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0% d'augmentation !

Après l’échec des négociations annuelles obligatoires, les salariés de Renault Montpellier ripostent

0% d'augmentation : c'est ce que la direction nationale de Renault a proposé à la majorité des salariés à l'issue des négociations annuelles obligatoires (NAO) début 2016. L'entreprise est pourtant largement bénéficiaire. Face à cette situation qui révèle à quel point, sous le capitalisme, les bénéfices sont voracement appropriés par quelques-uns, les salariés de Renault Montpellier ont décidé de se mettre en lutte depuis déjà deux mois. Dom Thomas

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Des lingots pour les patrons et les actionnaires, des miettes pour les salarié.e.s

Sous le soleil et au bruit des klaxons enthousiastes, l’ambiance était détendue vendredi 29 à midi devant la succursale montpelliéraine de Renault, dans la ZAC de Tournezy. Les travailleurs en lutte ont accueilli autour d’un verre de vin et de grillades les soutiens venus de l’extérieur pour partager avec eux la pause déjeuner. La semaine dernière, un rassemblement très réussi avait déjà vu converger des salariés Renault de Toulouse, de Lyon, de Marseille, de Valence ainsi que des travailleurs de chez Peugeot, soit une centaine de travailleurs au total, pour des prises de parole et une brasucade de moules.

Mais cette ambiance festive cache une autre réalité : celle des suppressions de postes et des salaires a minima, gelés depuis 2013 du fait d’un « accord de compétitivité » signé à l’époque par l’intersyndicale réunissant CFDT, FO et la CFE/CGC. Plusieurs milliers de postes ont été supprimés en parallèle. S’il a été possible alors, sur fond de crise créé par le capitalisme, de faire croire à la nécessité de se serrer la ceinture pour relancer l’économie, la situation est différente aujourd’hui. Renault, qui a vu sa marge opérationnelle grimper de 44% sur un an, affiche en effet des bénéfices nets qui atteignent presque 3 milliards d’euros et a augmenté de 26% les dividendes versés aux actionnaires. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn a pour sa part touché 7,25 millions d’euros en 2015 au titre de son « travail » pour Renault, ce qui s’ajoute aux 8 millions d’euros qu’il a touchés de Nissan... Et localement, le budget de la succursale montpelliéraine affiche un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros de plus que prévu. Dans le même temps, la firme au losange refuse toute possibilité d’augmentation générale de salaires (AGS) qui bénéficierait à l’ensemble des salariés, et maintient à un ridicule 1,4% le budget dévolu aux augmentations individuelles, alors qu’il était encore de 2,2% il y a quelques années !

« Si tu ne réclames pas, ils ne te donneront rien »

Les travailleurs en lutte à Montpellier, soit 80% des effectifs de l’atelier ainsi qu’une partie de l’effectif du magasin, réclament donc une augmentation de salaire de 125€ bruts. Ils ont eux aussi subi les réductions de poste : sur plus de 240 postes il y a quelques années, ils n’en reste plus que 165, dont 120 sur le site de Tournezy. Les arrêts de travail dus aux accidents et aux maladies sont fréquents.

Pour se faire entendre, ils se réunissent devant l’entreprise tous les jours, à 7h avant l’embauche et à midi pour la pause déjeuner. Après quelques semaines passées à distribuer des tracts aux clients qui entraient et face à la surdité patronale, ils ont décidé il y a une dizaine de jours de durcir le ton et d’empêcher l’accès à l’espace de vente avant 8h. A l’atelier, l’ambiance est en outre au ralentissement du rythme de travail. Mais si le rassemblement de convergence de la semaine dernière avait été accompagné d’une demi-journée de grève, des années de salaires tirés vers le bas rendent le départ en grève sur une longue durée difficile.

Pourtant, pour Marc, 40 ans de boîte, il existe chez les travailleurs d’aujourd’hui une colère qui constitue une bombe à retardement, et qui est palpable dans l’enthousiasme qu’il sent et les soutiens que leur lutte reçoit : chaque jour à midi, une grande partie des routiers et des automobilistes klaxonnent de joie en les voyant. Mais il déplore que personne ne veuille allumer la mèche de cette colère... Lui-même cégétiste, il reconnaît la responsabilité des syndicats dans la situation. Pour lui, c’est grâce au travail syndical qui continue à être mené d’arrache-pied depuis des années que le site de Montpellier peut se targuer d’être un village gaulois dans le paysage national de Renault. Les directeurs qui y sont nommés successivement ne s’y trompent pas et en font un défi personnel : confrontés aux informations d’un service parisien qui décortique les tracts, journées de grève et autres manifestations de colère des salariés exploités, ils craignent la résistance des salariés locaux. Les travailleurs venus pour le rassemblement de la semaine dernière ont d’ailleurs manifesté leur enthousiasme face à leur combativité, souhaitant que la même énergie se développe sur leurs chantiers. Les salariés de Renault ne manquent pourtant pas de raison de se battre, après l’accident mortel survenu début mars sur le site de Renault Cléon du fait des baisses d’effectifs, le licenciement d’un ouvrier de Renault Douai en février dernier du fait de sa tendinite et les multiples suicides intervenus sur le site de Cléon ou encore chez Dacia, filiale de Renault, ces derniers mois. Les ouvriers des sites délocalisés ne sont bien sûr pas mieux lotis, comme l’ont montré les expressions de colère des ouvriers turcs au printemps dernier ; pas plus que ceux des autres entreprises automobiles, PSA en tête, où de la même façon que chez Renault les résultats du groupe augmentent pendant que les salaires restent au minimum.

A l’heure où Nuit Debout Paris s’est invitée à Renault Guyancourt, et où Nuit Debout Montpellier a appelé à se joindre aux deux derniers rassemblements de soutien aux salariés de Renault Montpellier en lutte, la clé est dans la multiplication des initiatives de ce type, pour que la lutte des places rejoigne et renforce la lutte des classes.


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