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Une justice raciste au service des classes dominantes

Booba et Kaaris en prison, Benalla court toujours : la justice sait reconnaître les siens

#LibérezLeDuc : le hashtag anime Twitter où les fans de Booba se scandalisent du traitement réservé au rappeur qui a été, comme Kaaris et les neuf autres protagonistes de la bagarre, envoyé en détention provisoire en attendant le procès qui aura lieu le 6 septembre. A une semaine de l’affaire Benalla, la différence de traitement entre le proche du président et les rappeurs est une illustration particulièrement criante de leur justice à deux vitesses.

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18 août 98, dans cette putain de maison d’arrêt
Ils disent que j’sors bientôt, à c’qui paraît

20 ans après sa première incarcération, gravée dans nos oreilles à travers le morceau « La Lettre » du groupe Lunatic, classique parmi les classiques, Booba est retourné en prison la semaine dernière à la suite de sa bagarre avec Kaaris dans l’aéroport d’Orly. Le Tribunal Correctionnel de Créteil a en effet envoyé l’ensemble des membres des deux équipes en détention provisoire dans l’attente du procès pour « violences aggravées » qui aura lieu le 6 septembre, en évoquant notamment « l’animosité persistante entre les deux groupes » et la nécessité de « protéger » les prévenus.

Une décision qui ne passe pas pour de nombreux fans, scandalisés par le traitement de l’affaire. Il faut dire qu’il y a de quoi s’étonner, tant le traitement médiatique de l’affaire tranche avec le retournement dont ont fait preuve les médias à la fin de l’affaire Benalla. Ceux qui, hier, ouvraient leurs plateaux et leurs colonnes pour recueillir la parole du proche d’Emmanuel Macron, rapidement passé du statut de barbouze à celui de gendre idéal, confiant dans son innocence, constant dans le mensonge et certain de sa légitimité à taper du manifestant, semblent maintenant s’offusquer par anticipation du risque d’un traitement privilégié des rappeurs.

Sur LCI, Damien Givelet notait ainsi : « Rappeurs ou voyous ? (…) Si c’était pas des rappeurs connus, bah ils seraient en garde à vue comme de simples voyous, là on dit ‘’c’est des rappeurs’’. » Heureusement pour le journaliste, la justice au service des classes dominantes sait reconnaître les siens et réprimer les autres. Percevoir le « voyou » derrière l’artiste-entrepreneur millionnaire. Il y a des stigmates qui ne passent pas : une couleur de peau, une origine sociale rarement compatible avec les véritables sphères du pouvoir, des manières dont on ne se défait jamais. Comme le note justement Paris Luttes Info : « Il ne faut pas s’y tromper, si les uns ont connu des déboires judiciaires directement liés à leurs paroles jugées trop hardcores, trop anti-Etat, trop anti-flics – contrairement aux protagonistes de l’affaire Booba/Kaaris ; c’est avant tout le sous-prolétariat des périphéries urbaines et issu de l’immigration qui est jugé dans un même mouvement. »

La décision est donc aussi lourde que le prétexte est mensonger. On imagine en effet assez peu le conflit entre les deux rappeurs, qui se tancent depuis des mois et qui ne sont passés à l’acte que "par hasard", tourner à la guerre civile. Pourtant les juges semblent avoir la main plus lourde envers les rappeurs qu’avec d’autres « célébrités ». Devenir un rappeur millionnaire n’efface ni votre origine de classe ni votre couleur de peau. Une injustice notée par la défense. "Il n’y aurait qu’une seule façon de sortir libre d’ici, ce serait d’avoir un ami policier, un casque, et un quelconque passe-droit… Il y aurait donc deux justices en France ?" a ainsi déclaré, à la barre, l’un des avocats de Kaaris.

Sans dresser d’éloge de Booba et de Kaaris, il faut donc résister au traitement moral de cette affaire et y déceler ce qu’elle révèle du caractère de la « Justice ». Si Booba et Kaaris, artistes-entrepreneurs millionnaires pour le plus grand plaisir de l’industrie du disque, ne sont pas des artistes dont les lyrics brillent par leur progressisme, le traitement judiciaire et médiatique de leur rixe illustre une nouvelle fois les dessous d’une institution judiciaire qui reproduit les oppressions et défend les exploiteurs. Pendant que Booba et Kaaris sont mis en prison de façon "préventive" et risquent aujourd’hui une peine maximale de 7 ans de prison ferme et 100 000€ d’amende, de leur côté, Juppé, Coppé, Chirac, Sarkozy, Cahuzac, ou encore Benalla et tous ceux qui l’ont couvert, courent toujours. La justice sait reconnaître les siens.


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