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Comment affronter Macron et son gouvernement ?

« Des ordonnances, oui, mais contre la finance ! », le meeting de Ruffin à la Bourse du Travail

A la veille de la rentrée parlementaire, le député LFI François Ruffin et son groupe Fakir donnaient rendez-vous à plusieurs représentants de la gauche radicale et du monde associatif à la Bourse du Travail à Paris. Retour sur le meeting.

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A la veille de la rentrée parlementaire, la Bourse du Travail accueillait dans une ambiance festive un meeting organisée par Fakir et le SNJ-CGT. La fanfare invisible ouvrait le bal pour ensuite laisser l’introduction du meeting au tout nouveau député François Ruffin, soutenu par LFI.
Différents représentants de la gauche radicale étaient présents. Parmi eux, André Chassaigne réélu député et membre du nouveau groupe PCF, Eric Coquerel pour La France Insoumise, ou encore Clémentine Autain, soutenue par LFI et membre d’Ensemble ! Parmi les acteurs du monde syndical et associatif se sont exprimés Emmanuel Vire (Snj-cgt), Jean-Baptiste Eyraud (DAL), Loïc Canitrot (des intermittents précaires), Annie (auxiliaire de vie sociale), Renaud Lambert (Le Monde Diplomatique).

Pour Ruffin : des députés appuyés par les mobilisations pour bousculer Macron

« Des ordonnances, oui, mais contre la finance ! » était l’intitulé du débat organisé par Ruffin. A la veille de la rentrée parlementaire, l’objectif était de réunir la « gauche radicale » afin d’envoyer un signal selon lequel « les urnes et la rue ça marche ensemble », une façon de prendre date en attendant la rentrée. C’est dans une Bourse du Travail comble que plusieurs intervenants ont répondu à la question de comment « bousculer Emmanuel Macron et sa bande ». Le député Insoumis François Ruffin a notamment appuyé sur la nécessité que « l’hémicycle [soit] porté à l’extérieur par la force des gens » pour que cette dernière ait un réel impact. « En minorité à l’Assemblée Nationale », Ruffin a ensuite insisté sur la nécessité « trouver des points d’appui » et notamment que « les insoumis et les communistes » marchent main dans la main. « Nous sommes la gauche, l’adversaire c’est Macron, c’est le gouvernement Philippe, c’est l’oligarchie », a-t-il affirmé.

Manifestation ce 27 juin aux Invalides, ce samedi 1er contre l’état d’urgence

Parmi les organisateurs, Emmanuel Vire du Syndicat National des Journalistes CGT est intervenu en fustigeant notamment l’état d’urgence permanent ainsi que les signaux inquiétants quant à la « liberté de la presse ». Le dernier exemple en date est des plus inquiétants avec le refus de l’AFP de divulguer des éléments sur l’affaire Ferrand. Il a terminé en appelant à la manifestation ce 27 juin aux Invalides contre la loi Travail 2, pour préparer la rentrée. Par la suite, Jean-Baptiste Eyraud du collectif Droit Au Logement est intervenu. Il a appuyé la nécessité de manifester ce samedi contre la loi anti-terroriste en passe d’intégrer dans le droit commun l’état urgence. Il a affirmé que l’objectif de Macron est de bâillonner toujours plus le mouvement social, notamment les quartiers. Il a par ailleurs répété la nécessité du droit au logement pour tous, ainsi que de batailler contre les futures attaques comme la dérégulation des loyers ou la précarisation des contrats de location.

A l’Assemblée faire front commun avec LFI pour André Chassaigne

Alors que les tensions entre le PCF et LFI n’ont cessé de croître pendant les présidentielles et législatives, le dernier épisode en date a été marqué par la constitution de deux groupes parlementaires distincts. Dans une intervention particulièrement remarquée, André Chassaigne a saisi l’opportunité pour baisser le niveau de tension entre les deux organisations. « Au nom des 11 députés du PCF », Chassaigne a annoncé l’engagement de faire « front commun » avec le « groupe des Insoumis ». Les deux groupes se réuniront régulièrement pour se coordonner. Le député PCF a par ailleurs réaffirmé que les insoumis et le PCF étaient des « groupes frères de la gauche radicale ». Pour donner une explication à la constitution d’un groupe PCF indépendant des insoumis, Chassaigne a tenu à affirmer la nécessaire « fidélité » vis-à-vis des députés ultra-marins avec lesquels le Front De Gauche formait déjà un groupe parlementaire.

L’interpellation de Ruffin par Loïc Canitrot : « c’est dans la rue que ça se passe »

La prise de parole de Loïc du Collectif Jolie Môme a tranché singulièrement avec la majorité des interventions. « Je fais partie de ceux qui considèrent qu’il faut plutôt mettre son énergie dans les mobilisations plutôt que dans les élections » a-t-il commencé, en ajoutant que « c’est dans la rue que ça se passe ». « Les mobilisations existent en ce moment, des mobilisations qui ont commencé depuis la veille de l’élection présidentielle, des mobilisations dans toutes les formes, beaucoup d’entreprises en grève », poursuit-il, en posant ainsi la nécessité de la grève et des mobilisations comme moyen de lutte. Reprenant le slogan du Front Social, il continue en affirmant que « c’est dans la rue que ça se gagne », tout en évoquant l’initiative du Front social « qui essaye de fédérer un maximum de luttes ». Pour conclure, Loïc interpelle les députés pour savoir « ce qu’ils vont bien pouvoir faire », les enjoignant notamment à visiter les prisons après avoir évoqué le cas de Jean-Marc Rouillant, condamné à de la prison ferme pour « apologie du terrorisme ».

Des députés porte-voix des luttes

On peut remarquer que contrairement à Mélenchon, pour qui le vote permet « d’économiser des kilomètres de manifestation », Ruffin revendique la nécessité des luttes sociales pour appuyer les urnes et vice versa. Que les urnes, notamment au travers de l’élection de députés, puissent cristalliser un temps le rapport de force et puissent permettre d’être un point d’appui aux luttes est une réalité. Mais pour cela encore faut-il que ces députés défendent une politique qui permette de l’emporter sur le terrain des luttes sociales, qui en dernière instance, sont les seules à même de créer le rapport de force. Pour autant, étant donné que le mot « grève » n’a pas été prononcé par aucun des quatre députés présents ce soir, on ne peut que se demander quel type de lutte sociale est au cœur de leur projet. L’illustration la plus criante est qu’à aucun moment n’a été nommé le Front Social, regroupement à ce stade limité de l’avant-garde, certes, mais qui a été seul à même de proposer un plan de bataille contre Macron et ses ordonnances. Qu’est-ce qu’une lutte sociale pour Ruffin ? Doit-elle s’inscrire dans son mot d’ordre des ordonnances contre la finance ? On peut aussi d’ailleurs aussi s’étonner de l’absence de toute interpellation des directions syndicales qui, à l’heure actuelle, se concertent ouvertement avec Macron et son gouvernement.

Crédits photos : Boris Allin/Hans Lucas pour Les Inrockuptibles


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