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Rachat d’Opel par PSA.

Des actionnaires aux anges, des ouvriers inquiets

Annoncé il y a quinze jours, le rachat d'Opel- Vauxhall par PSA vient d'être entériné ce lundi 6 mars. L'accord entre PSA et General Motors, la maison mère de le marque allemande, s'élève à 2,2 milliards d'euros. Sadek Basnacki

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La direction de General Motors et de PSA se frottent les mains

Le constructeur automobile Peugeot Citroën DS était, il y a encore 5 ans, au bord de la faillite. Grâce à l’entrée dans son capital de l’État et de l’entreprise chinoise Dongfeng ainsi qu’à grands coups de fermetures d’usines, le groupe a repris du poil de la bête jusqu’à aujourd’hui où il est devenu avec ce rachat le numéro deux européen des groupes automobiles, derrière Volkswagen, avec respectivement 3 millions de voitures vendues en 2016 contre 3,9 millions. À l’échelle mondiale, PSA a vendu 4,3 millions de voitures en 2016, en cumulant leurs ventes avec celles de leur nouvelle acquisition.

Général Motors (GM) abandonne donc la conquête du marché européen après 88 ans de présence. Il faut dire que la nouvelle filiale de PSA a perdu 257 millions de dollars soit 241 millions d’euros l’an passé. En seize ans, elle a perdu 15 milliards de dollars, autant dire que GM était pressée de vendre. Pour acquérir les six usines de montage et les cinq sites de production de pièces, le centre d’ingénierie de Rüsselsheim en Allemagne et les 40000 salariés des deux marques, le montant de la vente s’est élevé à 1,3 milliards euros auxquels il faut ajouter 900 millions pour le rachat de la filiale financière de GM en Europe avec un partenariat avec BNP Paribas.

General Motors se débarrasse de ce poids mort en faisant une bonne opération puisqu’ils pourront continuer à s’engrosser sur le dos de leurs ex-salariés sans essayer de relancer la machine. En effet, le petit arrangement à gros sous est basé sur une transaction de 670 millions d’euros en cash mais également de 650 millions d’euros en bons de souscription d’actions. Ils pourront donc bénéficier de la relance voulue par PSA. En effet, le groupe vise un retour de la rentabilité d’Opel et deVauxhall dans les trois prochaines années, espérant pour les marques acquises « une marge opérationnelle courante de 2% d’ici à 2020 et 6% d’ici à 2026 ». Cette reprise ne se fera pas sans s’attaquer à l’emploi.

Les syndicats s’inquiètent

Les syndicats qui ont signé l’accord de compétitivité, FO, la CFE-CGC, la CFDT, la CFTC et le SIA-GSEA, voient dans cette acquisition une « opportunité à saisir » mais demandent «  {}à la direction de présenter des éléments détaillés pour confirmer la viabilité du projet d’acquisition et d’apporter des garanties sur les conséquences stratégiques, économiques et sociales de ce projet ».

La CGT, syndicat majoritaire, est plus sensée. Une telle opération ne peut pas se faire sans des attaques contre les travailleurs en Allemagne, en Angleterre et en France. La direction du constructeur mettra constamment «  en concurrence les salariés d’Opel contre ceux de PSA. La CGT appelle les salariés, qu’ils soient en Allemagne, en Angleterre mais aussi en France, à se préparer dès aujourd’hui à défendre leurs intérêts par-delà les frontières » .

Selon Bernard Jullien, spécialiste de l’industrie automobile, PSA va avoir de gros problèmes pour gérer sa propre concurrence. «  Déjà, Peugeot et Citroën ont tendance à se cannibaliser. Quand l’un va bien, l’autre pique un peu du nez… Cela deviendra un problème encore plus aigu avec Opel » . Il met également en avant que «  {} PSA peut aussi envisager de réduire les capacités en compactant les sites, en supprimant des équipes ou des lignes de production » . Pour lui, «  {} Opel possède un centre de conception en Allemagne, à Rüsselsheim, qui emploie 10 {} 000 personnes et [il n’est] pa s sûr que les ingénieurs y seront aussi nombreux dans cinq ans… {}  » .

On a vu par le passé comment se passait la gestion du groupe et la concurrence entre sites notamment entre l’usine de Trith-Saint-Léger et celle de Metz, qui fabriquent toutes les deux des boîtes de vitesses. Les salariés de Trith doivent faire face à un «  redimensionnement de l’usine  » , c’est-à-dire 50 hectares des 90 du site seront vendus. Cette surface abrite plusieurs bâtiments où travaillent 400 ouvriers. Maintenant l’usine va se trouver en concurrence avec les usines anglaises et allemandes d’Opel. «  {}Il va falloir faire toujours plus de sacrifices pour sauvegarder l’emploi ». La CGT pense qu’ «  {} u ne fois les élections politiques allemandes passées, Carlos Tavares aura comme premier objectif de s’attaquer à l’emploi ».

Le groupe a annoncé en octobre dernier qu’il procéderait à plus de 2 000 licenciements. On peut faire confiance au constructeur pour satisfaire ses actionnaires, dont l’État, pour relever le défi qu’il vient de se lancer. On ne peut qu’imaginer que dans un futur proche nous pourrions avoir affaire à un nouveau Aulnay. Mais, face à une attaque du patronat qui se traduit par la concurrence entre des travailleurs étrangers, la seule réponse possible est la solidarité internationale. Les ouvriers de PSA, qu’ils soient d’Allemagne, d’Angleterre ou de France, doivent se préparer dès aujourd’hui à défendre leurs intérêts par-delà les frontières.

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