence policière est souhaitée par le gouvernement, c’est un fait

Castaner et Macron n’ont que ce sujet à la bouche quand les gens les interpellent : stigmatiser la violence des gilets jaunes ou des manifestants dans leur ensemble, pour mieux justifier la violence policière de la réponse.

Castaner qui décore les principaux responsables des violences lors des manifestations, Macron qui répond à un passant en justifiant les violences policières sur les bords de la Loire le jour où Steve a disparu par la prétendue violence des personnes présentes, tous ces signes envoyés aux forces de l’ordre sont des encouragements à peine voilés en direction des différents corps de police et de gendarmerie pour accentuer encore l’usage arbitraire et quasiment sans limite de la violence.

Et pour verrouiller le tout la position de l’IGPN qui ne voit aucune faute nulle part, même quand un film est tourné par les coupables comme à Mantes-la-Jolie, ou quand les expertises sont probantes et à charge comme dans le cas d’Adama Traore, et bien d’autres. Ce gouvernement qui se sait haï de la majorité de la population, qui se sait illégitime, indécent et hors la loi, n’a que la peur pour se protéger de la vindicte populaire.

La violence professionnelle revient en force

Les violences policières ne sont qu’une facette des violences sociales qui comprennent également les violences professionnelles. Un corpus de lois qui supprime les CHSCT, donc s’attaque à la prévention des risques, réduit la représentation du personnel et son influence avec les CSE, limite les indemnités de façon que la manière dont le licenciement est mené (proprement ou très très salement) n’influence pas l’hypothétique punition financière qui reste connue en amont et minime, ne peut que favoriser les violences en entreprise.

Avec 500 à 600 accidents du travail mortels par an, une inspection du travail privée de moyens, un accès à la justice et à la reconnaissance de la législation sur les risques professionnels de plus en plus difficile et laborieux, les entreprises, actionnaires et patrons n’ont même plus les faibles limites établies par des décennies de luttes sociales et juridiques qui réduisaient certaines fois les violences professionnelles. Le pouvoir financier qui tente d’asseoir durablement son pouvoir avec l’actuel gouvernement ne veut plus craindre un autre procès France Télécom pour des pratiques qui se systématisent de plus en plus en entreprise. Cette violence professionnelle est certainement la plus insidieuse car la plus courante et répandue, elle touche d’innombrables personnes. Et pourtant, c’est la plus acceptée comme quasi normale et la moins dénoncée comme une réelle violence.

Crédits photos : LP/ Jean-Baptiste Quentin


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