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Etat d’urgence, état policier, on ne nous empêchera pas de manifester !

[Dernière minute] Par centaines dans la rue contre les violences policières, le racisme, la guerre et le colonialisme

L’émotion était palpable cette après-midi à Paris, sur le parcours de la manifestation qui a réuni environ un millier de personnes de Barbès jusqu’à Ménilmontant, scandant leur colère contre la violence de l’état policier. La diversité des cortèges rappelait que cette violence se transcrit à la fois sur le plan intérieur, par le racisme, les crimes policiers et le traitement des réfugiés, comme sur le plan extérieur, par les guerres impérialistes et la politique néocoloniale de l’Etat français. C’était donc une jonction de circonstance qui s’est opérée entre les deux manifestations appelées le même jour, la première au départ de Barbès appelant à se mobiliser contre la guerre, le racisme et le colonialisme, dans le cadre de la semaine anticoloniale, et la seconde appelée par les collectifs de lutte contre les violences policières au départ de Gare du Nord.

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« La police mutile, la police assassine »

A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences policières, les familles de victimes de la police, qui tenaient la tête de la manifestation, ont rappelé leur exigence de vérité quant à la mort de leur proche des mains de la police. « Urgence, urgence, la police assassine, en toute impunité », scandaient les manifestants, alors que depuis la mise en place de l’état d’urgence, la « justice » ne cesse de prononcer des non-lieux à l’égard des policiers criminels. Cela a été le cas avec la relaxe, le 15 janvier, du policier ayant tué d’une balle dans le dos Amine Bentounsi. Quant aux meurtriers d’Hocine Bouras, mort d’une balle dans la tête dans un fourgon de police le 26 août 2015 à Colmar, ou d’Ali Ziri, mort suite à son interpellation le 11 juin 2009 à Argenteuil, malgré toutes les preuves réunies par les collectifs et familles de victimes, ce sont des non-lieux qui ont été prononcés à leur égard. Pas plus tard que ce 18 mars, l’assassin de Rémi Fraisse était remis en liberté.

« Mais que fait la police ? Ça crève les yeux ! » était-il bon de rappeler, alors que la manifestation passait à quelques mètres du commissariat où Amadou Koumé a été retrouvé mort le 6 mars 2015, et dont l’autopsie a révélé un décès par étranglement survenu dans le fourgon de police. Le récit de sa compagne-veuve, qui dénonçait le silence abject opéré par l’institution autour de ce crime, avait de quoi laisser de marbre. Mais la solidarité qui animait la manifestation permettait de ne pas en rester à ce sentiment d’amertume, pour repartir sur le ton de la colère en criant de plus belle : « Etat policier, état criminel, assez, assez, assez d’impunité ! » ; « Pas de justice, pas de paix ! »

Par ailleurs, le gouvernement étudie actuellement un projet de réforme du code pénal qui vise à légaliser le permis de tuer pour les policiers, dont ils font déjà largement usage, comme le démontre le meurtre de Mehdi, abattu à Cergy le 7 janvier, ainsi que la sinistre liste des victimes de la police. Comme le dénoncent les collectifs de lutte contre les violences policières, « le projet de loi dit de simplification de la procédure pénale introduit l’‘état de nécessité’, qui autorise un policier à tirer sur une personne présumée dangereuse même s’il n’est pas directement menacé ». Autant dire que c’est un renforcement de l’état policier et une légitimation de ses crimes qui est à l’étude.

Ni guerre, ni état de guerre !

Derrière le cortège de tête ont défilé de nombreux collectifs, de lutte pour les droits des sans-papiers, de solidarité avec les migrants, mais aussi des collectifs de défense de la Palestine, à l’image du cortège dynamique des militants de BDS, actuellement en proie à la répression. « De Paris à Gaza, le boycott on lâchera pas ! » s’exclamaient-ils à l’unisson. A leurs côtés, le collectif Ni Guerre, ni état de guerre reprenait en cœur : « Contre leurs guerres et les conséquences, contre leurs guerres et l’état d’urgence, ouvrez ouvrez les frontières pour tous les sans papiers, ouvrez ouvrez les frontières pour tous les réfugiés ! ». Cette convergence entre un cortège de réfugiés afghans, victimes de la violence de l’Etat français, et des collectifs anti-guerres dénonçant la responsabilité de l’impérialisme français dans les guerres du Moyen et du Proche-Orient, était remarquable. Ils étaient ainsi nombreux à réclamer « troupes françaises, hors d’Afrique ! », « Pas de guerre, en notre nom ! », « Valls Hollande, c’est votre guerre ; c’est vous, c’est vous, qu’on mettra au charter ! », ou encore « Ni guerre ni guerre, ni état de guerre, il est fini, le temps des colonies ! ».

Etaient également présent des collectifs réclamant un référendum sur l’indépendance du Saraha Occidental, et la liberté des prisonniers politiques sahraouis, en grève de la faim depuis le 1er mars. Un autre cortège dénonçait les crimes du gouvernement éthiopien.

La jonction entre ces différents cortèges montrait la voie à suivre pour unifier les luttes contre la violence de l’état français et pour amplifier la dénonciation de ses crimes, qu’ils aient lieu sur le territoire national ou sur le plan extérieur.


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