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Manque de moyens dans nos facs

Bordeaux. Des centaines de cours supprimés, les étudiants témoignent des conditions d’études déplorables

A l'Université Bordeaux Montaigne, la rentrée se fait dans des conditions déplorables : amphis bondés et 200 cours sans salles, annulés ou dématérialisés. Après un an de fermeture des universités, les étudiants sont confrontés au manque de moyen structurel dans l'enseignement supérieur.

Romy Devienne

13 octobre 2021

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Crédits photo : FSE Bordeaux

Alors que les étudiants de l’Université Bordeaux Montaigne ont fait leur rentrée il n’y a même pas un mois après une année particulièrement difficile où nous avons dû abandonner les bancs de la fac pour faire de nos lieux de vie souvent exigus notre nouvelle salle de cours, des étudiants témoignent de leurs conditions d’études à l’université. Lucie, étudiante en première année de licence LEA (langue étrangères appliquées), témoigne : “Depuis le début de la rentrée universitaire les amphis sont remplis à plus de 100% de leur capacité cela se remarque encore plus sur une licence avec un aussi gros effectif que LEA, les distances de sécurités ne peuvent pas être appliquées même dans l’amphi 700 qui est le plus grand amphi de la faculté il n’y a pas une place vide entre les étudiants beaucoup se retrouvent à écrire assis par terre ou debout. Alors que les étudiants étaient pointés du doigt et cloîtrés chez eux pour suivre les cours pendant la crise sanitaire ils sont maintenant entassés dans les amphis, cette rentrée semble être à l’opposé de ce qui nous est recommandé en boucle dans les mails de rentrée qui demandent aux étudiants d’appliquer les gestes barrières.”.

Sidonie, étudiante en troisième année de philosophie, partage ce qu’elle a appris lors d’une assemblée générale de la Présidence et des professeurs : “les budgets prévus pour la nouvelle offre de formation ont été réduits par le gouvernement, et il faut donc essayer de trouver des solutions pour faire face à ces (habituelles) coupes budgétaires. Nous avons ensuite la confirmation que, les étudiants étant de plus en plus nombreux chaque année, et les budgets de plus en plus réduits, rien ne peut être mis en place pour les accueillir, et que depuis la rentrée, 200 cours n’ont pas pu être tenus au sein de l’Université.”.

Ugo, lui aussi étudiant, ajoute : “Les étudiants qui sont les premiers concernés par ces modifications n’ont obtenu aucune explication de la part de l’administration et sont tenus à l’écart de toute décision et de toute information qui concernent leur propre éducation. Nous déplorons un manque cruel de démocratie et de transparence au sein du système de l’université et souhaitons que l’avis des étudiants soit au cœur des décisions prises par l’administration.

Les 200 cours sans salle disponible pour qu’ils puissent se tenir dans de bonnes conditions est encore une fois significatif de la destruction de l’université ouverte à tous qui a lieu depuis plus d’une dizaine d’années par les gouvernements successifs. Au-delà de l’anti-démocratisme habituel et de l’opacité qui règne dans nos universités, ces témoignages démontrent le quotidien des étudiants de l’université de Bordeaux Montaigne : une université précaire qui n’a pas les moyens pour assurer des études dans de bonnes conditions à ses étudiants. Le résultat des politiques successives, qui tout comme les hôpitaux, ont imposé l’austérité dans les services publics ; ici les universités incapables d’assurer des conditions d’études dans des conditions matérielles et sanitaires nécessaires en pleine crise covid.

Pourtant ce n’est pas l’argent qui manque ! Que l’on regarde les multiples cadeaux faits envers la police qui nous réprime et l’armée lors du quinquennat de Macron, les 100 milliards d’euros mis directement dans les poches du patronat ou encore très récemment les 11 300 milliards d’évasion fiscale des Pandora Papers ! Tout cet argent permettrait de résoudre largement les enjeux qui traversent notre société aujourd’hui, à commencer par le manque de moyens structurel dans les services publics qui profitent à la majorité de la population.

C’est bien une discussion de gestion politique qui se pose, intimement liée à l’avenir que l’on réserve à notre jeunesse. Alors que la campagne présidentielle a déjà commencé, les candidats habituels ne semblent pas représenter une alternative réelle face au démantèlement de l’université et se place dans la continuité des politiques austéritaires. Même Sandrine Rousseau, finaliste perdante à la primaire d’ EELV pour l’élection présidentielle 2022, qui se disait incarner un visage “radical”, est vice-présidente de l’Université de Lille et appliqué les politiques néolibérales en participant à la fusion des trois universités de Lille.

Face à cela, Le Poing Levé soutient la candidature d’Anasse Kazib pour les présidentielles, pour une campagne qui cherche à porter la voix des luttes de ces dernières années dans une perspective anticapitaliste, féministe, anti-raciste, écologique et clairement révolutionnaire. Un candidat qui porte l’importance des services publics, de la nécessité d’y investir massivement en allant chercher l’argent là où il se trouve.


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