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Impérialisme

Brésil. La justice ouvre les vannes pour la privatisation du pétrole, Engie sur le coup

Le gouvernement ultraréactionnaire de Jair Bolsonaro au Brésil, avance dans l’application de mesures néolibérales au service des capitaux impérialistes.

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Le pouvoir judiciaire qui a tracé la voie à l’élection de Bolsonaro, permet aujourd’hui la privatisation de Petrobras en vendant des gazoducs à la multinationale Engie, dont l’actionnaire principal est le gouvernement français.

La bourgeoisie brésilienne souhaite depuis longtemps privatiser les entreprises publiques du pays et en premier Petrobras, première entreprise du pays et qui fait partie des plus grands groupes pétroliers mondiaux. A côté de nombreuses réformes néo-libérales contre l’éducation et contre les retraites, la bourgeoisie brésilienne et impérialiste a fait de Bolsonaro son poulain pour mettre en place ces réformes de manière autoritaire, là où son prédécesseur Michel Temer, avait en partie échoué, devant faire face à plusieurs journées de grève générale puissantes et à une popularité au plus bas.

L’accession au pouvoir de Bolsonaro doit énormément à l’action du pouvoir judiciaire et à l’opération Lava Jato, opération anti-corruption menée par le juge Sergio Moro, qui a principalement visé le Parti des Travailleurs (PT) conduisant en 2016 au Coup d’Etat institutionnel contre Dilma Roussef et à l’emprisonnement avant la présidentielle de Lula. Sergio Moro a d’ailleurs été gracieusement remercié en étant nommé responsable depuis l’accession de Bolsonaro au pouvoir, d’un « super-ministère » de la Justice, aux pouvoirs décuplés.

Mais tout le monde n’a pas été inquiété par l’opération Lava Jato. La corruption, endémique au Brésil (l’entourage de Bolsonaro n’étant pas en reste), a surtout permis de faire tomber le PT qui avait bien servi, un temps, les intérêts de la bourgeoisie brésilienne mais qui ne permettait pas de faire avancer les ajustements néo-libéraux suffisamment vite et suffisamment fort.

Parmi les scandales qui ont été dévoilés, les opérations de blanchiment de milliards de reais, pour le compte du PT et de ses alliés du PMDB, au travers de Petrobras et de nombreuses entreprises du BTP avec l’intention claire de démanteler la compagnie pétrolière nationale pour vendre ses actions à des actionnaires étrangers. Ainsi, toutes les entreprises ou filiales n’ont pas été inquiétées de la même manière. Ce n’est pas un hasard si les secteurs les plus riches de l’entreprise, qui sont contrôlés par des actionnaires étrangers, n’ont pas fait l’objet d’une enquête et si toutes les sociétés américaines mentionnées dans l’opération n’ont même pas fait l’objet d’une enquête ou d’une condamnation.

Ce bonapartisme judiciaire est ainsi un des agents principaux de l’offensive bourgeoise contre les acquis des travailleurs brésiliens. Aujourd’hui, c’est le STF (Tribunal Suprême Fédéral) qui a permis de céder, pour plus de 8 milliards d’euros de gazoducs de Petrobras à Engie, une entreprise majeure sur le plan mondial du secteur de l’énergie, dont l’actionnaire principal est le gouvernement français. On comprend mieux ainsi les félicitations de Macron lors de l’élection de Bolsonaro qui était pourtant tout sauf démocratique.

Le STF a décidé que la privatisation des entreprises publiques devrait faire l’objet d’un appel d’offres et être avalisée par un vote du Parlement... sauf pour les filiales de ces mêmes entreprises publiques ! Une méthode classique pour démanteler des entreprises, d’autant plus que la situation brésilienne si elle montre une conflictualité sociale certaine (mobilisations massives contre la politique de Bolsonaro dans l’éducation avec des appels à la grève générale à la fin du mois) n’est pas exempte de tensions au sein même de la bourgeoisie, entre les différents secteurs industriels, la justice, l’armée et les partisans de Bolsonaro, des tensions qui se font sentir jusque dans le gouvernement et bien entendu au Parlement.

Un tel vote aurait donc pu accentuer cette situation de crise, d’autant que le pétrole est un secteur central de l’économie. Un secteur stratégique pour l’impérialisme, principalement américain mais aussi européen et ici français, pour accentuer la domination économique (et donc politique) sur le pays qui est déjà largement asphyxiée par la dette extérieure imposée par le FMI et les autres créanciers à l’échelle internationale. C’est le rôle assigné par la bourgeoisie brésilienne au service de l’impérialisme américain qui renforce sa domination en Amérique du Sud (avec l’intervention du FMI en Argentine, la tentative de Coup d’Etat au Venezuela ainsi que l’appui aux gouvernements néo-libéraux et réactionnaires de la région) au bonapartisme judiciaire et à Bolsonaro.

Pendant ce temps, que fait le PT déchu du pouvoir et qui se voulait l’opposition principale à Bolsonaro ? Les gouverneurs du PT proposent un accord avec le gouvernement Bolsonaro et avec Paulo Guedes avec comme condition qu’une partie des ressources obtenues par les privatisations soient reversées aux États fédéraux pour payer leurs dettes fiscales. La cession onéreuse promet de remettre aux monopoles pétroliers impérialistes près de 800 milliards de reais en barils de pétrole pour 100 milliards de contrepartie. Le PT préfère s’allier au gouvernement Bolsonaro dans la plus grande livraison de richesses du pays, accepter la privatisation des champs pétroliers, plutôt que d’affronter les capitalistes et leurs profits qu’ils tirent des richesses du pays.

Le modèle de Bolsonaro et de son « monsieur économie » Paulo Guedes, ainsi que de l’homme qu’ils ont placé à la tête de Petrobras, Roberto Castello Branco, est celui de l’Ecole de Chicago et de ses « Chicago boys », ces fameux économistes ultra-libéraux qui se sont mis au service de la dictature de Pinochet pour asseoir la domination de l’impérialisme américain sur le pays.

Pour lutter face aux attaques de Bolsonaro et de la bourgeoisie pro-impérialiste, il n’y a pas de place pour les compromis. La nationalisation sous contrôle des travailleurs de Petrobras est nécessaire afin que les ressources pétrolières puissent être utilisées pour satisfaire les nécessités sociales, pour répondre à la misère sociale que vivent les populations du Nordeste et des favelas urbaines, répondre à la crise des sécheresses et des inondations, qui font chaque année de nouvelles victimes, donner la terre aux paysans qui en sont privés et en finir avec ce régime capitaliste corrompu.


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