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Retour sur les casseroles du voyou préféré de la République

Dassault devant la justice. Le patron véreux finira-t-il par tomber sous les verrous ?

Poursuivi pour « blanchiment de fraude fiscale », le PDG milliardaire et politicien véreux Serge Dassault pourrait écoper de deux ans de prison avec sursis, neuf millions d’euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. A 91 ans, Dassault n'en est pas à son premier procès, et certainement pas à son dernier : il est cette fois accusé d'avoir caché des millions d’euros à l’étranger, fonds qui proviendraient de structures offshore, déjà elles-mêmes impliquées dans des affaires de corruption dans les années 1980… Si une chose est sûre, c'est qu'à son âge, Dassault est loin de perdre la boule, surtout quand il s'agit de planquer son pognon ! Charlotte Verdier

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Une biographie pleine de corruption et de gros sous

Serge Dassault est un homme aux multiples casquettes. PDG de Dassault Aviation, il devient patron de presse (le Figaro, France soir, l’Express), achète le Football club de Nantes qu’il revend lors de sa dégringolade en ligue 2, et se lance dans la politique en 1995. Maire de Corbeil-Essonnes entre 1995 et 2009, et maintenant sénateur, sa fortune estimée à plus de 17,5 milliards d’euros, le place au rang de 5ème fortune de France et 69ème fortune mondiale. Dassault est tombé dedans quand il était petit : son père lui a légué l’entreprise Générale Aéronautique Marcel Dassault, devenue par la suite Dassault Groupe, et une belle fortune de 70 millions de francs suisses qu’il avait gardé de côté, pour « mettre à l’abri sa famille »... sur un compte non déclaré au Crédit suisse bien entendu. Mais en plus de ses multiples casquettes, ce sont de nombreuses casseroles que traîne Dassault.

La première affaire de corruption dans laquelle il trempe remonte à 1988. Il met alors sur pied un « arrangement », ou plutôt un « acte de corruption », qui permet à la société italienne Agusta de remporter le marché Aéromobilité I de vente d’hélicoptères pour l’armée belge… moyennant un versement de 51 millions de francs belges pour être assuré de remporter le marché. Au passage, et en arrosant lui aussi de plusieurs millions de francs le Parti socialiste belge, Dassault remporte un marché juteux de modernisation électronique des avions de combat F-16 pour l’armée de l’air belge. Il passe par une société écran panaméenne pour réaliser l’opération et écope en 1998 d’une peine de deux ans de prison avec sursis pour cette affaire de corruption.

En seconde position au « palmarès de la corruption » de Serge Dassault, on trouve l’achat des votes qu’il a brigués pour assurer sa réélection en tant que maire de Corbeil-Essonnes en 2009. Il passait à l’époque par des personnalités locales influentes pour acheter les votes des habitants de quartiers populaires : il a ainsi financé des vacances, payé des permis de conduire, et fait directement distribuer du cash. Des jeunes étaient recrutés pour convaincre la population de voter pour Dassault, et rémunérés via des circuits financiers opaques. Il aurait dépensé 450 000 € pour les élections municipales de 2009 et 1,2 millions d’euros (qui auraient transité par le Liban) pour les élections de 2010. Médiapart a d’ailleurs publié des vidéos dans lesquelles on entend le sénateur discuter avec un de ses « associés » : « Là, je ne peux plus rien donner. Je ne peux plus rien sortir, c’est interdit. (…) Je suis surveillé. Je suis surveillé par la police. ». Éloquent ! En 2009, les élections municipales sont invalidées par le Conseil d’État, pour cause de non-intégrité du scrutin suite aux pots de vin versés, et Dassault est condamné à un an d’inéligibilité. Et c’est son bras droit, Jean-Pierre Bechter, qui lui succède en 2010, avant d’être lui aussi mis en examen pour recel d’achats de votes. En 2013, le pôle financier de Paris ouvre une enquête pour corruption, abus de biens sociaux, blanchiment et achat de vote, estimant à près de 7 millions d’euros les sommes dépensées dans ce système. Mais Dassault est protégé par l’immunité parlementaire, que les juges demandent à trois reprises de lever pour pouvoir mener leur enquête. Le Sénat finira par accepter la demande en février 2014. L’enquête est en cours.

Et comme on dit, « jamais deux sans trois » : cette fois, la justice s’intéresse à la provenance et l’utilisation du pactole hérité par Dassault en 2011, réparti sur plusieurs comptes, correspondants à quatre fondations et sociétés, basées au Luxembourg et au Liechtenstein. Ce qui attire l’attention de la justice cette fois-ci, c’est que ces comptes ont « chuté » de 31 millions d’euros en 2006 à 12 millions en 2014, alors que Dassault affirme n’avoir eu connaissance de ces comptes que tardivement, et « n’avoir joué aucun rôle dans la création des structures offshore… » Mais où sont donc passés ces millions ? Bernard Monassier, notaire suisse de Serge Dassault, l’expliquait par le « krach boursier »… mais voyons ! Et puis la version de Gérard Limat, grand ami de la famille Dassault, ne colle pas avec celle du vieux Serge. Il a expliqué qu’il retirait des sommes d’argent au Liechtenstein afin de pouvoir les remettre à Serge Dassault à la « moindre demande »… Dassault aurait donc bien eu connaissance des comptes en question. L’argent serait-il celui qui a servi à acheter les votes pour les municipales ? Ou bien aurait-il transité par des sociétés offshore permettant de verser des pots de vin en échange de marchés publics, comme ça a été le cas dans l’affaire Agusta dans les années 1980 ? Toutes les pistes se tiennent, et la justice essaye d’avancer. Pendant ce temps, les avocats de la défense cherchent sans relâche le moindre vice de procédure, ne jugeant pas nécessaire le passage au pénal pour une telle affaire. Selon eux, Dassault aurait « régularisé sa situation » en 2014, réglant 19 millions d’impôts au fisc, jugé à l’époque pour avoir omis dans ses déclarations de patrimoine 11 millions d’euros en 2014 et 16 millions d’euros en 2011…

C’est toujours la même rengaine que ces politiciens véreux ressortent : un simple oubli, un manque d’attention, un soupçon d’omission… et même quand ils sont jugés coupables, comme Christine Lagarde, et condamnés, ils restent exemptés de peine, alors que pour une simple gifle donnée à Valls, un jeune écope de 3 mois de prison.

Suite et fin du procès ce jeudi : le parquet a requis deux ans de prison avec sursis, neuf millions d’euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Ce serait bien le minimum à l’encontre de ce patron voyou… qui n’a jamais risqué de peine de prison ferme !


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