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Éducation Nationale

Blanquer précarise les AESH, soutenons les travailleuses en grève ce 3 décembre dans le 93 !

Alors que les AESH, personnels précaires de l’Éducation Nationale se mobilisent depuis deux ans pour de meilleures conditions de travail, Blanquer et l'institution cherchent à imposer par la petite porte le passage en force d'un dispositif dégradant leurs conditions de travail. Explications.

Hélène Angelou

2 décembre 2021

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Les AESH – Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap – figurent parmi les personnels les plus précaires de l’Éducation Nationale. Dans ce secteur très largement féminisé et caractérisé par du temps partiel subi, le salaire moyen est de 760€ net par mois et les contrats précaires en CDD la règle.

Alors que le ministre Blanquer vante « l’école inclusive », un nouveau dispositif – les PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisé) – lancé en 2019 constitue une véritable offensive contre ces travailleuses déjà précaires, aggravant leurs conditions de travail.

Alors que ces « petites mains » de l’Éducation Nationale, travailleuses de la première ligne pendant la pandémie, se mobilisent depuis maintenant 2 ans contre ce dispositif, le ministère cherche à leur imposer l’entrée dans les PIAL par une révision de leur contrat.

Les avenants, une entourloupe odieuse pour forcer le passage des PIAL

Les AESH – Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap – se voient aujourd’hui imposer la signature d’avenants, c’est-à-dire une modification de leurs contrats. Faisant suite à leurs deux années de mobilisation, cette révision était présentée comme une amélioration de leurs conditions de travail, mais la réalité est toute autre : ces avenants sont subordonnés à une entrée dans les PIAL, dont la mention est glissée dans les nouveaux contrats. Une manœuvre odieuse et méprisante de forcer le passage des PIAL, y compris en dehors du cadre réglementaire. En effet, les nouvelles modalités de contrats n’ont même pas été précisées aux AESH, comme cela est pourtant la règle, et la signature des avenants leur est imposée dans un délai de 10 jours sous peine de licenciement, tandis que le cadre légal fixe ce délai à 30 jours.

Derrière cette procédure technique qui témoigne du mépris de l’institution à l’égard de ces travailleuses, c’est une précarisation et une dégradation de leurs conditions de travail qui se jouent. Si les avenants prévoient l’admission des AESH à la grille indiciaire des salaires (et donc à la possibilité d’une évolution de carrière), celle-ci prévoit une hausse de salaire dérisoire. Une concession bien maigre face au passage en force des PIAL qui prévoient d’augmenter le nombre d’élèves encadrés par AESH et de faire tourner les personnels entre plusieurs établissements, de la maternelle au lycée.

Une lutte pour l’accompagnement pédagogique des élèves handicapés

Si les AESH se battent contre des conditions de travail précarisées, elles se mobilisent aussi pour l’inclusion des élèves handicapés dans l’école publique et pour un accompagnement à la hauteur des besoins. Le dispositif des PIAL prévoit un roulement sur plusieurs établissements et un accompagnement de plusieurs élèves sur quelques heures dans la semaine. Ce qui de fait, ne permet pas un encadrement pédagogique de qualité aux élèves handicapés, et empêche tout suivi. Un moyen pour Blanquer de forcer une inclusion sans moyens dans l’éducation, en précarisant les AESH, ce qui génère une souffrance au travail et une souffrance pour les élèves, pour qui l’accompagnement est nécessaire.

Hélène, AESH dans un lycée professionnel témoignait en ce sens sur Révolution Permanente, en janvier dernier :
« Ces Pial poursuivent ce qu’on appelle les « accompagnements mutualisés » : on se retrouve à courir d’établissements en établissements et avec de plus en plus d’élèves à gérer, parfois allant jusqu’à 7 ou 8, avec 2 heures par ci, 2 heures par là, ce qui ne permet évidemment pas d’avoir un accompagnement qualitatif. Il n’y a plus de liens, plus de suivi, plus de qualité. Comment les accompagner vers l’autonomie ? On est réduit à des gestes techniques et on n’a pas le temps de connaître l’élève. Et surtout l’élève n’a pas le temps de s’habituer à nous. On parle quand même d’élèves en situation de handicap donc d’élèves fragiles. Le pire, c’est pour les autistes, beaucoup d’entre eux ont des heures diminuées alors qu’ils ont un besoin énorme d’accompagnement. En effet, beaucoup d’élèves n’ont dans les faits pas le nombre d’heures d’accompagnement dont ils ont besoin ou qui leur a été notifié. S’il n’y a pas assez d’AESH et trop d’élèves, on diminue les heures des élèves. »

Grèves locales des AESH : une détermination toujours présente

Ces dernières semaines cette situation a donné lieu à des phénomènes de grèves spontanés. Sur le 94 notamment, plus de 180 AESH se sont réunies en Assemblée Générale le 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, avant de manifester devant la DSDEN (la direction départementale). Et ce 3 décembre, ce sont les AESH du 93 qui seront en grève.

Si leur détermination est exemplaire et témoigne d’une colère profonde chez ces travailleuses précaires, l’attitude des organisations syndicales a de quoi interroger, à l’image des intersyndicales locales qui ont refusé de s’aligner sur la date de mobilisation du 25 novembre impulsée par les AESH mobilisées, les laissant seules face à l’institution et à ses intimidations. Quant aux directions syndicales à échelle nationale, elles se sont refusées à se saisir de cette lutte contre la mise en place des PIAL, la déléguant localement.

Il est pourtant nécessaire pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses de l’Éducation ainsi que pour les parents d’élèves d’être aux côtés des AESH pour exiger non seulement une amélioration de leurs conditions de travail, mais aussi leur intégration au statut de fonctionnaire et l’investissement de moyens massifs, à la hauteur des besoins.

Nous relayons à ce titre le communiqué du 94 :


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