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Edito. La partie est loin d’être finie…

Après le 12, la grève reconductible interprofessionnelle est une perspective concrète

Après une belle journée de mobilisation qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans tout l'Hexagone et qui montre qu'on n'en est encore qu'au tour de chauffe avant la seconde manche, la motion de censure déposée par les députés de droite a été rejetée jeudi, en fin d’après midi. Mais rien n’est encore joué et le gouvernement n’est pas sorti d’affaire. L’usage très peu démocratique du 49-3 est loin de passer comme une lettre à la poste. Si en mars et avril, la jeunesse étudiante et lycéenne, puis les intermittents avaient été à la pointe de la mobilisation, à la mi-mai, des secteurs du monde du travail ont bel et bien décidé de prendre le relai, en partant en grève reconductible. Une dynamique qui n’échappe pas aux directions syndicales elles-mêmes et qui pourrait s’accentuer encore. Pierre Reip

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La grève reconductible dans plusieurs secteurs clés n’est plus un vœu pieux, mais une perspective tangible. Les fédérations FO et CGT des routiers, la fédération nationale des syndicats maritimes (FNSM) de la CGT, la fédération CGT de la chimie, et les principaux syndicats de la SNCF ont d’ores et déjà appelé à un départ en grève reconductible.

Le coup de force du gouvernement n’y est pas étranger. En témoigne le contenu du dernier communiqué de la FNSM : « ça y est, le gouvernement a franchi le pas ! Ne pouvant constituer une majorité à l’Assemblée nationale pour faire passer sa loi de modification du code du travail dite « Loi El Khomri », il a décidé de passer en force et d’appliquer le 49.3 !!! Cela prouve que cette loi n’est pas bonne, surtout pour les salariés. ». Et la fédération des marins d’appeler à manifester les 17 et 19 mai, « en multipliant des actions fortes que chacun saura apprécier et en n’hésitant pas à faire des grèves reconductibles ou des grèves illimitées ».

Chez les routiers, ce sont les conséquences directes de l’application de la loi qui ont servi d’aiguillon à la grève reconductible. Ils seraient en effet parmi les premiers à pâtir de l’article 2 de la Loi Travail, qui donne la primauté aux accords d’entreprise sur les accords de branche, dans un secteur où le dumping salarial bat son plein.
Les heures supplémentaires sont la norme dans le secteur. Jusqu’à présent, elles étaient majorées à 25%, voire à 50% à partir de la 43e heure. Avec la Loi Travail, les entreprises pourront imposer une majoration des heures supplémentaires à 10% seulement, ce qui induit des pertes nettes de salaires, chiffrées à 100 euros par mois en moyenne.

Comme en 2010, les raffineurs seront aussi de la partie. La CGT chimie a appelé à mettre les usines à l’arrêt à partir du 12 mai, dénonçant une « agression à la démocratie » avec le 49-3 et prenant position pour la motion de censure comme « réponse face à la dictature ! ». Et le 17 mai doit marquer le début d’une grève reconductible dans le raffinage.

La CGT –Cheminots a de son côté appelé mercredi à une grève reconductible chaque mercredi et jeudi, précédée par SUD-RAIL qui a appelé à la grève reconductible à partir du 18 mai. C’est, pour les cheminots, le moment où jamais de porter par la grève leurs revendications sectorielles contre l’ « harmonisation » par le bas des règles de travail entre le public et le privé.

Jean Claude Mailly, secrétaire général de FO qui avait évoqué un référendum contre la loi travail, au risque de démobiliser les salariés pour les diriger dans les urnes a depuis changé de ton. Interrogé dans le cortège parisien du 12 mai, il dénoncé le 49-3 comme un « affront à la démocratie ».

Martinez, pour la CGT, a quant à lui haussé le ton face au gouvernement, enjoignant les salariés à « passer à la vitesse supérieure » contre la loi travail : « J’entends cette petite musique qui consiste à dire que si le 49-3 passe, le texte est adopté. Faux. La procédure continue. La mobilisation est plus que jamais indispensable. C’est pour cette raison que, pour la première fois, nous appelons à trois dates de grève, dans une échéance très resserrée. »

Les perspectives de la grève reconductible sont prometteuses et cela n’échappe à personne.
Il convient d’ores et déjà de lancer des assemblées générales dans les lieux de travail, pour poser à terme la question des AG interpro, comme en 2010, afin de construire la grève reconductible interprofessionnelle.

Tout cela imposerait de décider d’un plan de bataille qui devrait être repris par l’Intersyndicale et poserait la question d’une réelle coordination de l’ensemble des secteurs qui sont favorables à la reconductible et qui pourraient devenir des locomotives pour le mouvement. Cela ferait toucher du doigt réellement la perspective concrète pour le retrait sans conditions.

Ce serait ainsi la meilleure façon de s’opposer au gouvernement et de lui faire avaler son projet de loi, tout en luttant jusqu’au bout contre le déni de démocratie et sa politique du coup d’état permanent, dont il use allègrement avec le 49-3.


    
    
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