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Edito

Dans le miroir de Donald Trump

Trump est loin d’être un inconnu pour la bourgeoisie américaine : il est issu de son camp. Son élection, cependant, suscite autant de perplexité, chez les plus lucides de ses représentants, que d’inquiétude. A la différence de Clinton, pourtant classée « à gauche » ou dans le camp des « progressistes » dans les médias français, Trump n’était ni le candidat de marchés, ni celui du grand patronat. Sa victoire, avec un langage outrancier, ouvertement réactionnaire, suscite néanmoins des vocations.

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En France, à droite tous ou presque veulent se voir au miroir de Trump. Il y a bien entendu celle qui se sent pousser des ailes et qui se voit déjà dans le costume présidentiel, insistant sur la proximité de certaines thématiques chères à Trump comme à elle : sécurité, immigration, discours national. On l’aura reconnu, c’est Marine Le Pen. Et puis il y a Sarkozy, qui salue la victoire du candidat républicain car ce serait une victoire sur la « pensée unique » et contre « l’establishment », là où le prochain locataire de la Maison Blanche, milliardaire et magnat de l’immobilier, est le pur fruit de la pensée unique (capitaliste) et tous sauf un outsider.

Dans la gauche de gouvernement, paradoxalement, l’occasion est trop belle pour ne pas sauter dessus et tirer la couverture à soi. « Toute aventure individuelle conduira à l’élimination de la gauche, a déclaré Hollande, à la lumière des élections américaines. Son devoir est donc de s’unir ». Et tous, au final, d’être d’accord sur un point, qu’il s’agisse des candidats non déclarés, des candidats à la primaire ou de ceux qui font cavalier seul, dans la gauche modérée ou la gauche réformiste : aucune aventure individuelle, si ce n’est derrière sa propre candidature, pour faire barrage aux « Trump à la française ».

Mais on ne saurait expliquer la victoire de Trump sans cet arrière-fond de désarroi et de déshérence de toute une frange de l’électorat américain, durement touché par la crise, depuis 2008, et sans qu’aucune alternative réelle n’émerge pour donner à ce ras-le-bol et aux différentes colères –qui se sont exprimées également dans un très fort taux d’abstention ou dans la campagne aux primaires de Sanders- une traduction réellement anti-système.

La victoire de Trump, à juste titre, a suscité un certain effroi dans les milieux de gauche en France, chez les jeunes, parmi les collègues, dans les boites et sur les lieux de travail. Une chose est sûre, cependant : la seule façon de bloquer la route aux aspirants du trumpisme à la française, quel que soit la pertinence des parallélismes qu’ils veulent établir, ce ne sera pas en se retrouvant dans le même camp que ceux qui en ont fait le lit en menant ou en ayant été solidaires d’une politique liberticide, antisocial, antipopulaire, raciste et islamophobe.

La question d’une alternative de classe, articulant les combats de toutes celles et de tous ceux qui s’opposent à l’offensive à laquelle nous faisons fait face, sur nos lieux de travail, sur les facs et les lycées, dans les quartiers, est plus que jamais d’actualité. Faire front, aujourd’hui, pour se préparer aux combats de demain, ce ne sera jamais en optant pour le moins pire des candidats voire même faire le choix d’un candidat « républicain » contre l’extrême droite, petite musique que l’on commence déjà à nous seriner pour nous préparer à un éventuel 21 avril bis.

Faire front, aujourd’hui, passera par construire un front de lutte face aux attaques contre nos droits démocratiques, au tournant autoritaire du gouvernement qui veut remettre un tour de vis d’état d’urgence, aux violences policières que vivent, en première ligne, les quartiers, aux attaques actuelles et auxquelles se prépare le futur locataire de l’Elysée. Voilà la meilleure façon de se serrer vraiment les coudes, d’accumuler des forces et de faire barrages à tous les Trump et à leurs complices.


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