L’effet Trump n’aura pas suffit. L’extrême droite autrichienne renvoyée dans les cordes
L’annonce de la victoire de Donald Trump aux élections américaines avait déclenché un déferlement de félicitations enthousiastes au sein de l’extrême droite européenne. Parmi les louanges, la voix du FPÖ, parti d’extrême droite autrichien, placé en lice pour l’élection présidentielle de décembre 2016, s’est également faite entendre. Et, en ce lundi 5 décembre, toute l’extrême droite européenne avait un oeil sur l’Autriche, afin de voir si le Brexit et les élections US étaient les signes avant coureur d’une déferlante électorale réactionnaire et xénophobe. Alors qu’une première élection, extrêmement serrée, avait été annulée à cause de vices de procédure, le résultat final de ces élections de décembre 2016 est sans appel. Le candidat écologiste pro-UE Van der Bellen l’emporte largement, de près de 8 points, face au candidat du FPÖ Norbert Hofer. Si Marine Le Pen s’est empressée d’adresser ses « félicitations au FPÖ qui s’est battu avec courage » prédisant que « les prochaines législatives seront celles de leur victoire », le coup est rude pour l’extrême droite européenne.
Parti qui a déjà été à l’épreuve du pouvoir, le FPÖ s’est donc heurté au « plafond de verre », avec un score qui, loin d’être insignifiant (46.7%), est largement en deçà des espérances initiales. Un résultat riche en enseignement, qui témoigne de l’instabilité politique et de la crise d’hégémonie qui frappe l’ensemble des bourgeoisies à l’échelle mondiale, de la poussée significative de l’extrême droite, sur fond de polarisation politique mais qui reste un soulagement pour les classes dominantes. Une victoire du FPÖ aurait été un nouveau coup porté pour le grand projet libéral que constitue l’Union Européenne, après le Brexit et la défaite de Matteo Renzi lors du référendum italien.
Van der Bellen, tout sauf une alternative progressiste pour les masses populaires
S’il est clair que l’élection d’un candidat d’extrême droite aurait été une catastrophe pour le camp des travailleurs, Van der Bellen est tout sauf une alternative. Aligné sur les positions de Bruxelles et la politique des classes possédantes impérialistes européennes, le candidat écologiste était, sans nul doute, le candidat de la bourgeoisie autrichienne… et du reste de l’Europe. Si, en Autriche, le système donne un pouvoir plus important au Chancelier (bien que le président soit premier chef des armés et désigne le dit Chancelier) les masses populaires autrichiennes avaient, en quelque sorte, le choix entre la peste et le choléra. Et les attaques n’en seront pas moins intenses sur les travailleurs. Et les travailleurs ne seront pas épargnés.
Après la défaite de l’extrême droite, cependant, les classes populaires doivent rester vigilantes. Les partis des capitalistes n’hésiteront pas à reprendre les politiques les plus réactionnaires de ces options politiques. C’est pour cela que la construction d’une alternative politique sur le terrain de la lutte des classes, populaire et ouvrière, battant en brèche l’ensemble des idées réactionnaires de l’extrême droite et se préparant à l’affrontement contre les réformes de la bourgeoisie, qui ne manqueront pas d’arriver, reste fondamentale.
