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Edito

Des convergences avec les gilets jaunes possibles : Pourquoi Martinez n’appelle-t-il pas à manifester à leurs côtés ?

Depuis quelques jours, sur fond de soulèvement populaire des gilets jaunes, ce qu’on ne peut nier c’est le changement de ton de Philippe Martinez. Pour autant, si localement, de nombreuses convergences entre gilets jaunes et gilets rouges ont été mises en pratique, il reste que Martinez n’appelle toujours pas à manifester ce 1er décembre sur les Champs Elysées aux côtés et en soutien aux gilets jaunes devenus premiers opposants à Macron.

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Crédits photos : AFP

En quelques semaines, les gilets jaunes ont ouvert, sur le terrain de la mobilisation sociale et politique, la première crise ouverte et majeure depuis le début du quinquennat. Dès lors, après s’être refusé à nommer les « gilets jaunes » dans leur communiqué post-17 novembre, Philippe Martinez a bien été obligé de prendre acte du changement de la situation sociale et politique ouvert par cet énorme soulèvement spontané. On observe ainsi, du moins dans les médias, un changement de ton progressif mais clair du secrétaire confédéral de la CGT quant à la mobilisation des gilets jaunes.

Si Martinez ne cessait de répéter que « la CGT ne manifeste pas avec l’extrême droite » pour justifier son refus de participer aux manifestations du 24 novembre puis du 1er décembre, désormais c’est une autre tonalité qui domine. Philippe Martinez va même jusqu’à se féliciter qu’il y ait « des citoyens mobilisés pour l’augmentation des salaires et de la justice sociale (...) » avant d’assurer qu’il n’y a pas « de la part de la CGT des reproches : c’est ce à quoi on travaille depuis des mois et des mois ». Pour expliquer même que « la mobilisation est justifiée  » et « doit s’amplifier ».

Cette sympathie, voire ce « soutien », envers le mouvement des gilets jaunes est une bonne nouvelle. On ne peut cependant que pointer qu’il est non seulement très tardif mais aussi que les amalgames permanents des gilets jaunes avec l’extrême-droite ont fait, en définitive, le jeu du gouvernement. On se rappelle notamment des tentatives de décrédibilisation du mouvement par le ministère de l’intérieur, où il affirmait que les gilets jaunes étaient un mouvement d’extrême droite. Les éditorialistes les plus conscients affirmaient eux-mêmes que le gouvernement allait trop loin.

Mais si l’on ne peut que se féliciter de ce changement de ton, sur le terrain de la politique concrète, Philippe Martinez ne bouge pas d’un iota : «  notre manifestation ne sera pas aux Champs Elysées  » affirme-t-il. Sur France Info, il est même mis en difficulté pour expliquer sa position. En effet, si le cordon sanitaire de l’extrême droite devenue « très marginal » est tombé, quel est donc l’obstacle qui empêche la direction confédérale de la CGT d’appeler clairement à se joindre à la manifestation des gilets jaunes sur les Champs Elysées le 1er décembre ? Les réponses sont pour l’heure « gazeuses ».

« Est-ce qu’il y aura fusion des cortèges ? » questionne le journaliste, s’agit-il d’un problème de concurrence ? ajoute-t-il. « Pas du tout des concurrents  », coupe court Philippe Martinez. Le problème serait autre, comme les difficultés de «  coordination avec les gilets jaunes » qui se sont illustrés par « la désignation des représentants ». « A la réunion, tous les syndicats dont la CGT appellent à bloquer l’Ile », continue le journaliste. «  La réunion c’est à l’échelle de département de métropole, et c’est un exemple à suivre  », répond Martinez.

A l’échelle hexagonale, voire internationale, pourtant, on peut remarquer que de nombreuses structures et même la CGT à l’Ile de la Réunion, n’ont pas eu de problèmes à se coordonner avec les représentants gilets jaunes. Ces derniers ont même toqué à leurs portes comme à Orléans ou Rouen. Si Martinez objectera que l’échelle locale rend plus simple ce type de convergence, il est évident que maintenir une manifestation concurrente ce 1er décembre n’aura que pour effet d’isoler les gilets jaunes qui, pour l’heure, sont à l’avant-garde de la bataille contre Macron, le tout dans une phase cruciale du mouvement.

Il est notamment question que, sur les Champs Elysées, soient mis en places des « contrôles d’identité systématiques » limitant de fait le droit à manifester, une provocation de plus visant à faire dégénérer la situation. Cette attitude de la direction confédérale reste donc, dans les faits, criminelle pour le mouvement des gilets jaunes. Non, le problème n’est manifestement pas la question des moyens et des modalités, d’autant plus que désormais Sud Aérien appelle à «  manifester le 1er décembre sur les Champs Élysées aux côtés des gilets jaunes  », en plus de l’appel des cheminots de l’intergare et du comité Adama.

La question est en réalité éminemment politique. Face à un exécutif plus affaibli que jamais, rejoindre les gilets jaunes serait-ce se mettre en porte à faux avec le gouvernement par rapport à un énième retour au « dialogue social » ? C’est en tout cas cette interpellation permanente au « dialogue social », à savoir la négociation de la régression sociale, qui transpire de l’ensemble des communiqués et des déclarations actuelles de la direction confédérale de la CGT.

Contre cette politique de Martinez visant à entretenir l’illusion d’une jonction dans la forme, et d’une division active sur le terrain de la politique concrète, un combat déterminé pour obtenir une jonction réelle est nécessaire dans les structures locales et à la base, ou encore au travers de comités d’actions locaux joignant gilet jaunes et gilets rouges, étudiants, lycées, tous ceux qui veulent se battre contre Macron. C’est une des conditions nécessaires pour ne serait-ce que se donner les moyens de faire passer un saut à la mobilisation en l’amenant vers la préparation d’une grève générale.


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