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« Le Brésil, ce géant homophobe »

Brésil : Une mère assassine son fils parce qu’il est gay

La semaine dernière, a été découvert aux abords d’un champ de canne la dépouille entièrement carbonisée d’un Brésilien de 17 ans. Celle d’Itaberli Lozano, homosexuel, assassiné pour cette raison précise… Par sa mère. Un crime homophobe comme il en existe tous les jours dans le plus grand pays que comprend l’Amérique du Sud et autrement connu pour être le « Champion du monde des crimes homophobes » avec un ratio d’un assassinat toutes les vingt-huit heures. Xavier Dolan Z

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Un crime prémédité

Nous sommes au Brésil, dans la petite ville de Cravinhos. Inquiète de ne pas voir son petit-fils rentrer chez elle, la grand-mère du côté paternel de la victime âgée de 17ans, qui avait emménagé à son domicile suite à une énième altercation avec sa mère à Noël, se rend au commissariat afin de signaler sa disparition. Il ne faudra que peu de temps pour que les enquêteurs s’intéressent à la mère qui n’a pas signalé la disparition de son fils et qui semble insensible devant les faits. Le corps calciné de l’adolescent est alors retrouvé le 7 janvier dans un champ de canne. Dès le premier interrogatoire, après avoir initialement prétexté qu’il s’agissait d’une « fugue » sa mère avoue l’assassinat de son fils et dénonce deux jeunes complices qu’elle avait embauchés ainsi que son mari [qui devra répondre du chef d’occultation de cadavre]. En effet, loin d’être un acte « de sang chaud », le meurtre avait été prémédité.
Quelques jours après son départ de la maison de ses parents -dont les coutumes se résumaient à harceler quotidiennement leur fils à cause de son homosexualité, affirmant qu’il était « en dérive » ou qu’il « ramenait des hommes dangereux »- Itaberli est recontacté par sa mère qui feint vouloir se réconcilier avec lui et lui suggère de rentrer au domicile familial. Piège orchestré de A à Z et réalisé à l’aide de Miller da Silva Barissa et Víctor Roberto da Silva – respectivement âgés de 18 et 19 ans – engagés par la mère afin de « donner une leçon » à son fils. Lorsque Itaberli Lozano arrive, cachés dans la résidence, ils lui tombent dessus et le passent à tabac sous les yeux de sa mère. Celle-ci leur demande même de le tuer, mais les deux jeunes gens refusent. C’est ainsi qu’elle s’empare d’un couteau de cuisine et poignarde son propre fils déjà à l’agonie.
Suite à quoi, aidée de son époux, elle transporta le corps dans un champ voisin pour « l’incendier ».

À l’heure actuelle, [nom de la mère] est incarcérée dans une prison pour femmes de Darío Rosa et encourt une peine de 30 ans d’emprisonnement.

Le Brésil : un meurtre homophobe par jour

Ce meurtre, d’une cruauté que l’on croit inégalable, s’inscrit dans une longue suite d’assassinats et d’agressions homophobes qui ont lieu chaque année au Brésil. Pays qui par ailleurs, comprend la plus grande communauté catholique au monde avec 123 millions de fidèles pour 200 millions d’habitants et récemment qualifié de « Champion du monde des meurtres homophobes » selon l’ONG Groupe Gay de Bahia. En effet, celui-ci concentre actuellement 44 % du total des assassinats homophobes. Soit le taux mondial le plus élevé. 
Un « paradoxe » alors même que le Brésil est devenu, en 2013, le troisième pays Latino-Américain pour lequel le mariage homosexuel est légal. Malgré le fait que cette décision ne fut pas votée au parlement mais directement validée par le conseil national de justice. Autrement dit, si les habitants ne devaient compter que sur les élus politiques, on comprend aisément que le droit aux couples homosexuels de pouvoir se marier ne serait toujours pas acquis à l’heure actuelle, ce qui rend de suite la chose moins paradoxale. D’autant plus lorsque l’on sait qu’à l’image de ce projet de loi, plutôt controversé, était en discussion au parlement, et toujours en ce moment, une loi prévoyant de permettre aux psychologues de réaliser des « traitements » pour guérir les homosexuels. Paradoxe du Brésil dont sa vitrine, Rio de Janeiro, est l’une des destinations préférées des touristes gays du monde entier, mais où la vie au quotidien peut rapidement se transformer en cauchemar et où rien ne semble pouvoir enrayer la violence latente et l’homophobie croissante d’une partie de la société.


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