Julian Vadis
Le feuilleton est loin d’être terminé, mais l’épisode de ce 8 décembre nous offre déjà un bel aperçu de la souplesse de l’appareil judiciaire lorsqu’il s’agit de statuer sur un ex-ministre. 3 ans de prison ferme et 5 ans d’inéligibilité, voila la sentence prononcée à l’encontre de Jérôme Cahuzac, l’homme chargé de lutter contre l’évasion fiscale par le président Hollande et qui se voit condamné ... pour fraude fiscale et blanchiment d’argent. Une affaire qui avait fait grand bruit, jetant une ombre (de plus) sur le bilan déjà plus très rose du quinquennat socialiste.
Au-delà des cris d’orfraies de Cahuzac et de ses avocats, 3 ans de prison ferme est une sentence clémente pour un justiciable ayant camouflé 3,5 millions d’euros. Il suffit de rapprocher ce jugement avec ceux qui tombent habituellement contre les classes populaires comme celui concernant un SDF ayant volé un paquet de riz ou celui-ci contre un homme ayant volé un fromage après 72 heures à jeun. D’autant plus que Cahuzac a d’ores et déjà fait appel, et donc qu’il n’est pas dit que sa peine soit confirmée et qu’en attendant, celui-ci est ressorti libre. Et puis, il pourra remettre le couvert d’ici 5 ans et la fin de son inéligibilité.
3 ans de prison : cela sera-t-il suffisant pour sauver la caste ?
Cependant, si la justice semble avoir fait le « minimum politique » à travers son verdict, force est de constater qu’il est bien rare de voir condamner à de la prison ferme l’un des représentants de cette caste en costards-cravate habituée aux scandales et aux magouilles à répétition. Mais cette fois, il faut croire que Cahuzac était allé trop loin pour Hollande et sa République soi-disant « exemplaire ». Dans le contexte de la crise de représentation qui touche les partis dominants, il fallait blanchir cette caste politique et Cahuzac s’est trouvé être une prise de choix.
C’est en ce sens que la procureure avait recommandé aux juges de procéder à une sanction plus élevée qu’habituellement dans ce genre d’affaires, dont la clémence « propage l’idée qu’il existe une impunité des puissants » et favorise« les comportements de rupture ». A quelques mois seulement de la mobilisation contre la loi travail et face au programme de combat de Fillon, il y avait en effet urgence à marquer le coup.
Pourtant, ce n’est pas la condamnation de Cahuzac qui nous fera oublier ce que sont ces hommes politiques dominants et les intérêts qu’ils servent. Que ce soit du côté de Valls, et de ses voyages en jet privé aux frais de l’Etat pour aller voir la finale de la ligue de Champions ; ou encore de Fillon et de ses magouilles, c’est bien à l’ensemble de cette caste qu’il va falloir nous attaquer. Et surtout du programme qu’ils nous préparent pour 2017 : toujours plus d’attaques contre nos droits et nos conditions de vie.
