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Le droit de chaque bachelier d’accéder aux études supérieures n’est plus garanti en France

Des milliers d’étudiants sans-fac : l’exemple du Mirail

Avis Cunningham En cette rentrée 2015, ce sont au moins 4 000 bacheliers qui se voient refuser l’entrée en licence, d’après des chiffres de l’Union Nationale des Étudiants de France (Unef). Plusieurs centaines à Toulouse se heurtent à une capacité d’accueil des universités de plus en plus limitée. A la faculté du Mirail, un collectif de soutien aux « sans-facs » s’est monté et a recensé près d’une centaine de cas.

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A quelques jours de la rentrée universitaire au Mirail certains ne sont toujours pas inscrits dans la filière de leur choix, bien qu’ils soient passés par les procédures d’admission post-bac dans les temps. Ils se voient aujourd’hui contraints à se rediriger dans une filière qu’ils n’ont pas choisi, ou se heurtent simplement à l’impossibilité de s’inscrire. Les filières seraient surchargées… Un collectif de soutien aux « sans-facs » s’est monté en cette pré-rentrée sur la fac du Mirail, pour recenser les différents cas et lutter contre la contingence à l’Université. Un rassemblement a réuni plus d’une quarantaine de personnes jeudi dernier. Le collectif a pu rencontrer la Vice-Présidente du Conseil de Formation et de Vie Universitaire (CFVU), au Mirail, dans le but de trouver une issue positive pour l’ensemble de ces étudiants. Pour la plupart des « sans-facs » au Mirail, l’administration s’engage à trouver une solution. Ils demandent également la « mise en place de moyens matériels, financiers et humains nécessaires au bon fonctionnement des cours [et] au bon déroulement des études pour chacun-e ».

Nous saluons l’initiative du collectif de soutien aux sans-facs. Dans plusieurs universités de France des initiatives similaires ont pu émerger, et à Nanterre par exemple, a ainsi regroupé plus de 450 cas d’étudiants qui se retrouvent, eux aussi, dans l’incapacité de s’inscrire dans la filière de leur choix. Car il s’agit bien d’un problème à l’échelle national. Isolés, les étudiants ont bien moins de chance de voir leur problème résolu au cas particulier, se heurtant à l’intransigeance de l’administration française. En lançant une dynamique collective pour lutter contre la contingence à l’université il est plus facile de créer un rapport de force, parfois suffisant pour que l’administration accepte de jeter un coup d’œil aux dossiers, et parfois même, pour qu’elle règle les cas. Mais surtout, l’organisation des sans-facs permet de dépasser un rapport individuel aux problèmes d’inscription et de saisir la dynamique globale à l’œuvre dans l’Enseignement Supérieur et la recherche.

L’Université, un droit pour tous ?

Même si le code de l’Éducation prévoit un libre accès pour tous les bacheliers au premier cycle universitaire (entrée en licence), dans les faits, on ne peut plus parler d’un accès à tous pour l’université. Cette réduction des capacités d’accueil touche de plus en plus d’universités françaises. Selon l’Unef, 76% des Universités pratiquent la sélection illégale à l’entrée en licence, que ce soit par le biais d’un tirage au sort à l’entrée, ou par la mise en place de filières sélectives. Ces pratiques sont le résultat de la pénurie budgétaire des universités qui se retrouvent contraintes à réduire leur capacité d’accueil, face à un nombre toujours croissant d’étudiants. Ce désengagement de l’Etat, ou « autonomie budgétaire », contraint les universités à trouver des financements ailleurs… Concrêtement, c’est l’entrée des « personnalités extérieures » dans les Conseils d’Administration, qui sont depuis la loi LRU plus nombreux à siéger que les étudiants ! Et donc, celui le principe de « celui qui paie, commande » c’est la fermeture ou le regroupements des filières « non rentables », la mise au pas du savoir à l’économie capitaliste et concurrentielle. L’accès pour tous les bacheliers à s’inscrire en premier cycle universitaire, et dans la filière de son choix, garantissait au moins en théorie l’accès pour tous à l’enseignement supérieur. Mais l’Université bourgeoise n’est pas un lieu de savoir émancipateur…Et il faut sans cesse réduire le coût et l’offre de formation des universités pour former une main d’œuvre adaptée et bon marché, tout en développant par ailleurs des pôles d’excellence réservés aux plus chanceux, destinés à remplir les fonctions hautes de l’État par exemple.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les problèmes rencontrés par toujours plus d’étudiants pour s’inscrire à la fac. Ce serait une victoire que ces 80 étudiants trouvent une place dans la filière de leur choix cette année au Mirail ! Soutenons-les !


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