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Une crise politique toujours ouverte

Brésil : le chef d’orchestre de l’impeachment de Roussef, Eduardo Cunha, lui aussi destitué.

Eduardo Cunha, président de la chambre des députés suspendu en mai dernier et lié au PMDB de l’actuel président Michel Temer, a été à son tour destitué pour des faits de corruption. Comble de l’ironie, pour celui qui a été le chef d’orchestre de la destitution de l’ex-présidente et un des appuis pour l’arrivée à la présidence de Michel Temer.

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Nina Kirmizi

Le chef d’orchestre de l’impeachment destitué…

 
Dans un contexte où l’économie brésilienne est frappée de plein fouet par la récession, Eduardo Cunha aura pourtant été un des activistes les plus fervents de la destitution de l’ex-présidente dont le projet pour la frange la plus à droite de l’échiquier politique est l’accélération de la mise en place des plans d’attaque patronaux contre les travailleurs et les classes populaires. Les accusations portent sur ses comptes en Suisse sur lesquels reposent plusieurs millions de dollars et qui auraient été alimenté par le même système de pot-de-vin lié au groupe Petrobras qui ont fait chuter l’ex-présidente Dilma Roussef. Avec 450 voix pour, 10 contre et 9 abstentions, Eduardo Cunha, arrivé à la tête de la chambre des députés en février 2015 sur la base d’une alliance entre le Parti des Travailleurs et sa formation, le Parti du Mouvement démocratique Brésilien (PMDB), est désormais inéligible jusqu’en 2027.

Proche des milieux évangélistes, cet ultraconservateur farouchement opposé à la légalisation de l’avortement, principale artisan du putsch, concentre sur sa personne et celle de Michel Temer, une grande partie des critiques et de la haine des partisans du PT et de l’opposition d’extrême-gauche qui protestent contre le coup d’Etat. En effet, les manifestations fleuves qui ont occupé les rues des grandes villes du Brésil ces derniers jours expriment la véritable rancœur de toute une frange de la population, son rejet de ce putsch anti-démocratique, et son opposition à la mise en place d’attaques patronales que le gouvernement Temer, soutenu par les franges les plus radicalement conservatrices de la bourgeoisie du Congrès et du Parlement sont en passe d’imposer.

« Eliminer le bourreau ! » et calmer la rue

 
Voilà l’objectif que poursuit le programme de la droite pour contenir le mouvement social en pleine recrudescence et qui continue à réclamer « Fora Temer ! ». Livrer à la vindicte populaire Eduardo Cunha, faisant mine de donner des gages à la rues, pour mieux se blanchir. L’idée pour la bourgeoisie est bel et bien d’éviter à tout prix la prolongation d’un mouvement social d’ampleur, alors que le nouveau gouvernement cherche à faire passer son projet de contre-réforme du marché du travail et de la sécurité sociale dont les modalités sont extrêmement brutales : contrats de travail à l’heure, augmentation de la journée légale de travail jusqu’à 12 heures (contre 8 actuellement), suppression des conventions collectives, baisse des salaires, réduction de la durée des vacances, etc…

Il n’est pourtant pas certain, ni souhaitable, que la destitution de Cunha suffise à calmer la rue. Y compris le PT qui cherche à canaliser la contestation et une voie de sortie électoraliste en transformant le mot d’ordre « Fora Temer » en « Direitas Já » - « Temer dégage » en « élections anticipées » - a pu rapidement être dépassé par l’ampleur de la contestation et par l’incroyable illégitimité de ce gouvernement auprès de larges franges de la population. Face à l’ampleur des attaques qui se préparent, la lutte pour exiger la chute du gouvernement Temer doit, pour avoir des chances de succès, partir des lieux de travail, par la grève, des débrayages et des piquets ; et s’engager également dans une bataille avec la centrale majoritaire et liée au PT, la CUT, pour exiger qu’elle sorte de la passivité à l’égard du gouvernement et soit conséquente avec la politique qui réclame « Fora Temer ».


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