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Brexit : Vers une sortie de crise ? Des incertitudes nombreuses

A l'approche d'un nouveau sommet européen le 18 octobre prochain, le Financial Times, bible des financiers londonien, fait courir la nouvelle selon laquelle Theresa May, Première ministre du gouvernement britannique, aurait réuni son cabinet restreint pour l'informer qu'un accord sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne serait imminent

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A l’approche d’un nouveau sommet européen le 18 octobre prochain, le Financial Times, bible des financiers londonien, fait courir la nouvelle selon laquelle Theresa May, Première ministre du gouvernement britannique, aurait réuni son cabinet restreint pour l’informer qu’un accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne serait imminent. Mais ce ne serait pas la première fois qu’une telle annonce ne se concrétise finalement pas par un accord entre Londres et Bruxelles. La City londonienne, de même que les secteurs industriels tels que l’automobile et les entreprises européennes dans la logistique et le transport, prévoient tous un ralentissement important de leur activité en cas de « no deal » et de Brexit dur, tandis que le prochain sommet européen est posé comme date butoir pour trouver un accord entre les deux parties.

D’un côté la place financière londonienne, la City, ainsi que les secteurs industriels tels que l’automobile, notamment Jaguar Land Rover qui exporte 90% des voitures produites au Royaume-Uni avec des composantes fabriquées hors Grande-Bretagne, sont fortement imbriqués dans l’économie de la zone euro. Et alors que les banques et autres entreprises du tertiaire ont d’ores et déjà renoncé au passeport européen leur facilitant les opérations financières sur le sol de l’Union Européenne, la perspective d’un Brexit dur n’est pas sans inquiéter fortement la plupart des grosses banques, qui ont par ailleurs déjà annoncé le départ de leurs sièges vers Paris, Francfort ou Amsterdam, pendant que Nissan, Toyota et Jaguar prédisent des délocalisations, entre autres vers la Slovaquie et l’Europe de l’Est, avec des dizaines de milliers de suppression d’emplois à la clé ; c’est-à-dire en faisant payer la facture aux travailleurs.
Face à cela, Theresa May tente tant bien que mal d’aboutir à un accord avec la commission européenne, en négociant un accord de libre échange pour les marchandises, tout en revendiquant l’indépendance britannique pour ce qui est des normes industrielles, environnementales, et agricoles, ainsi que la possibilité de signer des accords avec d’autres puissances – telles que les États-Unis d’Amérique de Donald Trump – indépendamment du reste de l’Union Européenne. Mais cette dernière ne compte pas laisser le Royaume-Uni sortir vainqueur du bras de fer engagé depuis le référendum du Brexit en juin 2016. D’autant plus qu’il s’agit pour les puissances dirigeantes, encore incarnées par l’axe Macron-Merkel, de faire une démonstration de force afin de dissuader les autres membres de l’Union Européenne, notamment l’Italien Matteo Salvini, de s’aventurer à remettre en cause les traités européens. En clair, il s’agit pour Macron de s’affirmer comme chef de file des pro-européistes contre les souverainistes, à travers la mise au pas d’une Theresa May entrée au gouvernement suite au référendum de 2016 où elle avait soutenu la sortie de l’Union Européenne.

D’où l’introduction dans les négociations de la question de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Michel Barnier, le négociateur de l’Union Européenne, a affirmé le 10 octobre dernier qu’un accord entre les deux parties impliquerait la mise en place de contrôles administratifs entre la Grande Bretagne et l’Irlande du Nord, afin que cette dernière reste alignée sur la réglementation européenne et éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande. Mais il est clair que raviver le conflit nord-irlandais n’est pas souhaitable pour la bourgeoisie européenne et cet argumentaire joue surtout en dernière instance un rôle de moyen de pression contre le gouvernement conservateur de Theresa May. En effet, la marge de manœuvre est faible pour celle-ci, puisqu’elle doit, pour faire valider au Parlement du Royaume-Uni un éventuel accord avec la commission européenne, pouvoir compter sur les députés du Parti Unioniste Démocrate (DUP), formation politique réactionnaire représentante du colonialisme britannique en Irlande. Or, les unionistes menacent de ne pas voter l’accord s’il implique de maintenir de fait l’Irlande du Nord dans l’Union Européenne, et d’affaiblir ses rapports commerciaux avec la Grande-Bretagne. L’annonce du Financial Times selon laquelle elle aurait accepté l’accord avec Bruxelles impliquant les conditions vis-à-vis de l’Irlande pourrait donc entraîner un blocage de la part du DUP. Cette situation déclencherait la mise en place d’élections anticipées, à travers lesquelles le Labour espère pouvoir se remettre en selle.

PHOTO : Daniel LEAL-OLIVAS / AFP


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