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Calais. Au réveillon de Noël, la justice ordonne l’expulsion des migrants vivant sous les ponts

Ce jeudi 24 Décembre, jour du réveillon de Noël, la justice qui avait été saisie par la mairie de Calais rend son verdict et ordonne aux migrants réfugiés sous plusieurs ponts de la ville de partir sans délai, sous peine d’avoir à faire aux forces de répression que la mairie pourra désormais mobiliser à cet effet.

Hagop Zimmer

25 décembre 2020

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Crédit : Denis Charlet / AFP

La chasse aux migrants ne s’offre jamais de trêve à Calais. Un mantra que mème Noël ne saurait faire démentir, preuve s’il en est cette décision de justice infâme, dans la droite lignée des précédentes, rendue en ce jour de réveillon. Décision obligeant des migrants ayant trouvé refuge sous plusieurs ponts de la ville de Calais, à plier bagages de nouveau sous peine de répression.

En effet, le juge des référés du tribunal administratif de Lille a estimé dans sa décision que les migrants “sont installées dans des conditions de sécurité et de salubrité particulièrement dégradées” et que l’expulsion présente donc “un caractère d’urgence et d’utilité “ compte-tenu de “risques graves et immédiats”, auxquels seraient exposés les migrants, et “d’impératifs de sécurité, de tranquillité et de salubrité publiques". Le tribunal estime par ailleurs qu’il "est constant que l’Etat a prévu en novembre 2020 et met en oeuvre à Calais un dispositif humanitaire en faveur de la population migrante, garantissant une mise à l’abri, une prise en charge spécifique des mineurs isolés, un accès aux soins et à des structures sanitaires, ainsi que la distribution de repas". Il ajoute : “Dans ces conditions, la demande de la commune ne se heurte à aucune contestation sérieuse ».

Une décision d’une justice qui appuie la xénophobie d’Etat et qui balaie d’un revers de manche la réalité de la vie des migrants, ainsi que les témoignages des associations de la ville, qui se défendent de ces conclusions dans un communiqué où ils montrent le cynisme de cette décision en pointant la politique de la ville qui en refusant l’immigration, qui contraint in fine les migrants à dormir sous les ponts de la ville. "Face aux expulsions brutales de lieux de vie qui se sont succédé ces derniers mois, face à la pose de grillages ou au déboisage de zones entières de la ville afin d’empêcher toute installation, de nombreuses personnes ont été contraintes de se réfugier sous les ponts".

Cette mesure d’expulsion concerne environ 80 tentes disséminées sous les ponts de la ville, soit plus d’une centaine de personnes. “Alors que Calais s’illumine et offre à ses habitants la possibilité de célébrer les fêtes de fin d’année, il n’y aura pas de trêve à Noël pour plusieurs centaines de personnes exilées vivant sous les ponts de la ville [...] dont des enfants", rappellent les associations. Quelques jours plus tôt, les autorités avaient déjà fait expulser près de 120 migrants à Calais. À cette occasion, deux associations (l’Auberge des migrants et le collectif Human Rights Observers) rappelaient dans l’Alsace que "plus de 900 expulsions ont été recensées à Calais [...]" et ce depuis le 1er janvier 2020. Une réelle traque mise en œuvre par les autorités, qui ne laisse aucun répit aux migrants et qui oeuvre avec des "méthodes humiliantes des pouvoirs publics". Les associations exhortaient alors déjà "les pouvoirs publics à mettre fin à cette politique inhumaine de traque et d’expulsion” sur cette aire géographique où est concentrée depuis des années une population migrante, tentant le passage vers la Grande-Bretagne en montant dans des camions ou en traversant la Manche sur de petites embarcations.

Alors que les migrants sont en première ligne des plus démunis face à la pandémie de Covid-19, il est urgent de s’organiser et de se battre pour imposer un programme et des mesures à la hauteur des enjeux. En ce sens, nous revendiquons : l’ouverture des frontières et le libre droit de circulation et d’installation, et donc la régularisation de tous les sans-papiers ; un logement décent pour toutes et tous, et donc la réquisition de tous les logements vides.


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