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Police

Campagne pro-flics d’EELV : la police qui nous matraque ne sera jamais de notre côté !

Depuis quelques semaines, le parti écologiste EELV a lancé une campagne à coups de tweets et d’actions pour appeler à ce que la police rejoigne les rangs de la mobilisation en cours. Une politique aussi réactionnaire qu’indécente qui entretient l’illusion d’une possible fraternisation avec la police en pleine vague de répression et de réquisition des grévistes.

Maëva Amir

30 mars 2023

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Campagne pro-flics d'EELV : la police qui nous matraque ne sera jamais de notre côté !

Crédits : Marine Tondelier / Twitter

Lors de la dernière manifestation du 23 mars appelée par l’intersyndicale, Europe-Ecologie les Verts organisait une action symbolique avec pour mot d’ordre « Des coquelicots, pas des lacrymos ». Des élus EELV ont alors déposé des fleurs aux pieds des policiers en guise de protestation. Difficile de savoir si cette action présentée par Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, comme « une action non-violente » contre les violences policières et les arrestations arbitraires était plus ridicule ou réactionnaire. Elle s’inscrit dans la campagne pro-police menée par EELV depuis quelques semaines qui vise à entretenir l’illusion d’une possible fraternisation avec le bras armé de l’Etat dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.

En effet, alors que la répression du mouvement contre la réforme des retraites s’intensifie, des cadres d’EELV appellent depuis quelques semaines à ce que la police rejoigne le mouvement ou à ce qu’elle n’applique pas les consignes de maintien de l’ordre. Sandrine Rousseau, députée EELV, a exprimé à plusieurs reprises cette position, et ce même après que des étudiantes ont été agressées sexuellement par la police à Nantes lors d’une nasse.

Dans un deuxième tweet, elle poursuivait en expliquant que la police serait là pour « maintenir la paix » et non pour « appuyer un projet politique ». C’est ce qu’essayent de nous faire croire également tous les politiciens réactionnaires qui condamnent la « violence » des manifestants, Darmanin, Macron, Ciotti et Le Pen en tête.

Pas plus tard que lundi, Marine Tondelier rappelait qu’elle n’avait pas de problème avec la police mais plutôt avec le « nombre de dérapages », euphémisant ainsi les actes barbares commis par les policiers lors de la manifestation de Sainte-Soline. Une position d’autant plus indécente quand on sait que deux manifestants sont entre la vie et la mort, qu’une AESH a eu le pouce arraché lors des manifestations contre la réforme des retraites, qu’un cheminot a été éborgné.

Cette campagne menée par EELV cherche à faire croire qu’il y a des bons et des mauvais flics, qu’il suffirait de convaincre pour qu’ils arrêtent, en plus de réprimer les mouvements sociaux, d’éborgner les Gilets Jaunes, de faire la chasse aux sans-papiers, d’humilier et de tue des jeunes de quartiers populaires tout au long de l’année. Rappelons-nous d’Adama Traoré tué par des gendarmes en 2016, de Yanis mort percuté par la police en 2021, de Nordine criblé de balle par la BAC en 2021, la liste pourrait être longue tant la police a su prouver son racisme endémique et ses méthodes crasses dans les quartiers populaires.

La position d’EELV entretient une illusion profondément ancrée, qui s’effrite massivement ces derniers jours, mais que ce parti de la gauche bourgeoise tient à conserver : celle selon laquelle la police pourrait être « convaincue » de rejoindre le mouvement en cours. Pourtant, la police a démontré à de nombreuses reprises dans le cadre du mouvement sa fonction première, celle de protéger un gouvernement anti-démocratique, de briser la contestation en cherchant à terroriser les manifestants et en cassant les grèves à coup de répression sur les piquets. C’est cette même police qui vient réquisitionner les raffineurs de Normandie pour leur imposer la reprise du travail, la même qui déloge le piquet de la Tiru d’Ivry.

Contre toute forme d’illusion pacifiste vis-à-vis de la police, la situation actuelle devrait au contraire permettre de révéler à large échelle le rôle de cette institution c’est-à-dire celui de maintenir l’ordre existant et de réprimer la contestation. Les policiers ne sont pas des travailleurs comme les autres, nous écrivions d’ailleurs déjà en 2016 pour dialoguer contre cette idée : « La croyance selon laquelle on pourrait convaincre idéologiquement la police, les rapprocher de nos idées, existe largement. Sur la forme, le fait que les policiers perçoivent un salaire, aient une hiérarchie, se plaignent de la « politique du chiffre », regrettent le « manque de moyens » etc., peut laisser de prime abord imaginer des similitudes avec les conditions de travail, la casse du service public, l’exploitation et le règne des petits chefs, que vivent des millions de travailleurs : soit, une certaine communauté d’existence et d’intérêts. Cette vision aboutit logiquement au pacifisme : on peut et doit discuter posément avec les policiers qui manifestent, et les choses iront dans le bon sens. Or c’est oublier un élément essentiel : l’institution policière est un — sinon le — pilier central de l’ordre, et pas de n’importe quel ordre : celui de l’État bourgeois. »

C’est aussi ce qu’Elsa Marcel avocate et militante à Révolution Permanente rappelait sur le plateau de C Politique « les policiers ne peuvent pas éborgner le jeudi et manifester le lundi. […] Ce qui compte c’est le rôle que joue l’institution. » Un rôle d’autant plus clair que le gouvernement ne tient désormais que par la matraque, les gardes-à-vue et l’application des mécanismes anti-démocratiques de la Vème République.

Nous n’avons rien à attendre de la police, et les espoirs placés dans cette institution ne font que générer de la confusion et repousse les tâches prioritaires à l’ordre du jour : s’organiser face à la répression, défendre les piquets face aux réquisitions et élargir la grève. En ce sens, il faut dès à présent organiser un front large contre la répression en solidarité aux manifestants placés en garde à vue et aux grévistes réprimés sur les piquets. Cela passe par la multiplication d’initiatives telles que celle du rassemblement à la raffinerie de Normandie à l’appel du Réseau pour la Grève Générale pour reprendre les piquets, s’opposer farouchement aux réquisitions et à la répression du mouvement.


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