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Brigitte Klinkert, la ministre à l’insertion qui militait pour le travail gratuit des allocataires du RSA

Brigitte Klinkert, la ministre déléguée au près de la ministre du travail, chargée de l’insertion, militait lorsqu’elle était présidente du conseil départemental du Haut-Rhin pour le travail gratuit des allocataires du RSA à hauteur de sept heures par semaine.

Margot Vallère

10 juillet 2020

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Crédit photo : AFP

La nomination à des postes ministériels de personnalités issues de la droite républicaine telles que Roselyne Bachelot à la culture ou de la promotion de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur, en plus de la nomination de Jean Castex au poste de Premier ministre signe le virage à droite du gouvernement ainsi qu’un certain retour d’une « droite sarkozyste ». En effet, le président de la République, en remaniant le gouvernement au début de la semaine assume ce virage à droite, en choisissant notamment deux ministres ayant officié sous Sarkozy : Bachelot et Lemaire.

A l’insertion, Macron a choisi Brigitte Klinkert, ancienne présidente du conseil départemental du Haut-Rhin qui avait fait parler d’elle en 2016 en s’attaquant ouvertement au RSA. Après le rejet de sa proposition anti-social par le préfet de l’époque et le refus de la justice administrative ainsi que du tribunal de Nancy l’année suivante, cette dernière avait finalement été autorisée dans un arrêt de conseil d’État en juin 2018.

Brigitte Klinkert avait fait polémique en mettant en place un dispositif qui consistait, à l’origine de manière obligatoire puis de manière facultative, à faire travailler gratuitement les allocataires du RSA à hauteur de sept heures par semaine dans des hôpitaux, associations ou collectivités locales. Une sorte de « bénévolat forcé » qui vise à culpabiliser d’avantage les allocataires du RSA, déjà fortement précarisés, qui pour survivre n’ont droit qu’à une allocation ne dépassant pas les 600 euros par mois.

Le 10 juillet, la nouvelle ministre chargée de l’insertion s’est vantée sur le plateau de BFM Buisness des résultats d’une telle mesure dans son département d’origine. Dans un entretien accordé au Parisien en juin 2018, elle expliquait déjà fièrement que « 800 allocataires sur 1700 que comptent le département ont signé volontairement des contrats d’engagement de bénévolat ».

En brandissant ces chiffres, elle a fait jeudi matin l’apologie d’une telle mesure qui en plus de redonner à ces chômeurs et une raison de se lever le matin et un sens à leur vie selon ses mots, car il est d’avis au gouvernement que les français « trouveraient leur dignité dans le travail », (c’est du moins ce qu’avait affirmé Macron dans une de ces allocutions pendant le confinement), aurait permis à certains allocataires du RSA de retrouver un emploi suite à leur expérience bénévole.

Malgré le succès présenté par la ministre, elle s’est défendue de vouloir généraliser toutes les politiques qu’elle a mis en place dans son département, et notamment celle d’étendre au niveau national cette dernière mesure concernant le RSA. Pourtant quinze départements l’auraient déjà suivi sur le chemin de la culpabilisation des chômeurs, ici présentés comme reconnaissants de toutes les initiatives que l’État prendrait pour eux, et toujours selon les mots de la ministre « heureux de faire du bénévolat ».

Seulement, on sait que la vie d’une personne bénéficiant seulement du RSA est déjà un parcours du combattant, entre la précarité imposée par un très faible revenu ne couvrant qu’à peine les dépenses essentielles, les boulots précaires à la suite et les démarches administratives et la recherche permanente d’un emploi. Face à cette précarité la solution de madame la ministre est donc de leur imposer sept heures de bénévolat.

Malgré le fait qu’elle se soit défendu de vouloir l’imposer sur tout le territoire, il est évident qu’une telle mesure s’inscrirait parfaitement dans la lignée de contrôle des allocataires de prestations sociales, que Macron et ses prédécesseurs ont œuvré à minimiser, mandat après mandat. Ce sont pourtant eux qui depuis des années, brisent le code du travail, cassent le service public et suppriment des emplois par milliers. Faire travailler gratuitement ces prestataires est un pas de plus vers la culpabilisation des chômeurs et permet au gouvernement de pouvoir continuer à licencier d’un côté, et faire travailler plus pour moins de salaire, de l’autre.


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