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Crise sanitaire

Covid19. Hôpitaux sous tension : imposons un plan d’urgence pour la santé publique !

En pleine reprise de l’épidémie, l’AP-HP a annoncé les premières déprogrammations d’opérations pour temporiser la situation. Une situation qui révèle à quel point le Ségur de la Santé est loin d’avoir constitué une réponse aux problèmes de l’hôpital public, brisé par des décennies de politiques austéritaires.

Antoine Bordas

26 septembre 2020

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Crédits photo : AFP

La semaine qui vient de s’écouler a été marquée par une hausse importante de l’ensemble des indicateurs permettant de suivre l’évolution du Covid-19. Selon Santé Publique France, la dernière annonce, par tranche de 24h faisait état de plus de 16 000 nouveaux cas, un nouveau « record ». De plus, ce sont 4.258 personnes qui ont été hospitalisées sur les 7 derniers jours, dont 718 en réanimation. L’organisme nationale de santé publique parle clairement d’une « augmentation exponentielle des admissions en réanimation  ». Enfin, le taux de positivités aux tests est lui aussi en hausse, atteignant 6,5 %.

Cette situation, repose ouvertement la question des capacités de nos hôpitaux publiques à encaisser la reprise observée. D’autant plus que les spécialistes précisent une possible sous-estimation de la situation sanitaire, au vu de la saturation des capacités de diagnostiques, les centres de dépistages étant débordés, un décalage se crée entre la réalité et les chiffres annoncés quotidiennement.

Déprogrammation des interventions à l’AP-HP

Face à cette situation, le plus gros regroupement hospitaliers parisiens vient de lancer un première phase de déprogrammation comme le précise le directeur général adjoint de l’AP-HP, François Crémieux : «  A compter de ce week-end, l’AP-HP sera contrainte de commencer à déprogrammer des interventions pour pouvoir accueillir les patients Covid sévères  ». Une mesure qui rappelle les mesures prises lors du premier pic de l’épidémie, ou une grande partie des interventions médicales non-liées au Covid ont été déplacées afin de relocaliser le personnel hospitalier dans les services dédiés à la gestion de la pandémie. Si à l’heure actuelle les niveaux de saturation du premier pic sont loin d’être atteints, les signaux tendent vers la même situation et pourraient même donner lieu à des phénomènes encore plus grave si l’on prend en compte le fait que le nombre de zones touchées est plus important, limitant les possibilités de transfert de patients d’une région à l’autre.

Il faut aussi prendre en compte le fait que le retard accumulé, notamment en région parisienne et en PACA n’est pas encore rattrapé, une seconde vague de report massif pourrait alors avoir des conséquences grave sur les patients non liés au Covid, comme l’énonce clairement à Libération un chef de service hospitalier à Marseille : « Recourir à la déprogrammation une seconde fois, c’est commencer à entrer dans la perte de chance pour beaucoup de malades mais en cas de regain épidémique, on pourrait ne pas avoir le choix.  ».
Une situation qui met en lumière les difficultés structurelles de l’hôpital public, le manque de moyens dénoncé depuis de nombreuses années est une nouvelle fois mis en lumière, malgré les discours qui tentent de rassurer sur la maîtrise de la situation, on voit une poursuite de gestion catastrophique se dessiner.

Suite au premier pic, la mascarade du Ségur de la santé

Suite au premier confinement de l’ensemble du territoire, qui a temporisé l’extension de l’épidémie, la colère légitime des soignants s’était faite entendre. Au-delà des applaudissements quotidiens, ce sont des moyens que toutes et tous demandaient, pour ne plus revivre le calvaire du premier pic épidémique. La période post-confinement a ainsi été traversée par de nombreuses mobilisations du milieu hospitalier, révélant les problèmes structurels dénoncés depuis des années par les hospitaliers. 

Dans ce cadre, le Ségur de la santé prétendait constituer une réponse historique du gouvernement aux problèmes soulevés par le personnel soignant. Evidemment, l’ « accord » signé fin juillet, entérinant une série de mesure, est rapidement apparu avant tout comme un approfondissement de la casse historique de du service publique de la santé. En effet au d(elà de la maigre augmentation de salaire, l’accord du Ségur a ouvert la porte à l’annualisation du temps de travail ainsi que la possibilité d’accords locaux qui pourront introduire la généralisation et la contractualisation des heures supplémentaires. On peut aussi parler des 4 000 lits « sur demande », très insuffisants après les 100 000 suppressions des vingt dernières années. En définitive, l’accord avait donc tout d’une mascarade approuvée par les directions syndicales traîtres de la CFDT, FO et l’UNSA.

Cet accord signé en plein été, semblait suffire aux yeux du gouvernement mais la réalité rattrape vite ceux qui ne font que cacher la misère. Ce sont les insuffisantes profondes du Ségur de la Santé, dénoncées à l’époque par de nombreux soignants et collectifs, que la deuxième vague risque désormais de révéler crument. Il en va de même dans les EHPAD, où le manque de personnel reste criant, et qui constitue à nouveau, à l’heure actuelle, des lieux de concentrations importants du virus comme les EHPAD où de nombreux clusters se sont développé sans réactions particulière.

Restriction et répression comme seule réponse

Face à cette situation, qui est la conséquence de la priorité accordée à l’économie et de la volonté de laisser circuler le virus, le gouvernement a fait un choix clair : celui de concentrer son action sur des mesures restrictives voire répressives. Alors que l’épidémie reprend, le gouvernement n’a débloqué aucun moyens supplémentaires pour les hôpitaux, les EHPAD, les écoles ou l’Université, mais a fait le choix de mesures limitant la « vie sociale » qui s’accompagneront, comme depuis le début de l’épidémie, d’un renforcement répressif. 

Avec un discours latent visant à frapper systématiquement sur les responsabilités de chacune et chacun, le gouvernement tente de se défausser de toute responsabilité. Mais les tensions autour de la gestion sanitaire révèlent au contraire le poids écrasant des décisions du gouvernement. De l’investissement tardif dans les tests, responsable de la tension qui s’exerce sur les laboratoires et centralement sur les travailleurs du secteur, à l’absence de moyens à la hauteur pour assurer une rentrée dans des conditions sanitaires viables, en passant par l’absence de moyens pour les hôpitaux et les EHPAD, l’impréparation et la responsabilité du gouvernement dans la situation apparaît écrasante.

C’est bien un plan d’urgence qui est nécessaire immédiatement pour faire face à la situation, et le gouvernement démontre une seconde fois sa volonté de traverser la période par la force, à coup de force répressive veillant au respect des gestes barrières. Il est clair que les solutions ne viendront pas d’en haut. Il faut penser ce plan d’urgence, pris en charge par les travailleurs à qui l’ont cherche à faire payer la crise. En commençant par la nationalisation sous contrôle des travailleurs de l’ensemble du système de santé, laboratoires compris. Cette perspective doit être d’ensemble, pour ne pas laisser les patrons poursuivre leur profit pendant que les travailleurs se contaminent dans les usines, pour ne pas laisser le système d’enseignement devenir les garderies de ces mêmes patrons ou encore ne pas laisser les universités fermer permettant une sélection sociale déguisée.


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