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Conférence Nationale Jeunes. La jeunesse face à l’état d’urgence

A l’approche de la Conférence nationale jeunes (CNJ) du NPA, une sorte de congrès de ce secteur de l’organisation qui a lieu tous les deux ans, nous publions ici et dans les jours qui viennent l'ensemble des contributions des jeunes du Courant Communiste Révolutionnaire, afin de faire vivre le débat sur revolutionpermanente.fr.

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Les attentats de Paris ont, en quelque sorte, lancé un nouveau sprint gouvernemental pour accentuer son tournant bonapartiste. Surfant sur le glissement de l’ensemble de l’échiquier politique républicain vers la droite, qu’il a lui-même impulsé de par ses réformes libérales et sécuritaires sur fond d’islamophobie d’État, le parti gouvernemental a, par là même, fait de la course aux électeurs FN un sport national. Drapeau bleu-blanc-rouge aux fenêtres, interdictions des manifestations, gardes à vue et assignations à résidence pour les militant-e-s écologistes, perquisitions dans les mosquées, et désormais déchéance de nationalité : ce virage répressif aux couleurs de lepénisation a été brutal pour de nombreux-ses jeunes du « peuple de gauche ». A la gauche du PS, difficile d’apparaître comme une alternative à l’état d’urgence, du vote des crédits de guerre à la collaboration électorale directe avec le front républicain dirigé par Valls, en passant par la participation des députés Front de Gauche dans l’instauration de l’état d’urgence. À nous de saisir cette brèche pour dialoguer avec les nombreux jeunes qui se politisent, et d’incarner un secteur jeune révolutionnaire !

Quelle orientation dans la jeunesse ?

Un programme contre toutes les applications de l’état d’urgence

Universités et lycées ont été marqués par cette escalade répressive : contrôle à l’entrée des universités, interdiction de réunion, mais aussi ambiance de front républicain et de discours martiaux pesant sur l’ensemble de nos lieux d’étude. Comme le disait Besancenot lors du dernier meeting parisien, on est passé « de la chemise arrachée aux gilets pare-balles ». Dans ce contexte, il est important à mettre en avant un certain nombre de revendications démocratiques élémentaires sur nos lieux d’études : droit de réunion, droit de presse, droit d’information, droit à la contradiction. Des revendications d’autant plus importantes qu’on a vu qu’elles résonnaient parmi les étudiant-e-s et lycéen-ne-s avec une réelle envie de débat, pour « comprendre » les attentats du 13 novembre, « comprendre » les raisons des guerres menées par la France, « comprendre » les racines de Daesh. Plus que ce que l’on aurait pu croire, la « pilule » ne passe pas si bien que ça…

Nous pouvons aussi nous appuyer sur les petites mobilisations qui ont eu lieu en solidarité avec les réfugiés, en réponse au racisme et à l’ambiance sécuritaire de ces derniers mois, qui se poursuivent en cette rentrée avec la multiplication des OQTF. Enfin, chaque petite contestation ou mobilisation sur les aspects de la vie étudiante constitue en tant que telle une contestation de l’état d’urgence et de la trêve sociale que veut imposer le gouvernement. Cela peut être pour nous l’occasion de lier les franges les plus politisées du mouvement étudiant avec des secteurs plus larges, comme nous avons pu tenter de le faire au moment de la mort de Rémi Fraisse : « Du fric pour les facs et les lycées, pas pour les flics ni pour l’armée ! »

Une politique (plus) unitaire et (plus) audacieuse

Ces revendications démocratiques peuvent être la base de cadres unitaires larges, pour construire des AG et des mobilisations sur nos lieux d’études. Les deux syndicats étudiants, l’Unef et Solidaires Étudiant-e-s ont, à des degrés différents, pris position contre l’état d’urgence et même contre la guerre. Cela n’a rien d’anodin et témoigne de l’écho que peuvent avoir ces questions dans le milieu étudiant, mais aussi d’une possibilité de reconstruire un outil syndical de lutte pour le mouvement étudiant. Nous pouvons nous appuyer sur ces éléments pour construire des cadres unitaires combatifs, qui rompent enfin avec la morosité du mouvement étudiant organisé de ces dernières années, en cherchant à ce que ces cadres prennent en charge l’ensemble de la bataille : contre l’état d’urgence et la répression, contre le racisme et l’islamophobie, contre la guerre.

Pour l’instant, au delà des déclarations de diverses organisations, il y a très peu d’initiatives concrètes. Les cadres unitaires locaux et nationaux et les échéances que ces derniers s’apprêtent à proposer sont des points d’appui, et nous devons nous emparer des dates de mobilisation. Pour l’instant, le secteur jeune est en deçà du rôle qu’il devrait jouer.

Défendre nos analyses et notre programme

En ce sens, essayer de construire cette réponse du mouvement étudiant et lycéen nous ouvre aussi des portes pour chercher à nous construire en tant qu’organisation de la jeunesse révolutionnaire. Il faut pour cela montrer les fondements plus profonds de cet état d’urgence : celui d’un régime profondément répressif, destiné à asseoir la domination d’une minorité sur une majorité, d’une « démocratie » qui n’en a que le nom et d’un État impérialiste qui mène une guerre acharnée pour détenir un petit pré-carré dans les régions qu’il domine. Il s’agira aussi pour nous de montrer qu’il n’y a aucune différence entre la répression à l’université et la répression qu’ont pu subir les salariés d’Air France ou de Goodyear : pour le gouvernement, il s’agit toujours de faire taire les revendications pour mieux appliquer ses contre-réformes anti-sociales.

Janvier 2016


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