Article paru dans L’Hebdo Anticapitaliste n°441 du 6 septembre 2018
Crédit photo : Enfoque Rojo // La Izquierda Diaro
Le point de départ de la lutte a été la proposition du gouvernement d’augmenter les enseignants de seulement 10%, alors que l’inflation devrait atteindre les 40 % pour 2018. Face à cela, ce sont des dizaines de milliers d’enseignants et d’étudiants qui manifestent depuis deux semaines, alors que les enseignants sont en grève depuis un mois.
Mobilisation… et répression
Le mouvement, quoique national, connaît des développements particuliers : de peur de « réveiller » le mouvement étudiant de Buenos Aires, et notamment des deux universités les plus importantes (La Plata et l’UBA), le gouvernement a décidé de ménager celles-ci et de faire peser les coupes budgétaires sur les universités de province. Résultat : dans ces universités, des assemblées générales massives se développent. À Jujuy, dans le nord du pays, près de 1500 étudiants se sont réunis le 28 août ; à Córdoba, l’université est occupée par les étudiants qui étaient aussi 1500 en assemblée générale. La fac a été évacuée il y a une semaine par la police, mais cela n’a pas empêché les étudiants de réagir de plus belle en dénonçant la politique des gouverneurs provinciaux péronistes aux mains du gouvernement, et des associations étudiantes pro-Macri, qu’elles soient péronistes ou kirchneristes, qui accompagnent les mesures d’austérité.
Un mouvement appelé à se massifier
Le mouvement se mesure aussi dans la rue : à Mendoza, sur la Cordillère des Andes, 15 000 étudiants ont manifesté lundi 27 août pour la « défense de l’université gratuite, laïque et publique », ou encore 3000 à San Rafael dans la même province. Partout, un slogan revient « L’éducation publique ne se vend pas, elle se défend » ; une bannière derrière laquelle les étudiantEs remettent en cause la main basse faite par le FMI sur l’Argentine. Parmi les revendications des étudiants, des bourses intégrales financées par des impôts fortement progressifs sur les grands fortunes, ou encore l’expropriation des logements vides pour une vraie politique du logement étudiant. Si, pour l’instant, le gouvernement tente de rester sur ses positions, le mouvement est encore appelé à se massifier, avec une nouvelle dynamique d’occupation des universités. Ainsi, la récente décision des étudiants de l’Université de Buenos Aires (UBA, l’université la plus prestigieuse du pays) d’occuper la faculté de philosophie montre le dynamisme d’un mouvement qui est loin d’avoir dit son dernier mot.
