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Plein à craquer : 700 étudiants réunis contre la loi Travail

AG massive à Paris 1 - Tolbiac. En grève !

Correspondant L’ambiance était électrique ce matin au centre Tolbiac de l’Université de Paris 1. Après les assemblées générales à Toulouse Le Mirail et à Paris 8, plus de 700 étudiants se sont réunis en assemblée générale ce mercredi 9 mars pour le retrait de la loi travail. Aussi à l’ordre du jour : la nécessité de massifier le mouvement, de se coordonner au niveau national et de faire converger les étudiants avec d’autres secteurs, notamment du monde du travail, mobilisés.

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C’est une électricité qui n’a pas régné sur l’université depuis le mouvement contre la réforme des retraites en 2010. Préparée depuis plusieurs jours par de nombreuses organisations politiques et syndicales (Attac Campus, Collectif Paris 1 contre l’état d’urgence, CGT, Lunivert étudiant, NPA Jeunes, Parti de gauche, Solidaires étudiant-e-s, SOS Racisme, Sud-Education, UEC, UNEF), l’assemblée générale s’inscrivait dans la continuité directe de celles qui ont réuni plus de 3 300 étudiants à travers le pays depuis lundi. Les barrages filtrants, la présence militante continue devant les centres de l’université, les nombreux tours de paroles en amphithéâtre et dans les TD depuis le début de la semaine ont fait comprendre à tout le monde que le climat avait véritablement changé à Paris 1. Une première traduction à Paris 1, donc, du ras-le-bol généralisée qui avait déjà commencé à s’exprimer sur les réseaux sociaux dans la réalité.

La direction avait parié sur un échec, du moins d’un début mitigé, de la mobilisation. Selon le directeur du centre, s’il y avait 200 étudiant-e-s, ça serait déjà quelque chose. Or, avant même l’heure du commencement de l’AG, l’amphithéâtre que la direction avait attribué était déjà plein à craquer avec près de 250 étudiant-e-s. Voyant le flux ininterrompu d’étudiants rentrant dans l’amphithéâtre, les étudiants ont ainsi décidé de s’imposer face à l’administration et à la sécurité et de prendre le plus grand amphi du centre. Mécontent du déroulé de la situation, la direction a coupé l’accès au micro. Heureusement, un micro portable n’était pas loin…

Face au mépris du gouvernement, changer le rapport de force dans la rue pour nous faire respecter

Elsa, étudiante à Paris 1 et syndicaliste à Solidaires étudiant-e-s, a ouvert l’AG en présentant les grands enjeux de la loi et l’état de la mobilisation à travers la France. Elle a rappelé le caractère véritablement rétrograde de la loi qui ne fait que promettre plus de précarité, de chômage, de conditions de travail misérables aux jeunes et aux salarié.e.s.

De nombreuses interventions de la part des militants syndicaux et politiques comme de étudiants non militants se sont enchaînées pendant plus d’une heure et demie de débats. Renaud, lui aussi syndicaliste à Solidaires étudiant-e-s, a insisté sur le mépris dont témoignent ce gouvernement et les classes dominantes pour les jeunes et les salarié.e.s. Mépris illustré de manière très emblématique par la volonté de Valls d’avoir (encore une fois !) recours au 49.3, quoi qu’en pensent les travailleurs, les précaires, les chômeurs et les jeunes. Face à ce mépris, et « pour nous faire respecter, il faut changer le rapport de force dans la rue » a-t-il conclu sous la tonnerre des applaudissements.

D’autres intervenants ont dénoncé la responsabilité directe du gouvernement dans la situation sociale déplorable dans laquelle le monde du travail et la jeunesse sont plongés. Ils ont également dénoncé l’hypocrisie de ce soi-disant gouvernement « de gauche » qui expulse les sans papiers et chasse les migrants, réprime les mouvements sociaux et assassine les militants, réduit toujours plus les moyens financiers accordés à l’université tout en mettant celle-ci toujours plus au service des intérêts des grandes entreprises, précarise depuis 5 ans les conditions de vie, de travail, d’études d’une grande majorité de la population. A deux reprises, les murs de l’amphithéâtre ont tremblé sous les cris unanimes de « Valls, démissionne ! »

Massification, coordination, convergences

De nombreux étudiants ont fait remarquer leur joie de voir l’amphithéâtre si rempli et les étudiants si motivés. Mais ils ont fait remarquer la nécessité de faire grandir le mouvement en convaincant jusqu’au dernier étudiant de se mobiliser contre la loi travail. D’autres encore ont insisté sur le besoin pour les étudiants mobilisés de se doter d’outils collectifs et démocratiques capables d’exécuter les décisions de l’AG et de préparer ce travail patient d’information qui doit être accompli afin de massifier le mouvement.

Devant l’ampleur du début du mouvement, un gros accent a été mis sur la coordination régionale et nationale des assemblées générales. Cette instance doit servir à ce que les différentes AG, représentées par leurs délégués élus et responsables devant elles, commencent à se structurer afin de coordonner leurs actions, de se donner des perspectives communes, de frapper plus efficacement et toutes ensemble sur le même clou.

Un autre thème récurrent : celui de la convergence des luttes. Guilhem, étudiant et membre du Collectif Paris 1 contre l’état d’urgence, a fait le lien entre le projet de loi et l’état d’urgence que le gouvernement cherche à constitutionnaliser afin d’instaurer un rapport de force définitivement favorable aux patrons et leurs profits avec les outils répressifs qui vont avec. Thabitha, militante du NPA Jeunes, a tenu à saluer les femmes travailleuses qui seront particulièrement touchées par la loi travail. Largement sous-représentées syndicalement car présentes surtout dans les PME et Très Petites Entreprises, elles se retrouveront dans un rapport de force particulièrement défavorable lors des négociations au niveau de l’entreprise. Par ailleurs, avec l’augmentation du temps du travail, elles verront la double journée de travail devenir encore plus pénible. Devant la grève des cheminots et d’autres secteurs du monde du travail, beaucoup ont affirmé le besoin pour les étudiants d’aller à la rencontre des grévistes afin de construire ce « tous ensemble » dont on aura besoin pour imposer le retrait de la loi travail et nos autres revendications.

Afin d’entreprendre ce gros boulot de massification, de coordination et de convergences, les étudiants comptent se mettre en grève à partir de jeudi 10 mars et jusqu’à la prochaine AG qui se tiendra le 15 mars à 11h. Un comité de mobilisation, ouvert à tout le monde souhaitant participer à la mobilisation et son élargissement, se tiendra également demain à l’université. Le mot d’ordre est clair : ni amendable, ni négociable, mobilisés jusqu’au retrait de la loi !
Nous reproduisons ci-dessous l’appel de l’assemblée générale de l’université de Paris 1 :

Appel de l’assemblée générale de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Nous, étudiant-e-s de l’université de Paris 1 Pantheon-Sorbonne, réuni.e.s à près de 700 le 9 mars en Assemblée Générale, exigeons, comme l’ont déjà fait lundi et mardi plus de 3 300 d’étudiant-e-s du Mirail, de Grenoble, de Rennes ou encore de Paris 8, le retrait pur et simple du projet de loi "Travail", et revendiquons des mesures immédiates pour lutter contre la précarité. Aujourd’hui, plus d’une quarantaine d’assemblées générales se tiennent dans tout le pays.

Cette prise de conscience est d’ores et déjà l’une des plus rapides, et des plus massives des dernières décennies, et c’est très bien ! Ce mercredi 9 mars, première journée de mobilisation dans tout le pays, n’est pour nous qu’un début.

Les appels de Toulouse et de Paris 8 ont fixé des perspectives de mobilisation que nous rejoignons, et que nous appelons toutes les universités à adopter elles aussi.

Dire, comme le fait la Ministre Mme El-Khomri, que ce serait « absurde » que les jeunes se sentent concerné-e-s par cette loi qu’ils n’auraient pas « comprise », c’est prendre les jeunes pour des imbéciles. Nous avons bien compris le projet de loi, et c’est pourquoi nous le refusons. Nous refusons de travailler plus (jusqu’à 46 heures par semaine) pour gagner moins. Nous refusons de nous faire virer encore plus facilement pour grossir les chiffres du chômage qui nous touchent déjà particulièrement.

Ce refus, nous entendons l’exprimer dans la rue et par le nombre. Dix ans après la lutte contre le CPE, c’est bien le spectre d’une mobilisation massive de la jeunesse convergeant avec celle des travailleur.se.s qui hante le gouvernement. C’est ce qui explique le report de la présentation du projet de loi devant le conseil des ministres. Avant même que nous ne soyons descendu.e.s dans la rue, la peur a déjà commencé à changer de camp !

Nous comptons bien donner raison à cette peur, et nous ne nous laisserons pas tromper par les manœuvres du gouvernement. Loin d’attendre assis la présentation d’une nouvelle mouture du projet de loi, c’est le moment de se mobiliser massivement pour imposer son retrait pur et simple et nos revendications. En ce sens, la manifestation de cet après midi est une échéance très importante et ne sera en même temps qu’un début.

Nous sommes conscient-e-s que pour faire reculer définitivement le gouvernement, c’est un mouvement d’ensemble dans la durée qui sera nécessaire.

C’est pourquoi nous déclarons la grève à partir de jeudi 10 mars jusqu’à la prochaine AG appelée mardi 15 mars à 11h et invitons l’ensemble de la communauté universitaire de Paris 1 à s’y joindre, étudiant-e-s, profs et personnels. Nous mettons en place dès maintenant un comité de mobilisation qui se réunira régulièrement, et ce à partir de jeudi 10 mars à 14h, afin d’exécuter les décisions de cette AG et de préparer la prochaine.

Nous invitons l’ensemble des universités réunies en Assemblée Générale :

  •  à la mobilisation pour cet après-midi
  •  à préparer une nouvelle journée de mobilisation nationale le 17 mars prochain
  •  à travailler à la massification du mouvement par un travail d’explication le plus large possible sur les conséquences de cette loi
  •  à ce que des initiatives soient prises pour faire le lien avec les travailleur-euse-s et les lycéen-e-s mobilisé-e-s, dans la perspective d’un tou-te-s ensemble. Nous prévoyons notamment l’envoi d’une délégation étudiante à la prochaine AG des cheminot-e-s en grève de la gare d’Austerlitz
  •  à travailler des maintenant à la coordination des universités en lutte, en commençant par organiser une coordination des universités d’Ile de France après la manifestation du 17 mars, et une coordination nationale dès le weekend du 19-20 mars, dans laquelle chaque AG de fac devrait être représentée par 5 délégué-e-s mandaté-e-s pour les facs en grève et 2 délégué-e-s mandaté-e-s pour les facs mobilisées. Dès cet après-midi à 17h30, nous ouvrirons notre université pour une réunion d’échange non décisionnaire entre les facs mobilisées en région parisienne.

    Nous, étudiant-e-s de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, exigeons par ailleurs :

  •  la levée immédiate de l’état d’urgence
  •  l’arrêt immédiat des travaux du grand projet inutile d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes
  •  la réduction de la semaine du travail à 32h
  •  l’allocation d’autonomie pour toutes et tous les jeunes
  •  la démission du gouvernement Valls

    Nous apportons notre soutien à la lutte des doctorant-e-s de l’université qui se battent contre la précarité de leurs conditions d’étude et de travail et l’obligation de payer les frais d’inscription à l’université.

    En Ile-de-France, nous appelons l’ensemble des universités réunies en Assemblée Générale à converger en cortèges de fac à la manifestation de 14h à République cet après-midi


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