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Enfumage général

« Des étudiants otages des bloqueurs ? » La propagande du Figaro tente d’enfumer les jeunes

Jeudi, dans un article intitulé « Universités : les étudiants otages des « bloqueurs » », Le Figaro rapportait fidèlement les propos tenus dernièrement par Frédérique Vidal visant à délégitimer la contestation. Un article emblématique de la petite musique qui commence à être répandue de part et d’autres des classes dominantes dans la bataille de l'opinion publique.

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« Prise d’otage », une extrapolation pour masquer la violence des (multiples) attaques

Le nouveau mantra des médias et du gouvernement, que ce soit pour décrédibiliser les étudiants comme les cheminots est tout le vocable autour de la « prise d’otage ». Des usagers pris en otage par les cheminots grévistes, des étudiants pris en otage par les « bloqueurs ». Une « violence » qui s’exercerait ainsi contre la population est mise en exergue par cet énorme abus de langage.

Le Figaro laisse entendre que le mouvement serait violent, en ne pointant bien sûr pas la violence qui s’est véritablement produite lors des agressions fascistes à Montpellier, Lille, Strasbourg, etc. et toutes les violences policières qu’ont subi les étudiants dans de nombreuses autres facultés. Le Figaro écrit ainsi « Ce sont les événements montpelliérains qui, sur fond d’affrontements idéologiques, ont fait basculer d’autres sites. L’évacuation musclée d’étudiants et militants occupant un amphithéâtre de la fac de droit […] [a] mis le feu aux poudres. ». Bel euphémisme pour dire que des étudiants occupant un amphi se sont fait casser la gueule par des fachos, et que deux d’entres eux ont fini à l’hôpital.

Le gouvernement réprime les étudiants mobilisés, utilise la pression avec la question des examens afin d’effriter les soutiens au mouvement et de mettre tout bonnement un stop à celui-ci. Et c’est bien contre cette violence idéologique et matérielle du gouvernement que les étudiants luttent. Violences qui s’expriment directement par les interventions du bras armé de l’État, par la sélection féroce que prévoit le gouvernement, par les emplois précaires qui nous attendent après et pendant nos études ou encore par le démantèlement progressif de tous les services publics.

Revendiquer le droit à se mobiliser contre les pressions du gouvernement

« Les examens se tiendront, affirment les ministres. Les bloqueurs ont trouvé là un moyen de pression. Ils entendent empêcher leur tenue, tout en exigeant la note minimale de dix sur vingt pour tous… » écrit donc dans ses colonnes le Figaro.

Rappelons dans un premier temps qu’il n’y a pas de « bloqueurs » mais des étudiants, qui, face à une casse sans précédent de l’université, se mobilisent, discutent et mettent en place des moyens d’action, dont le blocage pour faire entendre leur voix face à un gouvernement qui attaque frontalement tous les secteurs.

La question des examens, si elle est un moyen de pression, est avant tout une pression que met le gouvernement sur les étudiants pour imposer la fin de la mobilisation. Puisque les envois réguliers des flics dans les facs n’ont pas éteint la contestation mais n’ont fait que la radicaliser, c’est par la carte de la « pression aux examens » que le gouvernement tente de la faire taire.

Le « dix pour tous », qui fait plus parler les médias que les étudiants mobilisés, n’est en rien une fin en soi mais un moyen en train d’être réfléchi dans les Assemblées pour, justement, faire respecter le droit qu’ont les étudiants à se mobiliser, droit que le gouvernement tente de réduire par tous les moyens.

Et si le « dix pour tous » provoque autant de levées de boucliers et de ricanements du côté des classes dominantes, c’est bien parce qu’il touche au cœur du fonctionnement de l’université bourgeoise. Les notes sont de fait le pilier de la sélection, du tri social effectué chaque année dans les facultés par un examen permanent des étudiants, pour leur accorder par le biais des diplômes une valeur sur le marché du travail.

Le nouveau tube de l’été : la "récupération politique" du mouvement

Mis sur la défensive par la réussite des deux dates de mobilisation du 22 mars et du 3 avril où étudiants et travailleurs ont manifesté de concert, le gouvernement et nombre de médias commencent à pointer du doigt une récupération du mouvement par l’extrême-gauche.

Vidal comme Blanquer tentent de cristalliser les débats autour des organisations politiques de gauche se positionnant en faveur de la mobilisation. La première déclarant que « La France insoumise revendique d’aller mobiliser dans les universités. Les étudiants sont parfaitement capables d’être représentés par les syndicats étudiants et certainement pas par des mouvements politiques » et le second d’y aller à coup de : « très forte mainmise d’une partie étudiante -parfois d’ailleurs pas étudiante — de l’extrême gauche ».

Ces déclarations visent avant tout à décrédibiliser les milliers d’étudiants réunis en Assemblée Générale partout en France, que ce soit à Tolbiac, au Mirail, à Clignancourt ou Montpellier, en les faisant passer pour des marionnettes qui ne sauraient pas ce pourquoi elles manifestent. Comment oser parler de manipulation quand le gouvernement tente d’expliquer que mettre des pré-requis pour entrer en fac, ce n’est pas de la sélection ?

Mais cela traduit surtout la peur du gouvernement face à un conflit de plus en plus politique, qui ne pose pas seulement la question de la fin de la compensation, mais aussi la défense de tous les services publics, un mouvement étudiant qui ne se cantonne pas à des revendications sectorielles mais qui pose une critique du système en tant que telle. Crier à la récupération politique pour que la mobilisation ne devienne pas politique en terme de revendications, faire en sorte que la lutte reste sur un terrain syndical et ne converge pas vers d’autres secteurs comme cela s’est exprimé lors du 3 avril, c’est l’objectif principal du gouvernement.

Rien de bien étonnant à ce que le Figaro relaie ce discours, mais ce discours va au-delà d’un simple article et commence à prendre place dans le paysage médiatique. Dans cette bataille idéologique, nous réaffirmons qu’il n’y a pas « d’étudiants pris en otage par des bloqueurs » mais des étudiants qui mettent en place des moyens d’action pour imposer un rapport de force face à un gouvernement qui a décidé de faire passer en force ses attaques pour rendre l’Université de plus en plus sélective et élitiste. Une attaque qui va de pair avec la casse des services publics, des conditions de travail et la tentative de "néo-liberaliser" l’économie. Ces attaques sont de fait politiques, notre réponse doit l’être aussi.


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