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Du fric pour l'hôpital public !

Colère des sages-femmes : Véran donne des miettes pour calmer les précaires de l’hôpital public

Hier, après des mois de mobilisation, un accord a été signé entre une majorité de syndicats du secteur hospitalier des sages-femmes et le ministre de la Santé, Olivier Véran. Alors que gouvernement et médias bourgeois se vantent d'« un engagement de 100 millions d’euros en 2022 », derrière les millions annoncés, se cache une toute autre réalité. Toujours pas de fric pour l’hôpital public et des sages-femmes toujours méprisées !

Maëva Amir

23 novembre 2021

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Crédits photo : AFP/Archives / MIGUEL MEDINA

Rien de nouveau sous le soleil de Macronie : des miettes et du mépris

Après des mois de mobilisations intenses, les sages-femmes ont eu accès à une petite partie de leurs revendications ; elles toucheront 500€ de plus par mois. Si l’on peut se réjouir de ces miettes arrachées aux mains d’un gouvernement toujours plus méprisant envers les professions médicales, même en période de crise sanitaire, ces 500€ ne sont en réalité pas une victoire totale pour les sages-femmes. A y regarder de plus près, ces 500€ incluent en fait 183€ déjà prévus lors du Ségur de la Santé, 240€ de prime d’exercices médicaux ce qui rapporte seulement à 78€ nets en moyenne la véritable augmentation salariale des sages-femmes pour les hôpitaux publics…. Bien loin des effets d’annonce.

Comme si cela ne suffisait pas, cette prime ne concerne pas toutes les sages-femmes. Celles qui appartiennent à la fonction territoriale et exercent en PMI (Protection Maternelle et Infantile) ne bénéficieront pas des 240€ de prime d’exercice médical. Après négociation, les sages-femmes contractuelles toucheront cette dernière prime mais ne toucheront pas la revalorisation de la grille salariale. Dans une profession largement contractualisée cette décision est un non-sens et révèle la profonde casse du service public qui continue d’être menée par Véran et le gouvernement Macron. Caroline Combot, secrétaire générale adjointe de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) précise également que puisqu’il s’agit d’une prime cela ne rentrera pas dans les droits de retraite des salariées.

Cette prime est également soumise à une obligation de présence ce qui signifie qu’une sage-femme en arrêt maladie ou en congé maternité ne pourra pas la toucher, de quoi étonner dans une profession où du fait des conditions de travail burn-outs et dépressions sont récurrents avant même d’être officiellement entré dans la profession. Une enquête de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF) rapporte que 7 étudiant.es sur 10 en maïeutique présentent des symptômes dépressifs, un chiffre qui augmente au cours des années de formation. En outre Caroline Combot, secrétaire générale de l’ONSSF (Organisation Nationale Syndicale des Sages-Femmes), souligne que « le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales préconisait une augmentation de 600 € mensuels pour les sages-femmes », pas de quoi donc se réjouir.

Olivier Véran a également accordé une année de formation supplémentaire aux sages-femmes, mesure qui faisait partie des revendications des sages-femmes. Cette année en plus est, comme l’explique l’ANESF dans un [communiqué publié aujourd’hui, une manière de « limiter le surmenage » et de « valoriser le diplôme d’Etat de sages-femmes ». En effet, les missions des sages-femmes sont de plus en plus nombreuses et cette année supplémentaire répond à une véritable nécessité. Pourtant, elles expliquent clairement qu’il reste encore à travailler sur « les conditions de travail de la profession pour assurer d’un système de santé des femmes, pérenne, fiable, efficace ».
Dans un contexte de campagne électorale bien entamé le gouvernement Macron cherche à se faire passer pour le sauveur de l’hôpital public et des sages-femmes. Pourtant, il continue à répandre la misère. Ces miettes distribuées sont en réalité une insulte à cette profession essentielle qui a fait partie des premières lignes dans cette crise sanitaire.

Toujours méprisées, toujours oubliées : toujours pas de fric pour l’hôpital public !

Alors que nous entamons une 5ème vague de Covid-19 en France hexagonale, la situation de l’hôpital public continue à se détériorer et ce n’est pas à coup de prime que la situation s’améliorera durablement. En effet, le Ministre de la Santé Olivier Véran, n’a pas accédé aux revendications des sages-femmes en matière de statut et de reconnaissance d’un métier encore trop souvent dévalorisé.

Ce nouveau chèque n’amènera sûrement pas la création de nouveaux emplois dans la fonction publique. Pourtant l’une des revendications principale du mouvement des sages-femmes est le retour sur les décrets de périnatalité négociés en 2019 qui devaient définir et augmenter les effectifs minimums dans les hôpitaux ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les sages-femmes se retrouvent donc avec des gardes de plus de 12 heures et font le boulot de plusieurs personnes au péril des patientes. En même temps, cela empêche le recrutement de nouvelles sages-femmes qui préfèrent ainsi se tourner vers le privé. Ces conditions de travail sont criminelles et mettent en danger la vie de ces travailleuses et des femmes plus largement. Car usagères et sages-femmes (un secteur à 97% composé de femmes), sont les premier.es impacté.es par la dégradation des conditions de travail des sages-femmes et par le manque de moyens.

La mobilisation des sages-femmes n’est pas près de s’arrêter puisqu’un nouveau « week-end noir » est prévu du 26 au 29 novembre à l’appel de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes avec l’appui de la CGT. Pour les signataires de ce mouvement, le nouveau coup de comm’ du gouvernement est « un accord d’étape » qui reste pour autant insuffisant sur la question du statut et des effectifs. De plus, elles veulent continuer à se mobiliser en solidarité avec les collègues qui ne sont pas éligibles à ces primes et déclarent que cette revalorisation n’est toujours pas à la hauteur des responsabilités des sages-femmes.

En ce sens, il faut continuer à soutenir ces travailleuses qui relèvent la tête car soutenir les sages-femmes c’est soutenir l’accès à la santé de toutes les femmes !


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