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Val d'Oise

"Au moins tu ne t’es pas pris une matraque dans le cul", un étudiant agressé sexuellement par la police

Un étudiant de 22 ans du Val d'Oise a été victime le 4 mai dernier de violences policières. Contrôlé alors qu'il sortait d'une soirée avec des amis, deux agents de police l'ont violemment agressé puisplacé en garde-à-vue. Blessé, poursuivi par la justice, l'étudiant a décidé dès le lendemain de porter plainte. Récit d'un nouveau cas de violence policière.

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Pierre.B, un étudiant de 22 ans sortait d’une soirée à Cergy Pontoise avec des amis. Alors qu’il roulait un joint, une voiture banalisée s’arrête à leur hauteur. Il raconte, aujourd’hui face caméra dans un article paru dans Le Parisien ce samedi 13 mai, que des policiers en civil descendent alors du véhicule et se dirige vers lui. Ils l’interrogent sur ce qu’il est entrain de faire, Pierre leur tend le joint sans volonté de résister à l’intervention. La situation bascule alors très vite dans une extrême violence.

"Je ne me défends pas !"

Rapidement l’étudiant se retrouve au sol. L’un l’étrangle, l’autre le fouille. Tout ceci sans que jamais les agents de police ne déclinent leur identité. La "fouille" se transforme en agression sexuelle : les agents de police auraient saisi les "parties intimes" du jeune homme sous son pantalon. Et ceci à deux reprises. Le jeune homme explique qu’il s’énerve, sous le choc, et dit lui même "commettre l’erreur" de rétorquer à l’un des policiers : "tu as l’air d’aimer ça en plus".

C’est alors que la situation déjà critique s’aggrave et le jeune homme se retrouve alors victime d’un déchainement de violence inoui. L’un des agents l’étrangle, il est projeté au sol... Frappé, menacé, Pierre cri "je ne me défends pas" et raconte avoir fait consciemment ce choix de ne pas se défendre pour ne pas se mettre en tord...

"Au moins tu ne t’es pas pris une matraque dans le cul"

Etranglé, pris d’étourdissements, il est ensuite menotté violemment et trainé dans la voiture.Pierre raconte que ce n’est que le début d’une arrestation traumatisante.

Conduit au commissariat, blessé au visage, les autres policiers présents au commissariat ne disent rien. L’un des deux qui l’a arrêté le pousse alors contre un mur et lui en "remet une couche". Il le frappe avec ses poings.

Lorsqu’il sort de garde à vue, le jeune homme cherche à discuter avec les policiers. La réponse ? "Au moins tu ne t’es pas pris une matraque dans le cul".

Il décide alors de porter plainte dès le lendemain étant accusé lui même par les deux policiers de détention illicite de produits stupéfiants, rébellion et dégradations de véhicule administratif. Du côté des policiers, L’IGPN a seulement été saisie ce samedi.

"Je sais désormais que n’importe qui peut être victime d’une bavure policière."

Le récit de cet étudiant est édifiant sur les pratiques de la police qui, se croyant à l’abri de toutes poursuites, agressent, violent, traumatisent, les jeunes - de préférence noir ou arabe et des quartiers populaires . Comme l’explique Pierre, il a conscience qu’aujourd’hui les cas de violences policières ne font qu’augmenter et peuvent toucher aujourd’hui "n’importe qui" au delà des jeunes des quartiers populaires. Eux, qui subissent au quotidien depuis des dizaines d’années agressions, harcèlements, insultes, de la part des forces de répression.

Des méthodes que des cas récents, comme celui d’Adama Traoré en juillet dernier ou de Théo plus récemment, ont révélé au grand jour grâce aux combats menés par celles ceux qui luttent contre les violences policières et l’impunité de la police. Avec en premier chef les victimes elles mêmes qui font le choix de témoigner, de traîner les policiers en justice ou leurs familles.

"Si je les recroise, je pars en courant"

A la fin de la vidéo-témoignage réalisée pour Le Parisien, la journaliste demande à Pierre : "Vous avez peur aujourd’hui au quotidien, des représailles ?". L’étudiant lui répond qu’aujourd’hui "ces hommes là s’ils les recroisent, il part en courant" et qu’il a "l’impression de croiser la police partout". Comment ne pas voir dans cette agression comme dans les autres des méthodes qui ont pour but d’intimider, de traumatiser, de semer la terreur ? Combien dénombrent-t-on de cas similaires et qui restent tus ? Parce que ces agressions, plus ou moins violentes, verbales, physiques, sexuelles, et, récurrentes, sont ensuite révélées par les victimes à leur entourage proche, se font parfois sous les yeux de dizaines de personnes, et permettent en réalité de maintenir un état de peur permanent.

La plupart des victimes ne portent pas plainte parce qu’elles craignent les représailles. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui comprennent pourquoi Zyed et Bouna courraient en 2005. Pourquoi, il y a seulement quelques jours de cela, un jeune est mort parce qu’il fuyait la police. Les victimes ne portent pas plainte parce qu’elles peuvent ne pas connaitre leurs droits et parce qu’elles savent que leurs droits ne seront pas respectés, ni rétablis. Dans des cas de violences policières, les policiers inculpés sont régulièrement acquittés, relaxés, blanchis. Face à l’Etat et à ses forces de répression,à nous de faire front contre le racisme institutionnel, les contrôles au faciès et contre les violences policières, pour imposer que toute lumière soit faite sur cette nouvelle agression sexuelle. Tous ensemble, exigeons que justice soit faite et que les forces de police se retirent des quartiers occupés.


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