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Ouverture du festival

Cannes 2017. Sous état d’urgence, une édition qui oscille entre sexisme ordinaire et culture du viol 

La 70e édition du Festival de Cannes a ouvert ses portes sous un important dispositif policier, conséquence de l’état d’urgence et en véhiculant le sexisme ordinaire et la culture du viol.

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Avant d’aller fouiller dans les débris du cinéma français, il serait bon à l’occasion de cet anniversaire de rappeler ce qu’est le festival de Cannes. Fondé en 1946 par le ministre de l’Education nationale et des Beaux Arts du Front Populaire, il verra naître la nouvelle vague française avec des films tel que Les Quatre-Cent Coups de Françoise Truffaut ou encore Hiroshima, mon Amour de Alain Resnais. En 1968, le festival a été annulé en solidarité avec les mouvements de grève ouvrière et étudiante qui traversaient la France. Des origines qui tranchent avec la réalité du festival aujourd’hui, devenu au fil des décennies un événement exacerbant les « valeurs » du patriarcat et du capitalisme.

Un an et demi après la mise en place de l’état d’urgence et 10 mois après les attentats de Nice

Au-delà de l’augmentation de jardinettes pour faire barrage à un éventuel véhicule terroriste, c’est bel et bien une armada policière qui a été déployé pour cette édition qui s’inscrit depuis bientôt deux ans dans un contexte d’état d’urgence. La municipalité a fait appel à des « citoyens vigilants » qui sont censé opérer en tant qu’œil et oreille de la police en se fondant dans la foule en plus du dispositif policier, dont on sait seulement qu’il sera « renforcé » et « plus visible » que l’année précédente et agrémenté de 550 caméras de surveillance dans la ville.

Une parité femme/homme à toute épreuve ?

Sur les soixante-dix éditions de ce festival, nous n’avons eu l’occasion de ne voir qu’une seule femme recevoir la Palme d’or. C’était en 2014 et il s’agissait de Jane Campion pour son film La leçon de piano. En cette année 2017, sur 19 films concourant, seulement trois sont réalisés par des femmes (Vers la Lumière de Naomi Kawase, Les Proies de Sofia Coppola et You were never really here de Lynne Ramsay). Si on va chercher du côté du jury de cette année présidé par Pedro Almodovar, seulement quatre femmes pour cinq hommes dans la catégorie des longs métrages.
Polanski pire que le ténia, colle aux basques du cinéma français
Polanski sera aussi de la partie, après avoir dû renoncer à la présidence de la cérémonie des césar à cause des accusations de « rapports sexuels illégaux sur mineur » datant de 1977. Il présentera un film hors compétition, sûrement une manière d’atténuer les polémiques. Cependant, ça ne trompe personne. Le Grand Monde du cinéma français s’accorde pour apporter une défense à l’accusé, tous faisant preuve d’une culture du viol exacerbée, avec notamment Deneuve qui nous explique de manière décomplexé qu’il a toujours aimé les jeunes femmes et que la victime « faisait plus jeune que son âge ». Il y a donc consensus à protéger l’un des représentant « artistique » de la classe dominante dans la profession, justifiant les actes les plus abjects avec un cynisme qui donne la nausée.

Cette année encore, Cannes sera le théâtre d’une mascarade mondaine qui aura plus des allures de rallye entre bourgeois de bonne famille cinématographique que de véritable consécration. Le tapis rouge attirera les regards, jetant dans l’ombre des coulisses es intermittents (et leurs luttes) qui travaillent chaque jour pour permettre aux grands pontes de pouvoir se pavaner dans la lumière.


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