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Halte à l’hypocrisie

Birmanie : Aung San Suu Kyi ne condamne pas l’armée

Le silence d’Aung San Suu Kyi à propos des persécutions que subissent les Rohingyas était assourdissant alors que les crimes perpétrés contre cette communauté musulmane en Birmanie sont systématiques et graves. Dans un discours télévisé, la prix Nobel de la paix est sortie de sa réserve mais n’a pas explicitement condamné l’armée, se contentant d’un appel très général à la tolérance et au calme.

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Le silence de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et porte-parole de la Présidence de Birmanie, à propos du sort des Rohingyas, persécutés depuis des décennies et dont la situation s’est encore brutalement dégradée avec les violences et massacres de plus forte intensité commis par l’armée, a choqué la communauté internationale. L’ONU condamnait l’absence de réaction des autorités birmanes face à la souffrance des Rohingyas, l’« un des peuples les plus persécutés de la planète ». L’organisation internationale soulignait que l’armée birmane serait responsable de « crimes contre l’humanité », d’« épuration ethnique » et même d’être l’auteur de « crime de génocide ».

Le 6 septembre dernier, elle était sortie de sa réserve pour dénoncer « l’iceberg de désinformation » concernant les Rohingyas qui serait, selon elle, destiné à « promouvoir les intérêts des terroristes ». La réaction de la prix Nobel de la paix 1991 avait choqué tant le déni de la violence exercée contre cette ethnie musulmane privée de droit depuis 1982 par le gouvernement birman était évident.

Elle est revenue sur ses propos dans un discours officiel dans lequel elle condamne « toutes les violations des droits de l’homme » et s’est déclarée prête à organiser le retour des plus de 400 000 Rohingyas musulmans enfuis au Bangladesh. Un premier pas vers l’apaisement des tensions entre communautés religieuses dans le pays mais qui montre aussi ses limites tant l’armée est ménagée par rapport aux critiques qu’on pourrait lui adresser. Ainsi, quand elle pourrait dénoncer les incendies de villages entier et les exactions contre les civils, elle préfère mentionner que « les forces de sécurité ont reçu des instructions » afin de « prendre toutes les mesures pour éviter les dommages collatéraux et que des civils soient blessés ».

La critique des « violations des droits de l’homme » sert également à maintenir l’accusation de terrorisme envers les groupes armés rohingyas qui ont attaqué plusieurs postes de polices fin août dernier pour protester contre les persécutions de l’armée et contre l’État birman qui les a privé de nationalité depuis 1982 et les accule à l’exil vers le Bangladesh où déjà 400 000 d’entre eux sont réfugiés.

La prise de position de Aung San Suu Kyi ne change pas fondamentalement la situation. Elle tente de faire bonne figure face à la communauté internationale qui lui reprochait durement son silence complice. Ses déclarations qui ne dénoncent aucun des crimes de l’armée birmane et le vague dans lequel elle laisse le sort des réfugiés alors que les critères de retour sont généralement très restrictifs ne sont pas à la hauteur des condamnations qui devraient être prises. Plus que jamais, notre solidarité va aux Rohingyas, victimes du racisme cautionné par l’État birman.


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