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Qui sont les "voleurs de manifestation" ?

Après les violences policières du 1er mai, des voix dissidentes s’expriment à la FSU

Dans le contexte de violences policières inédites contre les organisations syndicales lors de la manifestation du 1er mai, le camion de la FSU reçoit grenades, LBD et gaz lacrymogènes et un militant est blessé. La FSU décide de quitter la manifestation. Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU déclare « qu'on s'est fait voler notre manifestation » dans une interview. Une déclaration qui ravive les débats au sein de la fédération.

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Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT déclare que les organisations syndicales ont du faire face à une « répression inouïe » des forces de l’ordre lors de la manifestation de la fête des travailleuses et des travailleurs. Dès le début de la manifestation, « le carré de tête intersyndical » a subi les assauts des CRS avant même le début de la manifestation. Dans ce contexte, le camion de la FSU a été abîmé par diverses grenades et un militant syndical de la FSU est légèrement blessé. Jugeant qu’il était difficile d’assurer la protection des militants, le service d’ordre de la FSU décide de quitter la manifestation.

Le gouvernement tente de briser toute forme de contestation qu’elle vienne des Gilets jaunes ou des gilets rouges. Même si Macron cherchait à mettre en cage le 1er mai, la manifestation a eu lieu et a été un moment fort de jonction des secteurs les plus mobilisés, comme l’éducation ou la santé, avec les Gilets jaunes. La détermination est restée intacte malgré les charges policières mais aussi les mensonges d’Etat orchestrés par Castaner aidé par les médias à la botte du pouvoir concernant les « attaques » de la Salpêtrière.

Bernadette Groison donne une longue interview au Parisien qui soulève la polémique et la colère dans les rangs des syndiqués. La secrétaire générale de la FSU indique que « Lorsque la situation dégénère, quand les forces de l’ordre ne sont pas en capacité d’assurer la sécurité d’une manifestation, j’applique un principe simple : on ne prend pas de risque ». Elle poursuit : « Nous sommes en colère. C’est le 1er mai, la fête du travail et nos militants ne peuvent pas manifester ! Des gens méfiants voire hostiles aux organisations syndicales sont venus profiter du parcours que nous avions déclaré et que nous nous étions engagés à respecter. C’est un peu le principe du coucou, certains viennent nicher dans la manifestation pour manifester d’une façon que nous ne partageons pas ».

La phrase retenue pour le titre résume la pensée de Bernadette Groison « on s’est fait voler notre manifestation à Paris ». Par qui ? Quand on suit son raisonnement, le vol de la manifestation ne semble pas venir de la répression policière mais « de gens », Blacks blocks ou gilets jaunes venus grossir le cortège annuel des « gilets rouges ». Ainsi, le discours de Bernadette Groison met dos à dos ce qui serait les bons manifestants « les syndicalistes » et les autres « détestant » les organisations syndicales et provoquant les charges policières et donc responsables de la non-manifestation de la FSU. Or, le seul responsable est cet État au service du patronat qui utilise sa police pour réprimer toute contestation de son pouvoir. Depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes, la répression policière très importante causant plusieurs centaines de blessés et des dizaines de mutilés, une répression qui s’est violemment abattu sur les cortèges syndicaux ce 1er mai. Du jamais vu !

C’est en ce sens que la position exprimée dans cette interview du Parisien – rappelant les positions prises par les principales organisations syndicales aussi bien à l’occasion du 1er mai 2018, que celles condamnant « toutes les formes de violences » au début du mouvement des Gilets jaunes – est contestée dans les rangs syndicaux. Les militants attendaient une réaction plus ferme de la Fédération dans la dénonciation des violences policières qui blessent, mutilent et tuent.

Les Unions régionales Île-de-France ont publié un communiqué commun dénonçant clairement l’attaque policière contre l’ensemble de la manifestation.

On le voit dans ce communiqué signé dans la FSU Ile-de-France, la direction nationale de la FSU ne fait pas l’unanimité. Il y a un désaccord sur l’appréciation du mouvement social en cours, sur l’attitude du gouvernement et la question de la violence. Dans une lettre adressée au Premier ministre, suite à la bataille syndicale menée par différentes tendances au sein des instances nationales de la FSU, la direction nationale a été obligé de changer de ton et de revoir à la baisse l’opération de division entre « les bons » et les « mauvais » manifestants. Cette lettre ouverte cible donc plus clairement la responsabilité sur le gouvernement et sa police.

« [...]La politique de maintien de l’ordre arrêtée pour ce 1er mai a conduit les forces de police, au motif d’éviter le regroupement d’éléments violents, à intervenir sans distinction et violemment sur la tête de cortège syndical. Cela a provoqué des mouvements de foule et mis en danger les manifestant-e-s dont des militant-e-s syndicaux. Le cortège syndical, avec ses militant-e-s et ses véhicules, a ainsi subi des violences de la part des forces de l’ordre. […]
C’est inacceptable pour la FSU qui considère qu’un cap a été franchi. 
 Le gouvernement porte une lourde responsabilité dans cette gestion du maintien de l’ordre alors même qu’un climat de psychose a été créé les jours précédents ce 1er mai.[...] »

Face à leur direction syndicale qui fait le jeu du « dialogue social » et qui oppose les « bons des « mauvais » manifestants, les militants combatifs de la FSU veulent mettre en œuvre la convergence pour vaincre. Cette fronde qui commence à monter au sein de la FSU est aussi le signe, encore embryonnaire, que la fracture entre la base et les têtes des syndicats plus que complaisantes avec le gouvernement s’approfondit et que les lignes sont en train de bouger en interne pour pousser à s’affronter au rouleau compresseur macronien avec un vrai plan de bataille.

La journée de grève de la Fonction publique ce 9 mai peut être un pas supplémentaire pour stopper l’offensive ultralibérale. Et ce d’autant plus que l’escalade répressive du gouvernement, tant sur le plan policier que judiciaire, nécessite de faire front, et d’en finir une bonne fois pour toute avec cette rhétorique usée du « mauvais » manifestant faisant le jeu de l’État en omettant ses violences sociales et policières et en divisant le mouvement. La manifestation le samedi 18 mai doit être l’occasion pour les Gilets jaunes et fonctionnaires de défiler ensemble à rebours des divisions imposées par en haut entre Gilets jaunes et mouvement ouvrier organisé, pour la défense de nos services publics : l’école, la santé, les transports.


    
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