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L’attirail du parfait tortionnaire en vente libre

Des instruments de torture exposés au salon Milipol

Du 21 au 24 novembre s’est déroulé à Paris la 20ème édition de Milipol, où les dernières nouveautés en matière de sécurité intérieure des États sont présentées. Si les organisateurs se targuent, selon leur slogan, de « relever le défi d’un monde plus sûr », la découverte, par Amnesty International, d’instruments de torture proposés à la vente fait polémique.

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Un exposant chinois a dû plier bagage cette semaine, sous contrôle d’huissier, suite au signalement d’un enquêteur d’Amnesty International. Et pour cause, l’entreprise proposait à la vente des menottes électriques. Néanmoins, d’autres « professionnels de la sécurité », chinois également, présentaient dans leur catalogue tout l’attirail du parfait tortionnaire : matraques à pointes, entraves diverses, fourches anti-émeutes et gilet délivrant des décharges électriques… Des « articles » des plus illégaux sont proposés à la vente dans ce salon ainsi que des catalogues appelant clairement à la torture. Une incitation que Muriel Kafantis, directrice du salon, ne sanctionne que d’un bref rappel à l’ordre. En effet, voici ce qu’elle a déclaré concernant les entreprises qui proposaient de tels catalogues : « nous les avons sommées de retirer ces catalogues et leur avons envoyé une lettre d’avertissement pour les prévenir que, si elles n’obéissaient pas, leurs stands seraient immédiatement fermés ». Et de rajouter : «  Lorsqu’un exposant s’inscrit, nous lui fournissons un ‘manuel de l’exposant’ dans lequel se trouvent l’ensemble de la législation française et européenne, mais aussi la convention de Genève et le rapport de 2015 d’Amnesty International ». A l’entendre, tout participant à ce salon est donc censé être pleinement conscient de quel type de dispositif (de l’arme pure et simple au dispositif informatique) serait compatible avec la convention de Genève. Rappelons que cette dernière concerne le domaine du droit international humanitaire en période de conflit armé, et prohibe, notamment, la torture, qu’elle soit physique ou morale, sur les prisonniers.

Un texte qui visiblement n’a pas eu grand effet sur les velléités commerciales de ces entreprises chinoises. A ce titre, l’ONG va demander l’ouverture d’une enquête pour comprendre comment ces menottes, en particulier, ont pu franchir les contrôles douaniers et se retrouver à la vente en dépit de la législation qui interdit l’importation et l’exportation d’équipements de torture depuis 2006 au sein de l’Union européenne. D’autre part, leur promotion au sein de ce type d’événement n’est prohibée que depuis très récemment, c’est-à-dire décembre 2016, ce qui en définitive, montre à quel point les États et gouvernements ne sont pas prêts à respecter eux-mêmes cette convention de Genève.

Aymeric Elluin d’Amnesty International s’étonne et s’alarme de cette découverte d’instruments de torture en précisant que « ces objets ne pouvaient que servir à commettre des actes de torture. Les entreprises doivent se poser la question de l’usage final des biens qu’elles produisent ». Mais quand il existe une telle collusion entre des États qui veulent fermer leurs frontières, museler des opposants politiques et un patronat dans le domaine de la sécurité, toujours plus inventif pour répondre à leurs demandes, avec à la clé des sommes faramineuses, il reste peu de place pour les « droits de l’homme » que l’État français est pourtant si prompt à défendre dans ses discours. Cependant, si seuls les instruments de torture semblent choquer Amnesty International et l’opinion publique, c’est tout un salon qui est un consacré à la surveillance électronique, aux armes de forces spéciales, aux véhicules blindés anti-émeutes, etc. Autant d’armes et « d’innovations » qui sont utilisées partout dans le monde contre les mouvements sociaux et les manifestations. Des colonnes de véhicules anti-émeutes roulant de l’Arabie Saoudite au Bahreïn pendant les printemps arabes aux canons à eaux déployés à Hambourg durant le G20 : c’est bien l’existence et la la vente de toutes ces armes qu’il faut dénoncer.


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