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Mesure sociale ou mesure d’austérité ?

Austérité. Un nouveau coup de rabot pour les APL

Renan Granger C’était prévisible depuis un certain temps : les APL seront bien rabotées de 225 millions d’euros par le gouvernement dans le cadre du budget 2016 adopté par le parlement ce mercredi 4 novembre. Une mesure soi-disant destinée à rendre plus « lisible » et « équitable » le fonctionnement des APL, mais qui équivaut en réalité à passer une couche de vernis social sur une mesure d’austérité qui constitue une nouvelle attaque contre les étudiants et les jeunes précaires.

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Une mesure de « justice sociale » : la formule est lancée par les élus PS qui ont voté à l’unanimité la mesure, et ce jusque dans les rangs des « frondeurs ». Comme à l’image du député PS Daniel Goldberg, rapporteur pour la commission des Affaires économiques, qui considère que, pour certaines familles, l’APL est "du confort payé par la solidarité nationale". Et celui-ci parle en connaissance de cause, car avec ses 12870 € bruts de salaire mensuel, on comprend qu’il ait à cœur de lutter contre les privilèges payés sur le dos des travailleurs. Cette unanimité au sein du PS est à l’image de la couleuvre que tente de nous faire avaler le gouvernement de François Hollande : celle de présenter comme une mesure sociale une réduction des APL qui concernera plus de 500000 étudiants et permettra à l’État d’économiser 225 millions d’euros sur le prochain budget.

La principale mesure consistera à faire baisser les APL en fonction des prix des loyers : ceux qui paieront un loyer trop élevé verront baisser de manière dégressive leur allocation. Car, selon la logique du gouvernement, ceux qui payent des loyers élevés sont forcément riches, et n’ont donc pas à bénéficier de la « solidarité nationale ». Sauf que, et les étudiants parisiens le savent particulièrement bien, beaucoup de jeunes consacrent une part très importante de leurs revenus pour payer leur loyer, et, celui-ci une fois payé, il leur reste bien souvent tout juste de quoi pouvoir manger. Le gouvernement souhaite aussi prendre en compte le patrimoine des parents, dont les revenus déterminent l’APL auquel peuvent prétendre leurs enfants, et ce jusqu’à 28 ans ! Cette logique constitue une entrave supplémentaire à l’autonomie des jeunes, qui, même une fois leurs 18 ans révolus, doivent toujours bien souvent se plier à la discipline parentale et au système patriarcal pour pouvoir continuer leurs études, alors même que la majorité d’entre eux cumulent un emploi à côté.

Et pendant ce temps, selon l’INSEE, même si les chiffres sont très surement sous-évalués, le nombre de logements vacants en France est de 2.640.600, un chiffre exorbitant en augmentation de 73% en 10 ans ! Et c’est pour masquer cette situation, et la politique du gouvernement en faveur des spéculateurs et des grands propriétaires fonciers, que le gouvernement tente de faire diversion. En prétendant par exemple vouloir reverser l’argent économisé sur les allocations logement pour l’accueil des réfugiés en France. Une bonne méthode pour monter les étudiants contre les réfugiés, plutôt que contre le gouvernement, dans un contexte où plusieurs meetings de soutien ont eu lieu dans les universités en faveur des réfugiés. Une convergence qui, si elle se développait, pourrait remettre en cause les plans du gouvernement et enfin imposer la force du nombre.


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