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Sur le front en faveur de la loi travail

CFDT. Pour Berger « il faut aller au bout » et imposer la loi travail

Ce mardi 28 juin, Laurent Berger était l'invité de l'émission « Les 4 vérités » sur France 2. Profondément attaché à la loi travail, le secrétaire général de la CFDT a été explicite : "Il faut aller au bout" et imposer la version gouvernementale du texte. Julian Vadis

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Si le gouvernement « ne va pas au bout, la CFDT se mettra en travers de sa route » : le soutien de Berger sous la forme d’une menace

Bien évidemment, le fait que Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, se positionne du côté du patronat et du gouvernement français sur le dossier loi travail n’est pas un scoop. Dès les prémices du mouvement, le chef de file de la centrale syndicale entrait dans le jeu des négociations de bouts de chandelle, se désintéressant totalement des répercussions de l’attaque sur l’ensemble du monde du travail. Mais avec ses déclarations à l’antenne de France 2, Laurent Berger a franchi un cap.

Un recul du gouvernement serait "une profonde erreur" selon le leader CFDTiste. Et il n’est même pas question d’un retrait total de la loi travail, mais de la remise en question de l’article 2 sur la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. Pour Berger, la simple hypothèse d’un droit de regard "à priori et à postériori" est à exclure. Et le message est on ne peut plus clair : "S’il y a un recul sur l’article 2, la CFDT serait vent debout et complètement opposée [...] Il faut aller au bout, et si le gouvernement ne le fait pas, la CFDT se mettra en travers de sa route". Un soutien à la politique pro-patronale jusqu’au-boutiste du gouvernement prenant la forme d’une menace. Le soldat Berger est bel et bien au garde à vous... sur le front.

Le 49.3 ? « Pas la bonne méthode »... mais pas le problème de la CFDT

Interrogés au sujet de l’emploi du 49.3, auquel 73% de la population est opposé, Laurent Berger a préféré esquiver la question. Pour le secrétaire général, le 49.3 n’est "pas la bonne méthode, mais c’est le problème du gouvernement et de sa majorité". La violente imposition d’une politique pro-patronale n’est donc pas le problème de la CFDT selon son propre leader, ventant pourtant à longueur d’interview les soi-disant « bienfaits » du dialogue social entre les organisations syndicales de salariés, le gouvernement et les syndicats patronaux.
Laurent Berger a préféré s’engager sur un terrain plus politiquement correct - et moins glissant pour sa politique - celui du "problème" des "casseurs" en manifestations : "Il y a une vrai montée de la violence, et ça c’est quelque chose qu’il faut combattre [...] Moi, je ne confonds pas les casseurs et les manifestants. Ça n’a rien à voir. Par contre il est normal qu’il y ait, de la part des organisateurs et de la Police, de la vigilance et il en faut".
Une fois de plus, Laurent Berger apporte un soutien total à la ligne du gouvernement, jusque sur le terrain de la répression policière.

Ce 28 juin, le secrétaire général de la CFDT est même allé plus loin pour appuyer le gouvernement. En effet, dans une interview pour le journal L’Opinion, Laurent Berger a ainsi proposé un compromis : un aménagement de l’article 13, pour renforcer le rôle de la branche professionnelle, comme le demandent FO et CGT. Soit réaffirmer le rôle de régulation des branches sans toucher au fondement de la loi : la primauté des accords d’entreprises permettant, dans un très grand nombre de cas, de faciliter la négociation de gré à gré : c’est à dire directement de patron à employé, privant ce dernier de sa seule arme : la force collective. Une capitulation à tous les niveaux, agrémentée par un discours de dénonciation de la détérioration de permanences CFDT, qui place Laurent Berger dans la position de numéro 1 en matière de défense de la politique gouvernementale.

Des conséquences en internes ? La base militante de la CFDT doit désavouer Berger !

Face à un discours aussi explicite, le matin d’une manifestation extrêmement quadrillée, réprimée et où la simple présence à une assemblée générale a valu à plus de 200 personnes plusieurs heures de nasse policière, la question d’un retour de bâton se pose. Alors que plusieurs syndicats, unions locale et départementales CFDT ont, tout au long de la mobilisation, affiché des désaccords avec la ligne du secrétaire générale, un tel discours pourrait avoir des répercussions en interne. En effet, un tel jusqu’au-boutisme dessine les contours d’une ligne de fracture nette avec les éléments les plus réfractaires à la ligne tenue par Berger. L’inconnu réside sur une donnée manquante : Cette ligne de fracture va-t-elle minoriser ou non Laurent Berger auprès de la base militante.

Il est évident que Laurent Berger, avec une position aussi tranchée, tente d’asseoir son autorité, et pèsera de tout son poids pour que la grogne soit limitée à un noyau dur contestataire minoritaire. Mais avec un positionnement aussi clairement pro-gouvernement - ce dernier battant chaque jour des records d’impopularité - le pari est très risqué. Et c’est bel et bien la base militante qui détient la clé. Une présence accrue de drapeaux CFDT dans la rue contre la loi travail et la multiplication de critiques acerbes en interne sur la politique de Berger mettrait un sacré coup au défenseur numéro 1 de la politique Valls / Hollande.


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